L'édifice réglementaire et structurel a été mis en place pour prendre en charge tous les aspects liés à l'industrie pharmaceutique et donner un nouveau souffle à la production nationale malgré la crise sanitaire. Invité pour la deuxième fois par Hakim Laâlam, Lotfi Benbahmed affirme avoir relevé plusieurs défis en quelques mois. Le ministre de l'Industrie pharmaceutique est revenu sur l'enregistrement des 320 produits qui viennent d'être libérés par l'Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) , suite à la levée des contraintes administratives. Lotfi Benbahmed a annoncé également qu'il «reste encore 400 produits pharmaceutiques qui sont en cours d'enregistrement, car ils demandaient un processus», et ce dernier a bien été mis en place. Il s'agit du cadre juridique qui permet à l'ANPP d'exercer pleinement ses missions relatives à l'enregistrement des médicaments et la fixation de leurs prix de vente, ainsi qu'aux modalités d'homologation des dispositifs médicaux. Ces 320 produits libérés concernent différentes classes thérapeutiques, dont des formes injectables ou sèches et, avec les 400 autres produits qui devraient être mis sur le marché en 2021, la production nationale atteindra les 70% de parts de marché et la facture de l'importation sera certainement allégée. L'invité du «LSA Direct» abordera sans attendre la question de la fameuse attestation de régulation, dont la mise en application avait suscité de vives réactions. En effet, depuis le 27 septembre dernier, les opérateurs économiques sont dans l'obligation de présenter une attestation de régulation délivrée par les services du ministère de l'Industrie pharmaceutique, lors de leur dépôt de dossiers de pré-domiciliation bancaire destinés à l'importation des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux. Pour Lotfi Benbahmed, «c'est un moyen de vérifier les prix des entrants et mettre un terme aux surfacturations concernant les structures de productions locales, et même pour les importations». Le ministre ajoutera que «notre mission n'est pas de traquer les fraudeurs mais de lutter contre les surfacturations, protéger la production nationale et éviter les surstocks». Il a révélé par la même occasion que les «ruptures de médicaments, observées généralement concernent les produits les moins chers». Donc avec la traçabilité, les stocks, les programmes d'importations et les programmes de production, son département pourra anticiper et contrôler les stocks de médicaments, afin «d'éviter l'importation anarchique observée dans la circulation des médicaments arrivés à expiration ou stockés, au lieu d'être détruits et répondre efficacement à la demande» affirmera-t-il. Fin 2021, zéro papier Interrogé sur la question de l'informatisation et du portail web proposé par l'OMS en 2017 pour assurer la traçabilité de toutes les factures d'importations ou de productions locales, Lotfi Benbahmed avoua «que ce projet n'a pas été mis en place à l'époque». Mais la jeune équipe qui constitue désormais le département de l'industrie pharmaceutique a fait de la numérisation un challenge. D'ailleurs, l'invité dira que «vers la fin 2021, on doit arriver à zéro papier». Pour ce qui est des nouveaux cahiers des charges pour l'importation, la production et la distribution des médicaments, ils ont été élaborés par le ministère de l'Industrie pharmaceutique pour assurer la régulation du marché national. Lotfi Benbahmed annoncera que «les cahiers des charges seront effectifs la semaine prochaine.» La vaccination se fera en milieu hospitalier Attendu impatiemment par l'ensemble des Algériens, «l'annonce du choix du vaccin contre la Covid-19 sera faite dans les délais», a précisé le ministre de l'Industrie pharmaceutique. Le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus a été instruit «pour choisir le vaccin adéquat anti-Covid-19 et lancer la campagne de vaccination à partir de janvier prochain». Pour cela, le ministère de l'Industrie pharmaceutique a son mot à dire sur le choix et la logistique. Selon Lotfi Benbahmed, «il y a une liste de vaccins soumise et nous sommes en contact avec plusieurs laboratoires». Et d'ajouter : «Nous sommes en phase avancée avec des pays proches», sans toutefois donner plus de détails sur le choix final. Mais «techniquement, les vaccins qui se stockent entre 2° et 8° sont les mieux placés», selon lui avant d'éliminer le vaccin de Sanofi « remis en cause». Pour l'enregistrement de ce futur vaccin, «on a mis en place la législation nécessaire», a expliqué le ministre qui a tenu à rassurer en disant que «la mise en place de l'enregistrement sera rapide pour ce futur vaccin et le jour où on choisira le vaccin, l'ANPP sera au rendez-vous». Il donnera ensuite son avis sur les modalités de la vaccination prévue en janvier 2021, en préconisant : «La vaccination se fera en milieu hospitalier, car il faut un environnement médical et un accompagnement nécessaire qui sera fait.»Avant de poursuivre : «Je pense que ça sera plus logique.» Le défi des réactifs relevé Dans une déclaration faite en novembre dernier, le ministre de l'Industrie pharmaceutique avait annoncé que «l'Algérie se lancera dans la production de réactifs pour PCR», ajoutant que «50 000 tests seront produits par jours». Ceci dans le but d'intensifier le dépistage à travers le territoire national. Qu'en est-il à ce jour ? L'invité du Soir d'Algérie a répondu que la production a bel et bien commencé, et qu' «il y a toute une série de produits qui n'a pas manqué . Le défi test est relevé, et nous avons également relevé le défi des moyens de protection», affirmera-t-il. L'oxygène ne manquera plus Qu'en est-il de la disponibilité de l'oxygène médical, élément indispensable dans le traitement de personnes contaminées au Covid-19 ? Sur ce sujet, le ministre de l'Industrie pharmaceutique, qui avait estimé que «la quantité produite cumulée des trois opérateurs : Linde Gaz, Air Liquide et Calgaz Algérie, qui produisent 320 000 litres d'oxygène chaque jour, offrait une quantité jusque-là satisfaisante», a ajouté que 3 autres producteurs sont entrés en production et que leur produit était sur le marché déjà. «Nous avons 2 autres producteurs en cours d'homologation», a-t-il souligné en réponse à la question de la disponibilité de cette denrée vitale qui se faisait rare dans les hôpitaux et au niveau des structures sanitaires d'accueil des cas sévères contaminés par la Covid-19. Pour l'invité, le défi d'organisation et de logistique est relevé, mais «il faut que le système de stockage au niveau de l'hôpital soit aux normes». Ilhem Tir