Après les rotations et innovations de l'automne, l'équipe de France s'est remise en mode Coupe du monde 2018 le temps d'un match brillamment remporté au Portugal (1-0). L'esprit, le système et les hommes du Mondial russe étaient là, à quelques exceptions près. Un socle étoilé En septembre et novembre, Didier Deschamps a pris le temps d'élargir sa palette tactique avec deux nouveaux systèmes: le premier avec trois défenseurs centraux plutôt qu'une ligne de quatre, le second avec un milieu en losange animé par Antoine Griezmann. Au gré des absences, sur blessure ou à cause du Covid-19, le sélectionneur en a profité par ailleurs pour voir de nouvelles têtes, comme Eduardo Camavinga et Houssem Aouar. A Lisbonne samedi, c'est pourtant avec le système du Mondial-2018 (une formation en 4-4-2) que les Bleus, avec sept titulaires de la finale russe alignés au coup d'envoi, ont fait plier la Seleçao de Cristiano Ronaldo. Si l'on estime que Mbappé, forfait et remplacé par Kingsley Coman, aurait pu être le huitième, ils n'étaient que trois «nouveaux» à s'incruster dans le paysage. Kimpembe, l'héritier logique Doublure de Samuel Umtiti au Mondial, Presnel Kimpembe a gommé les imperfections aperçues par Deschamps dans les mois qui ont suivi, notamment ses fautes de concentration. Le défenseur central du Paris SG, en balance avec Clément Lenglet pour faire la paire avec Raphaël Varane, a semble-t-il pris une longueur d'avance sur son concurrent du Barça. Pour preuve, c'est lui que le sélectionneur a choisi dans la double confrontation face aux champions d'Europe portugais en Ligue des nations. Au retour, le Parisien de 25 ans s'est montré «sérieux, solide, concentré» comme l'a résumé le quotidien sportif L'Equipe. Les quelques moments de flottements apparus n'ont pas altéré la bonne impression générale laissée par «Presko», auteur d'un sauvetage héroïque devant Ronaldo à l'approche du money-time. Rabiot, l'autre Matuidi C'était l'autre place vacante du onze des Bleus et Adrien Rabiot se l'est adjugée sans contestation cet automne. Avec un Blaise Matuidi éloigné de la sélection depuis son transfert à l'Inter Miami dans un Championnat de second rang, le successeur fut tout trouvé, comme en club à la Juventus Turin, où le volume du «Duc» rappelle celui de «Blaisou», l'aisance technique en plus. «C'est son mérite car il a franchi les paliers. Il est plus consistant dans tout. Dans le volume, l'agressivité, dans les duels, il s'impose», l'a salué Deschamps, dithyrambique sur la chaîne l'Equipe. Rabiot a évoqué au même micro la «détermination et l'envie», sans doute des notions qui ont pesé dans le choix de Deschamps de rappeler le Turinois en septembre. «Je l'ai écarté mais je ne l'ai jamais oublié», a glissé le sélectionneur qui s'est privé de l'ex-Parisien pendant deux ans après son refus d'être réserviste au Mondial-2018. A 25 ans, Rabiot l'a confirmé, il ne «lâchera cette place (en sélection) pour rien au monde», a-t-il lancé sur TF1 dimanche, se disant «meilleur et plus complet». Martial, l'avenir ? Il est difficile de savoir qui d'Anthony Martial ou de Kingsley Coman aurait démarré sur le banc samedi si Mbappé avait pu jouer. Mais le Mancunien, aligné en pointe dans la position habituelle d'Olivier Giroud, qui «traverse une période difficile sur le plan psychologique et physique» selon Deschamps, a forcément gagné des points en novembre. En tout cas plus que Coman, moins étincelant samedi, et plus que l'attaquant de Chelsea, invisible mercredi contre la Finlande (défaite 2-0) et peu en vue sur son quart d'heure de jeu lisboète. Ses quatre énormes occasions, toutes ratées par manque de réussite ou face aux exploits du gardien Rui Patricio, sont aussi inquiétantes — Martial reste bloqué à un seul but en 25 sélections — que prometteuses car «il se les est créées lui-même» et «a fait les bons gestes», selon le sélectionneur, «malheureux» pour son attaquant. Comme Rabiot, Martial est revenu chez les Bleus cet automne pour la première fois depuis 2018, et lui aussi a séduit.