Libéré avec plus de 200 terroristes au Mali, début octobre dans le cadre d'une transaction avec les groupes terroristes contre la libération de quatre otages dont une Française et deux Italiens, un terroriste a été arrêté, hier, dans la wilaya de Tlemcen. Le ministère de la Défense accuse des «parties étrangères» d'avoir payé «une rançon conséquente» aux groupes terroristes afin de libérer ces otages. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le fait est assez particulier pour être relevé. Un terroriste dénommé Mustapha Derrar a été arrêté hier à Tlemcen par les services de sécurité. La particularité de cette arrestation est que ce terroriste a été libéré au début du mois d'octobre au Mali dans le cadre d'une transaction officielle avec les groupes terroristes en contrepartie de la libération de quatre otages dont la Française Sophie Pétronin, kidnappée en 2016 et de l'ancien candidat aux élections présidentielles maliennes Soumaïla Cissé. Le ministère de la Défense nationale qui a annoncé cette arrestation, hier, dans un communiqué n'a pas hésité à dénoncer ces négociations, faisant part du paiement d'une rançon «conséquente» aux groupes terroristes dans le cadre de l'accord ; ce qui suppose que les services de sécurité algériens, non seulement connaissent les parties qui ont mené les négociations mais aussi le montant exact de la transaction. «Il est à souligner que ledit criminel a été libéré, suite aux négociations menées par des parties étrangères ayant abouti à conclure un accord, via lequel plus de 200 terroristes ont été libérés et une rançon conséquente a été versée aux groupes terroristes contre la libération de trois otages européens», indique en effet le ministère. Il précise que l'opération a été menée suite à «une surveillance permanente dudit criminel depuis son entrée via les frontières nationales jusqu'à la collecte des renseignements relatifs à ses mouvements suspects». Cela avant de qualifier les pratiques de ces parties étrangères d'«inadmissibles» et «contraires aux résolutions de l'Organisation des Nations-unies incriminant le versement de rançons aux groupes terroristes». Pour le MDN, ces pratiques «entravent les efforts de lutte contre le terrorisme et de tarissement de ses sources de financement». Fait-il allusion à la France qui a accueilli en grande pompe Sophie Pétronin à son arrivée à Paris ? En tout cas, les autorités officielles françaises ont nié avoir versé la moindre rançon aux groupes terroristes et les médias français ont même évoqué «un mécontentement de l'armée française», précisant que l'accord a été négocié par le gouvernement malien. En Algérie, la libération des terroristes au Mali est une source d'inquiétude. Dans un entretien accordé au Soir d'Algérie au lendemain de l'accord ayant abouti à la libération de plus de 200 terroristes, le professeur en relations internationales et spécialiste des questions sécuritaires de la région du Sahel, Djallil Lounnas, a expliqué que cet accord est un «tournant» du moment et que c'est la première fois qu'un tel échange se produit dans l'histoire de la lutte antiterroriste en Afrique du Nord-Sahel. «C'est un risque sécuritaire majeur pour la région», a-t-il soutenu. K. A.