Plus de deux ans après leur spectaculaire nul 3-3 durant le Mondial en Russie, l'Espagne et le Portugal se retrouvent mercredi pour un match amical durant lequel la Seleçao de Cristiano Ronaldo mettra la jeune sélection espagnole à rude épreuve. De fait, l'Espagne qui se déplace à Lisbonne n'a rien à voir avec celle qui avait été contrariée le 15 juin 2018 par un triplé de Ronaldo. Seul l'inoxydable Sergio Ramos, recordman du nombre de sélections au sein de la «Roja» (170), le vétéran Sergio Busquets et le gardien David De Gea étaient alignés face aux Portugais à Sotchi. L'Espagne a profondément renouvelé sa sélection après ce Mondial marqué par le limogeage chaotique du sélectionneur Julen Lopetegui juste avant la compétition car il avait accepté de rejoindre le Real Madrid à l'issue du Mondial dans le dos de sa fédération. L'arrivée de Luis Enrique en 2018 a été une bouffée d'air frais pour la «Roja», dont le jeu continue de reposer sur son toucher de balle, le fameux tiki-taka qui l'a menée aux sommets (Mondial-2010, Euro-2008 et 2012), mais avec plus de verticalité. Et le nouveau sélectionneur n'hésite pas par ailleurs à convoquer de nouveaux joueurs à chaque rendez-vous. 50 joueurs en 12 matchs «Celui qui fait des étincelles dans son club rejoindra la sélection» : tel est le mot d'ordre de Luis Enrique, revenu à la tête de la sélection en novembre 2019 après une parenthèse de cinq mois due à la maladie puis la mort de sa fille Xana. Il avait alors été remplacé par son bras droit, Robert Moreno. Luis Enrique n'a pas hésité à appeler jusqu'à 50 joueurs en 12 matchs et l'équipe le fait de nouveau rêver après ses prestations contre l'Allemagne (1-1) et l'Ukraine (4-0), marquées par les éclairs d'Ansu Fati (17 ans) qui incarne la jeunesse et la fraîcheur recherchées par le sélectionneur. «J'ai aimé ce que j'ai vu», s'est félicité vendredi Luis Enrique à propos des matchs de septembre. Si bien qu'il a quasiment aligné la même liste face au Portugal. Eric Garcia, Mikel Merino ou Ferran Torres ont été confirmés tandis que des joueurs emblématiques comme Jordi Alba, Koke ou Saul n'ont pas été rappelés pour affronter le Portugal de Cristiano Ronaldo. A 35 ans, l'étoile portugaise continue, elle, de marquer l'histoire de la Seleçao. Avec 101 buts (en 165 sélections) depuis son doublé contre la Suède (2-0) en septembre, Ronaldo s'approche un peu plus du record mondial de buts en sélection nationale détenu par l'Iranien Ali Daei (109 buts). Constance portugaise Le quintuple Ballon d'Or reste la pièce maîtresse d'une sélection portugaise dont la stabilité est incarnée par son entraîneur Fernando Santos, en poste depuis 2014 et qui égalera face à l'Espagne le record de 74 matchs à la tête du Portugal détenu jusqu'ici par le Brésilien Luiz Felipe Scolari. Pas moins de six Portugais qui ont joué contre la Suède en septembre étaient présents dans le onze de départ contre l'Espagne lors du Mondial-2018. Preuve de la constance d'une sélection qui règne sur l'Europe depuis 2016 et sa victoire contre la France à l'Euro à laquelle s'est ajoutée la première édition de la Ligue des nations en 2019. Seules quatre défaites et sept nuls en 35 matchs jalonnent le parcours des Portugais depuis l'Euro: une claire mise en garde pour leurs voisins espagnols. Le match contre l'Espagne «est très important et nous ne pouvons pas le relativiser» parce que c'est un amical, a assuré jeudi Santos, qui a su intégrer au fur et à mesure les talents émergents. Dans l'ombre de Ronaldo commence à grandir le jeune Joao Félix, arrivé l'an dernier à l'Atlético Madrid pour 126 millions d'euros. En défense, l'expérimenté Pepe est associé au jeune Ruben Dias, pour qui Manchester City vient de débourser 68 millions d'euros. Tous seront à Lisbonne pour affronter l'Espagne, mais Santos a prévenu que, même si «il n'y aura pas d'expérimentations», il choisirait son onze en ayant en tête que, «quatre jours plus tard», un autre match difficile les attend dimanche contre la France, championne du monde, et pour la Ligue des nations cette fois.