Les champions d'Afrique 2019 défendront leur titre en 2022 lors de la CAN du Cameroun. Au bout de quatre journées étalées sur une année (novembre 2019-novembre 2020), Belmadi et ses troupes ont affirmé leur suprématie sur le groupe H où seuls les Warriors du Zimbabwe ont su comment leur arracher un point. Parcours presque sans faute des Verts dans ces éliminatoires allongées de la Coupe d'Afrique des nations dont la phase finale, prévue initialement l'année prochaine au Cameroun, se tiendra en hiver de l'an 2022. En quatre confrontations, les Algériens ont pris 10 points récoltés après trois succès (Zambie, Botswana et Zimbabwe) et un nul face aux mêmes Zimbabwéens, lundi à Harare. Un bilan qui fait ressortir également la puissance offensive de l'attaque emmenée par Riyad Mahrez (11 réalisations dont trois loin du pays). Le sociétaire de ManCity qui a signé lundi au HNS son 18e but personnel sous le maillot de la sélection algérienne qu'il a rejointe en mai 2014 occupe actuellement la seconde place des meilleurs buteurs de l'équipe en compagnie de Belaïli avec deux réalisations, juste derrière Baghdad Bounedjah (3 buts dont un doublé contre la Zambie à Blida). Bensebaïni, Soudani, Delort et Feghouli sont les autres réalisateurs de cette formation algérienne qui a concédé trois buts face au même adversaire (Zimbabwe). Si la production offensive de la sélection est tout ce qu'il y a de remarquable d'autant plus que les auteurs sont à 95% des joueurs à vocation offensive, les inquiétudes défensives qu'on pensait révolues ont ré-émergé à l'occasion des matchs qui ont suivi le long arrêt induit par la crise sanitaire du coronavirus. En effet, en quatre sorties (deux amicales en octobre et deux ce mois-ci à caractère officiel), l'EN a encaissé cinq buts (deux contre le Mexique et trois face au Zimbabwe), soit autant que durant tout le tournoi africain d'Egypte (deux buts en 7 matchs) et les deux rencontres de préparation au Qatar (face au Burundi 1-1 et le Mali 3-2) réunis (9 matchs au total). La défection momentanée de Djamel Benlamri, Zeffane et Atal ne peut tout expliquer tellement Belmadi s'est appuyé sur des éléments de substitution (Tahrat et à un degré moindre Helaïmia) qui ont globalement « existé » dans les rouages des Verts. À l'issue de la rencontre contre le Zimbabwe, beaucoup d'observateurs ont mis à l'index la prestation de Raïs M'Bolhi. Certains sites spécialisés se sont amusés à lui donner la plus mauvaise note par les joueurs présents sur le terrain face à l'équipe de Zdravko Logarusic. Ces mêmes observateurs et sites spécialisés feignent ignorer que lors des deux rencontres contre le Zimbabwe (Alger et Harare), M'Bolhi a sauvé pas mal de situations délicates. Ce qui, il est vrai, fait partie intégrante de son métier. Blâmer Mohamed-Réda Helaïmia, débordé par ses vis-à-vis à chaque accélération, n'est pas non plus cette raison sur laquelle repose le problème de l'arrière-garde algérienne. Le souci n'est pas individuel encore moins naturel (chaleur à Harare) mais probablement «structurel», Belmadi ose rarement disposer sa défense autrement qu'avec 4 éléments alignés sous une forme latitude, c'est-à-dire plate, renforcée par la présence d'une sentinelle. La défense pose-t-elle problème ? Et c'est la zone réservée à la sentinelle qui semble poser le plus de problème. La blessure de Guedioura intervenue juste après le match du Botswana, il y a juste un an, a fait désordre au sein de la ligne médiane de l'EN algérienne. Les joueurs qui avaient à charge d'accomplir les missions dévolues à l'actuel milieu d'Al-Gharafa (Abeid et Belkebla, notamment) n'ont pas réussi à s'imprégner du rôle. Et leur liaison avec la paire Feghouli-Bennacer a été difficile à «construire». Question d'impact athlétique peut-être mais pas seulement, Belkebla et/ou Abeid ont confondu entre récupération et relance. Face au Zimbabwe, aussi bien à Alger qu'à Harare, Belmadi a dû changer ses « pistons » (à Alger Abeid et Feghouli ont été remplacés par Guedioura et Zerkane puis, à Harare, le duo Bennacer-Feghouli a été échangé par Abeid et Belkebla). Ce qui veut dire que Belmadi a donné du temps de jeu à tous les milieux qu'il a convoqués pour cette double confrontation. C'est un choix délibéré du driver national qui, conscient que la composante de sa ligne médiane ne peut tenir le coup lors des deux rencontres jouées à 4 jours d'intervalle, a préféré jouer l'alternance, lui qui ne pouvait faire le pari de compter à 100% sur des joueurs soumis à grande charge compétitive au sein de leurs clubs européens. Un turn-over que Belmadi a mis en place durant les deux regroupements tenus, respectivement, en Europe (Autriche et Pays-Bas) et Sidi-Moussa pour lesquels il a choisi le même nombre de joueurs (24). Aussi, sur les 24 sélectionnés 19 ont pris part intégralement ou à une partie des matchs des mois d'octobre et novembre. Le mois dernier durant lequel les Verts ont affronté le Nigeria et le Mexique, cinq joueurs n'ont pas foulé les pelouses des stades de Klagenfurt et de La Haye. Il s'agit de Ferhat et Zeffane, libérés mais pas remplacés suite à des blessures ainsi que Spano-Rahou, Doukha, Zerkane. Les dix-neuf éléments incorporés sont M'Bolhi, Oukidja, Mandi, Helaïmia, Bensebaïni, Farès, Tahrat, Medioub, Guedioura, Bennacer, Feghouli, Brahimi, Benrahma, Mahrez, Bounedjah, Abeid, Belkebla, Boulaya, Delort. Seuls Mandi et Helaïmia avaient disputé l'intégralité des deux tests amicaux. Lors des matchs officiels contre le Zimbabwe, Belmadi, qui avait rappelé Benlamri (absent en octobre faute de club), a « ignoré » cinq joueurs (Doukha, Oukidja, Benayada, Bedrane et Boulaya). Il a utilisé 19 joueurs : M'Bolhi, Helaïmia, Mandi, Tahrat, Benlamri, Bensebaïni, Guedioura, Abeid, Belkebla, Zerkane, Bennacer, Feghouli, Mahrez, Delort, Bounedjah, Ounas, Benrahma, Brahimi et Arribi. M'Bolhi, Mandi, Helaïmia et Bensebaïni ont été les seuls à conserver leurs places durant ces deux confrontations. Tous les autres ont participé de façon temporaire. Certains comme Belkebla, Arribi ou Zerkane à moins d'un quart d'heure. Des changements «inutiles» ? Sur les 190 minutes (et le temps additionnel accordé par le Camerounais Alioum Néant et le Soudanais Mahmood Ismail), Belmadi a opéré 10 changements en cours de matchs. Tous ont eu lieu à partir de la 70'. Soit au moment où l'équipe ressentait une certaine suffisance (le match d'Alger) et de la fatigue (à Alger et surtout à Harare). Et dans les deux situations, ces changements n'ont pas apporté les solutions escomptés par Belmadi. Tellement le bloc algérien ne faisait que reculer et subir pour, pratiquement à chaque fois, se faire rattraper. C'était le cas à La Haye face au Mexique quand, diminués numériquement par l'exclusion de Guedioura, les Verts ont d'abord résisté et surpris les Mexicains par une seconde réalisation, avant de concéder le nul dans les ultimes moments du match. Face au Zimbabwe, lundi à Harare, l'EN a terminé le match à 11 mais a quand même vu son avance au tableau d'affichage annihilée. Des erreurs de placement et de mauvais alignement ont privé l'Algérie de succès incontestables. Bensebaïni a couvert l'attaquant mexicain auteur du but égalisateur puis était «absent» dans la couverture lorsque Dube, qui venait juste de rentrer sur le terrain, reprenait un corner mal négocié par la défense algérienne pour signer l'égalisation du Zimbabwe. A Alger, même si le but de Kadewere semble litigieux (position de hors-jeu), le positionnement de Mohamed-Réda Helaïmia n'était pas exempt de reproche. Il s'agit là de fautes individuelles aux conséquences collectives certaines. La structuration du bloc défensif a besoin de plus de temps pour se renforcer. Améliorer le travail de glissement passe par la réunion de nombreux outils. Le retour de Youcef Atal et l'amélioration de la condition physique de Benlamri ne seront qu'indispensables pour la réussite de ce projet qui demande du temps. Une «denrée» que le sélectionneur des Verts n'avait pas à l'occasion des derniers rassemblements. En Autriche et aux Pays-Bas, des joueurs manquaient à l'appel pour diverses raisons (blessures et Covid-19), «ingrédients» également présents lors du dernier (court) stage organisé au Centre fédéral de Sidi-Moussa. En mars prochain, désormais moins stressés par l'objectif CAN-2022, l'EN sera davantage handicapée par les effets des compétitions éprouvantes de ses «Européens». D'où la nécessité d'injecter du sang neuf avant l'échéance de juin 2021 qui sonnera le lancement des qualifications pour Qatar-2022 et la préparation de la CAN hivernale, en 2022, au Cameroun. Alors jubilons, sans oublier que le plus dur est à venir. M. B.