Le plus vieux parti de l'opposition commémore aujourd'hui le cinquième anniversaire de la disparition de son chef historique Hocine Aït Ahmed. Durant ces cinq ans, le FFS a traversé de graves crises organiques, émaillées par l'organisation de deux congrès extraordinaires, en plus d'un long conflit sur le siège national du parti à Alger. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Pour commémorer ce cinquième anniversaire du décès du « père spirituel » du parti, la nouvelle direction nationale du FFS a appelé à une cérémonie de recueillement et dépôt de gerbe de fleurs au cimetière du village Ath-Ahmed (Tizi-Ouzou), sur la tombe de «l'homme et militant qui a consacré plus de 70 ans de sa vie à lutter en faveur de la liberté et de la démocratie, sans jamais baisser les bras». Cela fait donc déjà cinq ans que le leader charismatique du FFS repose dans le cimetière de son village natal, laissant son parti fondé en 1963 dans une tourmente qu'il tente de dépasser. Depuis la disparition de Hocine Aït Ahmed, le FFS a été, en effet, contraint de tenir deux congrès extraordinaires, voyant son siège national à Alger fermé pendant presque 18 mois, signe que la crise a été très grave. Aujourd'hui, la nouvelle direction du parti assure que la crise est passée, surtout avec la récupération du siège national et le lancement prochain d'une nouvelle initiative politique, à savoir une convention nationale, pour une sortie de crise du pays. Crise sans précédent «Si l'Hocine est irremplaçable pour le FFS et pour l'Algérie. Afin d'être digne de l'héritage qu'il nous a légué et de la responsabilité que cela incombe, nous œuvrons chaque jour, malgré les difficultés, à défendre ses valeurs et son projet dans la philosophie qui était la sienne : celle d'allier l'éthique de conviction et l'éthique de la responsabilité, et de conjuguer fidélité aux principes et efficacité dans notre action», explique le premier secrétaire du parti, Youcef Aouchiche. Interrogé par nos soins, M. Aouchiche a poursuivi que «comme hier, notre combat aujourd'hui est celui de l'instauration d'un changement démocratique dans le pays. Grâce à l'engagement de nos militants, nous avons réussi à remettre le parti au centre de la scène politique nationale, et nous nous attelons actuellement à œuvrer collectivement à rassembler notre famille politique et organiser notre parti afin qu'il soit ce que Hocine Aït Ahmed et ses compagnons ont voulu en le fondant : un instrument au service des luttes du peuple algérien pour la reconquête de ses droits et permettre la restitution de l'Etat à la Nation» . Le premier secrétaire du FFS, qui doit son statut au dernier congrès extraordinaire du parti du mois de juillet dernier, n'a pas manqué d'exprimer sa satisfaction quant à la fidélité portée par sa formation au projet de son chef historique. Il affirme que «malgré son absence que nous ressentons chaque jour, nous sommes heureux de voir que son projet et ses valeurs sont portés par tous nos compatriotes, sur tout le territoire national, et bien au-delà de notre parti. C'est ce qui nous renforce dans notre détermination et notre conviction d'aller de l'avant». «Des missionnaires au service du pouvoir» Durant ces cinq année, Ali Laskri a marqué le FFS de son empreinte jusqu'à son éviction le mois de juillet dernier, avec l'organisation du congrès extraordinaire. Pour lui, la nouvelle direction a «trahi» le combat de Hocine Aït Ahmed en reniant son projet et ses objectifs. «Hocine Aït Ahmed a tout le temps fait appel à la mobilisation populaire. Son enterrement a été un enterrement populaire national», a-t-il rappelé, soutenant qu'après l'avènement du mouvement populaire, des missionnaires ont été actionnés pour avorter la révolution populaire qu'Aït Ahmed a toujours souhaitée. «Il y a beaucoup de missionnaires-mercenaires-contre-révolutionnaires qui ont agi pour que la révolution ne réussisse pas. Malheureusement, ils ne sont pas dans la fidélité au combat d'Aït Ahmed. Ceux qui ont organisé le congrès extraordinaire du mois de juillet dernier, avec l'aide du pouvoir et du gouvernement, ne peuvent pas être dans les objectifs d'Aït Ahmed ni du projet qu'il défendait depuis le mouvement national et après l'indépendance. Il avait toujours dit non aux coups de force et aujourd'hui, il y a un coup de force contre le FFS», a-t-il encore déclaré au Soir d'Algérie. Notre interlocuteur a déploré le fait que la décision de se retirer du Parlement, «pour qu'il y ait dissolution de l'Assemblée, de tout temps demandée par notre président de son vivant afin qu'il y ait une véritable transition démocratique», n'ait pas été exécutée. Enfonçant le clou, Ali Laskri accuse la nouvelle direction du parti de se mettre au service du pouvoir. «Aujourd'hui, les camarades missionnaires et contre-révolutionnaires, qui ont fermé le siège du parti pendant toute la révolution et qui l'ont repris pendant cette pandémie, ont trahi les objectifs du FFS et le combat de Si El Hocine. De quelle opposition parlent-ils ? L'opposition, c'est se réapproprier la rue et appeler à la mobilisation du peuple pour le départ du système et non de pactiser avec le pouvoir et le régime qui a refusé toute solution depuis 1962», a-t-il appuyé. Rappelant l'échec du consensus national en 2014, à cause «de la trahison du pouvoir», il se demande comment avoir confiance aujourd'hui en lui (le pouvoir). Et d'affirmer que «le FFS a été normalisé et neutralisé à cause de la pandémie. Sans la pandémie, il n'y aurait jamais eu le congrès extraordinaire du mois de juillet. Comme ils ont profité pour neutraliser la révolution, le pouvoir et le système ont profité de la pandémie pour offrir au FFS ce congrès, au même moment où le FLN et le RND ont organisé leur congrès. Ce sont des missionnaires du régime», a-t-il insisté. K. A.