Les trois frères Kouninef, lourdement condamnés par le tribunal de Sidi-M'hamed pour plusieurs chefs d'inculpation liés à la corruption, devaient comparaître, hier, devant le juge de la première chambre criminelle de la cour d'Alger, avec le gérant de leur groupe CouGC. Mais leur procès en appel a été une nouvelle fois reporté au 16 décembre prochain, à la demande des avocats de la défense. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Poursuivis pour «trafic d'influence», «blanchiment d'argent», «obtention d'indus avantages», «détournement de foncier et de concessions», et «non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics» en plus du «financement occulte de partis politiques», les frères Kouninef, qui ont profité de multiples avantages durant les 20 ans de règne de Bouteflika, ont été condamnés en première instance à de lourdes peines de prison, allant de 12 à 20 ans de prison ferme. Le tribunal de Sidi-M'hamed avait également prononcé la confiscation de tous leurs biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Le procès qui s'est déroulé le mois de septembre dernier a été riche en révélations. Les sommes faramineuses dont ont bénéficié les membres de la famille Kouninef et la manière dont ils avaient remporté les projets qui touchent à plusieurs secteurs d'activité ont été également dévoilées. De même pour les concessions de foncier. L'agent judiciaire du Trésor public a estimé, lors de ce procès, que la valeur des concessions injustifiées accordées aux frères Kouninef s'élève à 75 milliards de dinars, en plus de 186 milliards de dinars de prêts bancaires injustifiés et de 16 milliards de dinars de fonds transférés à l'étranger. Dans ce dossier très lourd de corruption, les deux anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, et plusieurs autres anciens ministres sont cités. Réda Kouninef ne s'est pas démarqué de son amitié avec Saïd Bouteflika, le frère conseiller du Président déchu, mais il a affirmé qu'il n'avait pas profité de cette amitié pour obtenir des projets pour ses sociétés. Au terme du procès, le tribunal de Sidi-M'hamed les avait condamnés à des peines allant de 12 à 20 ans de prison ferme avec la saisie des biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays et des amendes de 8 millions de DA. Le tribunal avait condamné Réda à 16 ans de prison ferme, Tarek-Noah à 15 ans de prison ferme et Abdelkader-Karim à 12 ans de prison ferme. Le gérant du groupe KouGC, dont les frères Kouninef sont les propriétaires, Kaddour Ben Tahar, a, quant à lui, été condamné à 8 ans de prison ferme. Leur sœur Souad-Nour Kouninef (en fuite à l'étranger) a été condamnée à 20 ans de prison ferme, avec la saisie des biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays, et une amende de 8 millions de DA. Le tribunal a ordonné le lancement d'un mandat d'arrêt international contre elle. Les autres personnes impliquées dans l'affaire, essentiellement des cadres des ministères de l'Industrie, de l'Agriculture, des Ressources en eau, de l'Energie et des Télécommunications ainsi que d'autres secteurs où le groupe KouGC a obtenu des marchés, ont été condamnées à des peines allant de 18 mois à 3 ans de prison ferme et des amendes de 200 000 DA à un million de DA. K. A.