Douchés mercredi par la Finlande, les Bleus défient ce soir (20h45) à Lisbonne le Portugal de Cristiano Ronaldo, tenant de la Ligue des nations que les coéquipiers de Kylian Mbappé, incertain, espèrent détrôner sept mois avant des retrouvailles épicées en début d'Euro. L'Estádio da Luz, surnommé la «cathédrale» par les supporters de Benfica, sera aussi silencieux que le Stade de France, où l'équipe de France bis a été crucifiée 2-0 par la modeste 55e nation mondiale mercredi en amical. Mais le casting sera radicalement différent et l'enjeu, d'une toute autre dimension: l'éventuel vainqueur de ce choc au sommet du groupe A3 décrochera son billet pour la phase finale («Final 4») de la nouvelle compétition de l'UEFA, dont la première édition avait été remportée par les Portugais en 2019. L'affiche Portugal-France ravive le souvenir de la finale de l'Euro-2016, gagnée 1-0 par la Seleçao en prolongation, mais elle donne aussi un avant-goût de l'alléchant duel programmé entre les deux nations le 23 juin prochain à Budapest au premier tour de l'Euro. Ce soir, dans une ville sous couvre-feu, cette affiche fera-t-elle des étincelles? La terne manche aller (0-0) à Saint-Denis, le mois dernier, invite à la prudence, d'autant que plusieurs cadres de l'équipe de France pourraient manquer à l'appel. L'incertitude porte sur l'état de forme des joueurs du Bayern Munich, Benjamin Pavard, Lucas Hernandez et Corentin Tolisso, ainsi que des Parisiens Presnel Kimpembe et Kylian Mbappé, adversaires lors de la dernière finale de la Ligue des champions en août remportée par les Munichois dans ce même stade. Objectif «Final 4» Ces cinq joueurs, en plus d'Adrien Rabiot, ont fait l'impasse sur la Finlande mercredi, soignant des soucis musculaires pour la plupart d'entre eux. Mais ils ont tous participé à la séance d'entraînement de jeudi, à l'exception notable de Mbappé (cuisse) qui s'est entraîné à part, d'après le quotidien L'Equipe. Pas certain de pouvoir titulariser l'attaquant parisien, Deschamps doit par ailleurs faire sans l'autre co-meilleur buteur du dernier Championnat de France, Wissam Ben Yedder, testé positif au Covid-19 jeudi et donc forfait. Dans le camp d'en face, Fernando Santos peut compter sur son capitaine et quintuple Ballon d'Or Cristiano Ronaldo, ses autres pépites d'attaque Joao Felix, Diogo Jota ou encore Bernardo Silva, mais pas sur le vétéran de la défense centrale Pepe (37 ans), blessé à un pied. «L'objectif sera de se qualifier à nouveau pour le «Final 4» de la Ligue des nations et défendre le trophée remporté l'année dernière (...) mais aussi d'observer quelques joueurs qui ont la qualité pour représenter cette sélection», a souligné le technicien lusitanien après la démonstration 7-0 en amical mercredi contre Andorre. Premiers lauréats de la compétition, les Portugais accèderont de nouveau à la phase finale (demie puis finale) programmée en octobre 2021 s'ils battent les Bleus. Les Français leur chiperont le billet en cas de victoire... en plus d'éviter une seconde défaite d'affilée, une contre-performance inédite pour les Bleus depuis 2015 (Belgique puis Albanie en amical). Dernier scénario possible, un match nul maintiendrait le suspense intact avant l'ultime match mardi de la France contre la Suède et du Portugal en Croatie. «Ne pas s'attarder» Reste à savoir si la «gifle» reçue contre la Finlande dopera la motivation française ou au contraire accroîtra la fébrilité. «Sur ces aspects d'agressivité, de générosité, de solidarité, on a pris une belle leçon, de temps en temps ça ne fait pas de mal si on a oublié des choses basiques. C'est le haut niveau, on ne peut pas s'attarder», a dédramatisé Deschamps, souhaitant arriver à Lisbonne «avec d'autres arguments». Sa dernière visite en 2015 dans la capitale portugaise, en amical au stade José-Alvalade du Sporting, s'était conclue par un coup-franc direct de Matthieu Valbuena en toute fin de rencontre (1-0). Le milieu de l'Olympiakos n'est plus chez les Bleus, à l'inverse du gardien Hugo Lloris et de son vice-capitaine Raphaël Varane. Le portier de Tottenham et le défenseur du Real Madrid signeraient tout de suite pour que l'histoire se répète face au phénomène Ronaldo, déjà neutralisé à l'aller. Mais du haut de ses 102 buts en 168 matchs internationaux, l'attaquant de la Juventus a tout pour enflammer ce choc.