C'est à partir d'aujourd'hui que les élèves du cycle primaire retrouvent le chemin de l'école, dans des conditions qu'impose l'épidémie de coronavirus. Si les équipes de santé scolaire, renforcées pour l'occasion par 125 autres équipes, sont déjà sur le terrain, à travers les 500 établissements avec une couverture estimée à 90%, le constat qu'elles ont fait est loin de répondre aux exigences du protocole sanitaire. Intervenant lors d'une émission radio, le docteur Boukhari explique que ces équipes sont déjà sur le terrain depuis la reprise des directeurs d'écoles, où un travail d'inspection des lieux révèle plusieurs manquements. «Il faut que nous soyons réalistes. Plusieurs écoles ne disposent pas des conditions d'hygiène : des toilettes dans un état lamentable, manque de femmes de ménage, de gardiens, certaines écoles ne disposent pas encore de gel hydroalcoolique ni de bavettes censés être mis à disposition par les communes. Heureusement, une majorité en dispose. Des décharges sauvages devant les écoles... À Oran, estime le docteur Boukhari, il y a eu un grand relâchement de la part de la population mais pas seulement. « Cela a été constaté même au niveau des équipes médicales où on ne respectait plus les mesures de prévention». L'intervenant a fait savoir que, jusqu'à ce lundi, Oran comptait 54 cas positifs hospitalisés et 6 personnes en soins intensifs. Le protocole sanitaire de la rentrée scolaire prévoit de répartir les élèves en deux groupes, un le matin et un autre l'après-midi. La DSP a prévu des mesures de distanciation au niveau des établissements scolaires. Toutefois, l'intervenant doute que les enfants respectent ces conditions. «Cela fait 8 mois qu'ils ne se sont pas vus. Dans la cour, il est impossible qu'ils puissent respecter ces mesures. Mais les enseignants devront, eux, respecter les mesures de prévention et porter le masque en classe, les enfants n'y sont pas obligés». Une crainte que partage le docteur Boukhari avec le docteur Barhil Kheireddine, médecin coordinateur au niveau de Hassi-Bounif, représentant de la daïra d'Arzew, envers le comportement des parents d'élèves devant les écoles, qui vont s'agglutiner devant les portes. « Imaginez chaque matin entre 100 et 200 enfants déposés par leurs parents ! Nous avons conseillé aux directeurs d'établissements de mettre en place des barrières avant la porte d'entrée de l'école. Les mamans doivent aussi respecter la distanciation entre elles lorsqu'elles déposent leurs enfants ». Pour le docteur Barhil Kheïreddine, « le protocole sanitaire n'aura aucun effet sans la contribution des parents. Ils doivent veiller à l'application des mesures de prévention». Il demande aux parents de garder leur enfant à la maison, dès qu'ils constatent qu'il est malade ou qu'il présente des symptômes, de l'emmener chez le médecin et de le garder confiné dans le cas d'une suspicion. Ceci évitera de contaminer ses enseignants et ses camarades, dit-il. La crise de l'eau que connaissent plusieurs localités de la wilaya d'Oran a été mise en avant par les deux médecins. « Comment voulez-vous appliquer le protocole sanitaire avec cette crise ? Lorsque vous dites à la population, lavez-vous les mains et qu'il n'y a pas d'eau, cela dépasse le secteur de la santé ! » Afin de rassurer les parents qui craignent pour la santé de leurs enfants qui risquent « d'apporter » avec eux le virus de l'école en côtoyant d'autres enfants qui en seraient porteurs, le docteur Boukhari dira : « Nous disposons d'un logiciel qui référencie tous les porteurs du virus. À ce jour, nous avons 6 élèves dont les parents sont positifs et, par conséquent, nous leur avons accordé une éviction scolaire (en cas d'une éventuelle contamination l'enfant doit cesser de fréquenter l'école) durant 24 jours. » Amel Bentolba