Le procès en appel de l'affaire Mahieddine Tahkout se poursuit toujours à la cour d'Alger, avec les plaidoiries des avocats de la défense. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Avant l'entame des plaidoiries hier matin, le juge a appelé le principal accusé, Mahieddine Tahkout et l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia qui suivaient le procès par visioconférence à partir respectivement de Babar (Khenchela) et Abadla (Béchar) où ils sont détenus, pour savoir s'ils pouvaient entendre. Les deux concernés ont confirmé et les plaidoiries pouvaient se poursuivre. Les avocats de la défense qui se sont relayés pour défendre leurs clients ont tenté de prouver leur innocence et demandé l'annulation des peines objet de l'appel et leur acquittement. Le premier à plaider est un membre du collectif de la défense de l'accusée Abderrazak Aïcha, ancienne responsable de la direction de l'Office national des œuvres universitaires (Onou) d'Alger-Ouest, poursuivie pour «abus de fonction» dans une affaire de commande de 80 bus supplémentaires pour le transport universitaire. L'avocat a défendu sa cliente, affirmant que tout ce qu'elle avait fait l'était tout à fait de manière légale et qu'elle avait veillé à l'application du contrat de l'Onou avec la société de Tahkout en respectant les dispositions du cahier des charges. «À Blida aussi, l'on a demandé des bus supplémentaires selon le même cahier des charges. Or, il n'y a que Abderrazak Aïcha qui est poursuivie alors qu'à Blida, personne n'est poursuivi», s'est-il étonné avant de demander l'acquittement de sa cliente. La parole est cédée ensuite aux avocats de Challal Ahmed, ancien gérant de Cima Motors et responsable de la société Avenir Agriculture, poursuivi dans le cadre de l'affaire de l'octroi d'un terrain de 1 100 hectares dans la wilaya de Saïda. L'accusé avait été condamné en première instance à une peine de deux ans de prison dont une année ferme. Ses avocats ont contesté les chefs d'inculpation pour lesquels il est poursuivi avant de demander, eux aussi, son acquittement. «Mon client a eu son contrat de concession en 2016 de manière légale. Le terrain n'était pas arable et il a résilié le contrat. Il n'y rien qui soit puni par la loi dans ce dossier d'autant plus que mon client n'a bénéficié d'aucun avantage ni d'aucune intervention en sa faveur. D'ailleurs, s'il y avait intervention, on ne lui aurait pas donné un terrain non arable», a expliqué l'avocat. Il a précisé que Challal Ahmed n'a jamais bénéficié d'un terrain de 4 000 hectares dans la wilaya d'El Bayadh, une affaire pour laquelle il avait passé 400 jours de détention «injuste», selon la défense. «Il est poursuivi pour abus de fonction alors que dans la loi, cette accusation concerne les agents publics alors que mon client était un employé dans une entreprise privée», a ajouté la défense qui a demandé l'annulation de la peine objet de l'appel et l'acquittement de l'accusé. Le juge donne la parole à présent au collectif de défense de Bilal Tahkout, fils du principal accusé, condamné en première instance par le tribunal de Sidi M'hamed à sept ans de prison ferme assortie d'une amende de 8 millions de dinars et la confiscation de tous ses biens. En appel, le procureur général avait requis une peine de 8 ans de prison ferme avec une amende de 8 millions de dinars et la confiscation de ses biens. Ses avocats contestent le bien-fondé des accusations à son encontre, expliquant qu'il était victime du nom qu'il porte «Tahkout». Bilal Tahkout est poursuivi dans le cadre d'une concession agricole de 8 000 hectares dont il avait bénéficié dans la wilaya d'El Bayadh en 2016. Ses avocats ont soutenu que le terrain a été obtenu en toute légalité par la Sarl Agriculture Algérie, que leur mandant n'a bénéficié d'aucune intervention en sa faveur et qu'il n'a aucun adversaire dans le dossier. «Ils disent que le projet n'a pas démarré, or, il existe des dizaines de dossiers de même nature qui n'ont pas démarré dans la wilaya. Pourquoi, il y a uniquement Bilal Tahkout qui est poursuivi. Le dossier est vide. Où est la corruption dans le dossier, où est le trafic d'influence, où sont les avantages... Il n'y rien de pénal dans le dossier, d'ailleurs c'est l'accusé lui-même qui avait demandé la résiliation du contrat», a plaidé sa défense, en demandant sa relaxe. Dans le box des accusés, Bilal Tahkout suivait avec attention les plaidoiries et les arguments de ses avocats, tantôt en secouant la tête, tantôt en souriant et en balayant la salle du regard. K. A.