Face à la recrudescence des cas de contamination au Covid-19, la barre des 900 cas a été franchie et le nombre de décès a grimpé. La situation devient inquiétante et la pression pèse sur le personnel de la santé. 10 000 cas de contamination des professionnels sont enregistrés et 136 décès signalés. Ce rebond de contaminations est constaté depuis 3 semaines et le flux sur les hôpitaux est de plus en plus important. Tous les services Covid-19 affichent complet et les malades placés en soins intensifs sont admis dans des services de soins d'autres pathologies. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - C'est le président du Syndicat national des praticiens de la santé, docteur Lyès Merabet, qui l'assurait hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3. « La lecture épidémiologique fait état d'une vague de contaminations, mais une troisième vague est éventuelle », fait-il savoir. Il fait remarquer, dans ce contexte, que la situation pandémique actuelle était attendue. « Au départ, les dispositions mises en place par les autorités sanitaires donnaient l'impression que la situation pandémique n'allait durer que 3 mois », déplore-t-il. Maintenant, avec la complication de la situation et les risques d'augmentation des décès, le docteur Lyès Merabet préconise « la restauration du confinement et agir en amont afin de briser la chaîne de contaminations », faisant savoir que les mesures barrières ne sont pas respectées et que les citoyens « n'ont pas été au rendez-vous ». Les structures sanitaires, à travers tout le pays, sont saturées, et le personnel sanitaire placé en première ligne est sévèrement affecté, d'où la nécessité de protéger les professionnels. Le président du Syndicat national des praticiens de la santé appelle en urgence à la protection du personnel par des moyens « qui font néanmoins défaut jusqu'à nos jours », avoue-t-il. Et dans le même sens, il regrette le relâchement observé au niveau des responsables quand la situation pandémique avait connu une certaine accalmie. Parmi les moyens auxquels il appelle pour la protection des professionnels, il insiste, en premier lieu, sur le droit au dépistage du personnel en milieu sanitaire, « ce qui n'a pas été fait jusque-là », estime-t-il. Outre la protection des professionnels de santé, l'action doit porter sur l'identification des cas contaminés pour écarter les porteurs sains du circuit d'exercice afin de les soigner et d'éviter la contamination d'autres sujets. Dans ce contexte, il rappelle l'expérience mondiale qui a révélé que la contamination du personnel de la santé est source de propagation du virus en direction des professionnels, des malades et de leurs accompagnateurs ainsi que du grand public. La perspective d'ouverture de nouvelles structures d'accueil de malades atteints de coronavirus est envisageable. le docteur Lyès Merabet admet cette option afin de « juguler les grands malades » qui nécessitent une source d'oxygène, mais il va aussi jusqu'à rappeler que le syndicat avait revendiqué, au cours de la première vague, l'ouverture de grands espaces de soins extrahospitaliers conçus pour le contrôle, le suivi, ainsi que la mobilisation d'équipes médicales pluridisciplinaires. Dans le même cadre, il conteste la dernière directive ministérielle qui appelle à orienter les malades vers les polycliniques face à la saturation des hôpitaux, une instruction qui, selon lui, « pose de sérieux problèmes », car il considère que « ces demi-mesures ne règlent pas les problèmes concrets que pose actuellement la pandémie de Covid-19 en Algérie ». Plus loin, mais cette fois-ci sur un ton plus ferme, il avertit contre la menace de la durée de la pandémie de coronavirus, appelant, dans ce sens, à se projeter vers l'avenir avec une nouvelle stratégie sanitaire basée sur l'ouverture de nouveaux espaces de soins et de confinement, assurer une meilleure stratégie de dépistage, mais surtout veiller à assurer la prise en charge des autres pathologies car pour certaines des plus sévères, elles ne pourront pas être « recalées » au détriment des priorités du Covid-19, citant les cas de diabète, de cancer, des AVC, et de la cardiopathie. A. B.