En effet, tous les pronostics penchent vers la victoire du candidat démocrate Joe Biden, au grand dam de son adversaire républicain, le bruyant Donald Trump. Toutefois, le verdict des urnes ne sera réellement rendu que dans les jours qui viennent. Pour la simple raison que le camp des républicains soutient mordicus que l'issue de l'élection leur revient, autrement il y aurait fraude même s'il est vrai que la course vers la Maison-Blanche s'avère très serrée. Et d'ailleurs, le Président sortant n'hésite pas à monter au créneau à la tête de ses troupes. Sentant sans doute sa déroute et fidèle à son tempérament de feu, il engage très vite les hostilités faisant souffler le chaud et le froid sur ces élections, contrairement à Joe Biden qui veut être rassurant et appelle ses partisans à la sérénité. Ainsi, Trump met sa menace à exécution de recourir à la Cour suprême des Etats-Unis (4 recours) pour contester les résultats dans plusieurs Etats qui pourraient lui échapper, dont la Pennsylvanie, le Nevada ou le Texas où les décomptes des voix sont très serrés. Ses supporteurs vont jusqu'à investir bruyamment la rue, pancartes et banderoles haut levées. Cette stratégie peut-elle être payante ? En tout cas, elle aura réussi à semer le doute et la confusion et donner à ce scrutin présidentiel une image singulière de la démocratie américaine. Allons-nous donc assister à la répétition du même scénario lors de la présidentielle de 2000 qui avait opposé Al Gore au républicain George W. Bush ? En effet, le candidat du parti démocrate était donné largement favori avant d'être rattrapé par les urnes qui seront soumises à une nouvelle opération de comptage qui fera pencher la balance pour Bush. Mais il aura fallu l'intervention de la Cour suprême pour mettre un terme aux recours et aux contestations consécutifs aux décomptes des voix. L'on se demande, dès lors, si Donald Trump, en choisissant l'option de l'offensive contre son rival, croit-il sincèrement qu'il aura gain de cause ? Celui qui est connu par ses frasques légendaires, notamment dans le cas du Covid-19, et ses diatribes contre la Chine, pour lui, la cause de la pandémie, ira jusqu'à faire sortir les Etats-Unis de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) qu'il accuse de complaisance envers ce pays. Fidèle à lui-même, il persiste dans son langage stigmatisant, abusant des réseaux sociaux, Twitter, entre autres, ce qui lui a valu le blocage récurrent de ses post incendiaires. Pis, récemment, l'on apprend que plusieurs chaînes d'info américaines ont coupé l'allocution de Donald Trump pour dénoncer «un tissu de mensonges». Voilà qui est on ne peut plus inédit. À l'inverse, Joe Biden appelle au calme et se dit convaincu qu'il sera le 46e Président des Etats-Unis d'Amérique. Du reste, il veut sortir des sentiers battus de la confrontation stérile voire dangereuse et en invitant tous les Américains à se projeter dans une démarche d'apaisement, voulant être le Président de tous. Il compte – si l'on s'en tient à son programme de campagne – entreprendre lors de son mandat de 4 ans, une politique de «détrumpisation», c'est-à-dire effacer toutes les mesures de son prédécesseur avec le slogan «Buld back better» (reconstruire mieux).Bien qu'il soit considéré comme faisant partie de «l'aile droite» du parti démocrate, Joe Biden promet une politique sociale plus humaine, cadet des soucis de Trump. Il propose le doublement du salaire minimum à 15 dollars au lieu de 6,5 de l'heure actuellement ; une hausse des impôts par la taxation des plus riches et consacrer l'argent recueilli au financement du système de santé et de retraite, cher à Barack Obama, dont il était vice-président durant deux mandats. Le natif d'une famille d'Irlandais se pose aussi en écologiste et en fan des énergies renouvelables et exprime sa volonté de réintégrer l'Accord de Paris sur le climat. Enfin, Joe Biden veut faire oublier les malheurs des Américains ravagés par le coronavirus qui a vu Donald Trump, lui-même victime du virus, s'en moquer alors que l'épidémie a mis en alerte des millions d'Américains, pour beaucoup livrés à cette calamité. Réintégrer l'Organisation mondiale de la santé réconciliera les Etats-Unis avec l'humilité face aux fléaux qui menacent l'humanité, quel que soit l'endroit de la planète. Il reste que le suspense de cette élection entamée le mardi 3 novembre continuera à alimenter les spéculations et les sorties d'un Président sortant qui aura causé beaucoup de soucis de par le monde. Brahim Taouchichet