L'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Boumerdès (43 sièges), dominée par des élus issus du MPA (8 sièges dont la présidence), le FLN et le RND (9 sièges chacun), le FFS et l'ANR, (6 sièges chacun) et El Moustakbel 5 élus, s'est mise en marge des activités socio-politiques de la région. Cette mise à l'écart date d'avant le Hirak. Pour les observateurs locaux, l'explication par la pandémie du coronavirus n'a pas sa raison d'être puisque le Conseil (exécutif) de wilaya se réunit régulièrement. Quant aux partis politiques dont sont issus ces 43 élus, ils ne montrent aucun intérêt à ce que font leurs représentants qui ont délaissé cette institution politique régionale importante. Elle est, en effet, le trait d'union entre les grandes institutions de l'Etat et la population. Pour sa part, une minorité de membres de l'Assemblée se dit outrée par la léthargie qui frappe leur instance. L'un d'eux se confie à nous : «Au moment où notre Assemblée est appelée à être présente sur le terrain aux côtés de nos concitoyens qui font face à la pandémie et à la crise économique, suivre sur le terrain les décisions prises par l'administration pour juguler la contamination et apporter notre soutien aux corps médical et paramédical, nous sommes totalement marginalisés», proteste-t-il. En matière d'activités socio-économiques de la région, notre interlocuteur affirme avec force que l'APW de Boumerdès aligne, depuis les élections de 2017, un bilan quasiment nul. Pour preuve, il assène «c'est scandaleux. Il y a 12 membres de l'exécutif qui sont grassement payés mais ne font absolument rien. Depuis notre arrivée en 2017, seuls 3 dossiers ont été étudiés, mais personne ne sait ce qu'il est advenu de nos délibérations». Les ouvertures du code de wilaya non exploitées Il y a lieu de rappeler que l'article 14 du code de wilaya donne droit à l'APW de se réunir 4 fois dans l'année en sessions ordinaires de 15 jours chacune et éventuellement en session extraordinaire à la demande de son président ou du 1/3 des élus. Cependant, ces sessions sont préparées par le travail de fond qu'effectuent les commissions permanentes qui élaborent les rapports précédant les délibérations. « Les commissions sont totalement mises entre parenthèses», précise l'élu. Les commissions sont actuellement gelées illégalement. Cette défaillance incombe entièrement au président et son bureau qui laissent l'administration faire ce que bon lui semble. En effet, depuis son entrée en fonction en 2017, l'Assemblée s'est réunie juste pour expédier les BS (budget supplémentaire) ou les BP (budget primitif). Elle a voté à la vitesse grand V les budgets. Pourquoi,dès lors, elle ne se réunit pas pour étudier les problèmes des citoyens ? Les responsables et les élus de cette APW maîtrisent-ils la notion de partenariat avec l'administration ? «Sûrement pas. Certains, non politisés donc incompétents, ont concouru avec l'assentiment de leur parti politique juste pour grimper dans l'échelle sociale ou régler leurs affaires et celles de leurs amis et parents», rétorque l'observateur cité plus haut. Le code de wilaya particulièrement dans son article 77 et d'autres lui offre de larges possibilités pour se pencher sur tous les problèmes qui touchent la population et élaborer en conséquence des programmes de développement. Elle a le droit d'instituer une commission ad hoc (article 33) si un problème est spécifique. Le code de la wilaya lui ouvre par le biais de l'article 35 le droit de mettre en marche une ou plusieurs commissions d'enquête. Laxisme sur la mission de contrôle En matière de contrôle, les sujets sont nombreux : la santé, les destructions des terres agricoles, les graves problèmes sur environnement, les attributions opaques du foncier industriel touristique et urbanisable, les violations des lois et règlement sur l'urbanisme, le retard de certains projets,... À titre d'exemple, aucun élu n'a dénoncé la vente illégale par un ancien wali d'un terrain agricole dans la commune de Ouled Moussa et qui a, récemment, défrayé la chronique judiciaire. Par ailleurs, pour l'anecdote, certains walis qui sont passés par cette wilaya ont actuellement des problèmes avec la justice.« C'est le résultat du laxisme des élus APW/APN qui ont abandonné leur droit de contrôle sur la gestion des biens de la collectivité», pense l'élu cité plus haut. Nos tentatives de joindre par mobile et SMS le président de l'Assemblée, Azzedine Gana, pour recueillir son avis sur ce qui est écrit sont restées, malheureusement, sans réponse. Abachi L.