Pour certains, le salut du cinéma en Algérie est dans un retour à la gestion du passé du temps où l'Etat s'occupait de tout. Mais aujourd'hui, la situation a changé. Sans l'argent du cinéphile et des financements privés, il est difficile d'arriver, même à long terme, à une véritable industrie cinématographique. Le réalisme l'exige. Le secteur du cinéma en Algérie, dans ses différents domaines et métiers (tout est lié), était dans un état léthargique (bien avant l'apparition de la pandémie de la Covid-19). Tout est pratiquement à l'arrêt : pas (ou peu) de productions, pas de société de distribution, peu de salles... Ceci sans parler de l'absence de sponsors qui (et ils ont raison) ne peuvent financer un domaine perdant et jeter pratiquement l'argent par les fenêtres. Le privé qui, aux Etats-Unis, a créé Hollywood, a aussi un grand rôle à jouer. Le passage d'une activité cinématographique à une véritable industrie passe par la création d'un Centre algérien du cinéma, regroupant toutes les activités de gestion du secteur, a indiqué, dans un entretien à l'APS, Bechri Youcef Sehairi, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Culture et des Arts, chargé de l'industrie cinématographique et de la production culturelle. Youcef Sehairi a ajouté que le projet du Centre algérien du cinéma est «actuellement à l'étude», ajoutant que cet établissement est destiné à «regrouper les activités de gestion de l'industrie cinématographique». La création de ce centre est une étape importante pour la gestion du secteur cinématographique, estime-t-il, jugeant que les missions et prérogatives des entreprises existantes, comme le Centre algérien pour le développement du cinéma (CADC) ou le Centre national du cinéma et de l'audiovisuel (CNCA) se «rejoignent souvent». Sur le plan législatif, le secrétaire d'Etat a évoqué la révision entamée récemment de la loi sur le cinéma et l'audiovisuel estimant que le cadre juridique (actuel) «ne convient plus aux réalités du métier». Il a également rappelé que le ministère de la Culture et des Arts étudie de nombreux dossiers à même de redynamiser l'industrie cinématographique en Algérie et de trouver des solutions aux problèmes et questions soulevés par les professionnels du secteur comme la formation du personnel ou le statut de l'artiste qui vont être «à l'ordre du jour du ministère dans les prochaines semaines». S'agissant des professionnels du septième art, le secrétaire d'Etat a évoqué un prochain accord entre les ministères de la Culture et des Arts et celui des Finances pour émettre une carte professionnelle à l'adresse des techniciens et des professionnels du cinéma afin qu'ils puissent bénéficier «d'une couverture sociale et de facilitation dans les domaines de la production». Concernant la production cinématographique, Youcef Sehairi a insisté sur l'importance «d'ouvrir le champ aux producteurs étrangers» pour faire de l'Algérie une destination de choix des réalisateurs et producteurs, ce qui sera également une occasion de «promouvoir l'image de l'Algérie et son potentiel cinématographique mais aussi pour le transfert des connaissances et expériences dans ce domaine». Sur le dossier (épineux) des salles de cinéma, le secrétaire d'Etat chargé de l'industrie cinématographique et de la production culturelle a indiqué que 81 salles étaient sous tutelle du ministère de la Culture et des Arts, dont 25 ouvertes au public, alors que 251 autres salles appartiennent aux communes. Des réunions entre les deux parties ont abouti à la possibilité de récupération des salles fermées par le ministère de la Culture et des Arts. L'implication des opérateurs privés dans la gestion des salles est également à l'étude. Seule une thérapie de choc pourrait vraiment relancer et redynamiser le secteur du cinéma en Algérie, pour arriver à une véritable industrie réalisant des bénéfices financiers. Kader B.