Seul test reconnu fiable dans le dépistage du Covid-19, le PCR est depuis plusieurs mois déjà effectué au niveau des laboratoires privés. Ces derniers ont été autorisés sous certaines conditions à le faire. Plusieurs d'entre eux ne maîtrisent pas parfaitement la technique ou font des erreurs d'interprétation, assurent des médecins qui s'insurgent contre cette situation. Pour le président de la Société algérienne des biologistes de santé publique, le souci du gain ne peut être l'unique motivation des laboratoires. Nawal Imés - Alger (Le Soir) - Débordés et incapables de répondre à toutes les demandes de tests de dépistage du Covid-19, les structures publiques avaient rapidement été saturées, poussant les pouvoirs publics à autoriser les laboratoires privés à proposer le test. Si des conditions avaient été émises pour pouvoir le faire, beaucoup d'entre eux se sont engouffrés dans ce créneau sans pour autant avoir toutes les qualifications. De l'avis même de nombreux médecins ayant demandé à leurs patients d'effectuer un test PCR, c'est la cacophonie au niveau de beaucoup de laboratoires non qualifiés en biologie moléculaire. C'est ainsi que des résultats sont remis sans aucune interprétation ni même une prise en compte des antécédents des patients. Une situation qui n'étonne pas Aït Saïd Abdenour, le président de la Société algérienne des biologistes de santé publique. Il déplore, en effet, que dans beaucoup de laboratoires privés, la déontologie en elle-même n'est pas respectée et que le souci numéro un «dans 80% des cas reste le business». Résultat : les médecins se plaignent de recevoir des résultats attestant que le patient est positif alors qu'il avait présenté des symptômes depuis plusieurs mois ou d'autres négatifs présentant pourtant des symptômes cliniques évidents. Beaucoup de médecins s'interrogent sur les recommandations émises par des laboratoires qui recommandent des PCR de contrôle qui ne sont pourtant pas demandés par les médecins assurant le suivi des patients. Certains laboratoires vont même jusqu'à demander aux patients de faire en même temps le test PCR et celui des antigènes. Poussant un véritable coup de gueule, de nombreux médecins estiment que pour effectuer des tests de cette nature, un minimum de connaissances élémentaires est requis. Si l'aspect technique du PCR peut être rapidement maîtrisé, c'est l'interprétation qui nécessite un minimum d'expertise dans le domaine de la microbiologie médicale. Et c'est visiblement à ce niveau que le problème se pose. Pourtant, au moment où les laboratoires privés avaient été autorisés à effectuer les tests PCR, les équipes techniques de l'Institut Pasteur avaient fait part de leur disposition à accompagner les laboratoires privés pour le démarrage de l'activité, tout en mettant en place une série de critères d'éligibilité à l'opération de dépistage qui sont d'ordre technique, liés principalement aux équipements et aux matériels nécessaires à l'accomplissement des missions de prélèvements et d'analyses biologiques. L'Institut Pasteur avait également dressé une liste qui comprend les réactifs, les équipements, les consommables et les matériels d'hygiène et de sécurité nécessaires à la réussite du diagnostic. N. I.