Brooklyn et son duo de canonniers Kyrie Irving/Kevin Durant ont envoyé un message à la conférence Est de la NBA en corrigeant Boston vendredi, «Christmas Day» qui a aussi souri aux Lakers de LeBron James ayant remporté leur premier succès contre Dallas. Cueillis à froid mardi en ouverture du Championnat par leurs rivaux «angelenos» des Clippers, les champions en titre ont vite rectifié le tir aux dépens de Dallas (138-113) au Staples Center. Auteur de 22 points (10 passes, 7 rbds), James en a profité pour se hisser à la 2e place des meilleurs marqueurs en matchs de Noël (383 pts en 15 apparitions), juste derrière l'idole défunte des lieux, Kobe Bryant (395 en 16 rencontres). Surtout, avec l'aide de l'autre star Anthony Davis, auteur de 28 points (8 rbds, 5 passes), il a remis sur les bons rails son équipe apparue en rodage jusqu'ici et qui a montré du mieux collectivement, à l'image du banc d'où sont venus pas moins de cinquante points, dont 22 pour le seul Montrezl Harrel. En face, la défense des Mavs a pris l'eau et Luka Doncic, pas encore au meilleur de sa forme (27 pts, 7 passes tout de même), n'a jamais pu réellement peser pour empêcher un deuxième revers d'affilée. Tout va pour le mieux chez les Nets : une deuxième victoire consécutive pour commencer la saison, qui plus est cinglante (123-99) chez un de ses rivaux à l'Est, Boston, au cours de laquelle Irving s'est régalé à être le «Père Fouettard» de son ancienne équipe avec 37 points inscrits (8 passes, 6 rbds), à 7/10 derrière l'arc, battant le record de la spécialité pour un match du 25 décembre. Durant n'a pas été en reste. Il a ajouté 29 points (9/16 aux tirs) confirmant sa montée en puissance après un an et demi sans basket, le temps de se remettre d'une rupture d'un tendon d'Achille. Ses 16 points dans le troisième quart-temps ont permis à son équipe de se détacher. Pour les Celtics, où seul Jaylen Brown a surnagé (27 pts), ce Noël est à oublier puisque quelques heures avant le match, décédait à 88 ans une de leurs légendes K.C. Jones. Deux jours après une entame perdante chez le voisin Orlando (113-107), Miami a cette fois su tenir la distance aux dépens de la Nouvelle-Orléans (111-98). Le Heat, qui avait déjà 13 longueurs d'avance à la pause, a pu compter sur l'adresse de Duncan Robinson (23 pts) auteur comme Irving de sept paniers à longue distance, égalant lui aussi le record en la matière pour un match de Noël. Privé en seconde période de Jimmy Butler, touché à la cheville droite, Miami a laissé New Orleans revenir à cinq longueurs en début de quatrième quart-temps. Mais Bam Adebayo (17 pts) et Goran Dragic (18 pts, 9 passes) ont accéléré pour assurer le succès floridien, face à des Pelicans portés par Zion Williamson et de Brandon Ingram, auteurs de 32 et 28 points. De son côté, Milwaukee a disposé (138-99) d'une inoffensive équipe de Golden State, en s'appuyant sur Khris Middleton et ses 31 points (6/8 derrière l'arc, cinq passes). Giannis Antetokounmpo a été plus discret (15 points, 13 rebonds), ratant encore trop de lancers francs (7/15), lui qui n'est pas parvenu à entrer celui d'une potentielle égalisation à Boston mardi, au cours de l'ouverture soldée par une défaite (122-121). Pour les Warriors, cette deuxième défaite consécutive laisse augurer d'une bien difficile saison, encore sans Klay Thompson (rupture d'un tendon d'Achille). Stephen Curry (19 pts, 6 passes) a été une menace vite étouffée, même si le rookie James Wiseman a encore montré du potentiel (18 pts, 8 rbds). Kevin Durant, Ailier des Nets Brooklyn Le feu retrouvé sous la glace On l'avait laissé un soir de juin 2019 se tenant la jambe, meilleur joueur du monde qu'il était, foudroyé par une rupture d'un tendon d'Achille. Dix-huit mois plus tard, comme si de rien n'était, Kevin Durant réussit un retour impressionnant avec Brooklyn. Contrairement à l'autre star des Nets, Kyrie Irving, capable d'envolées plus ou moins lyriques quand elles ne prêtent pas à la polémique, Durant est un homme de peu de mots. L'ancienne star Charles Barkley, consultant pour la chaîne TNT, en a fait les frais mardi après son probant premier match de saison régulière (22 pts contre Golden State), récoltant un «oui» sec en guise de réponse à une question. Ses acolytes Shaquille O'Neal, Kenny Smith et l'animateur-vedette Earnie Johnson n'ont ensuite pas manqué de se moquer de «l'énergie débordante» de «KD», qui avait juste avant assuré ne ressentir «aucune émotion» pour son retour sur un parquet après 561 jours. Alors que la NBA a quitté depuis deux mois et demi la bulle de Disney World, où elle a fini son dernier championnat, le joueur de 32 ans, qui n'a de toute façon jamais été du genre loquace, semble déterminé à rester dans la sienne. Comme si cela participait à la réussite de son retour au meilleur niveau. «Cela fait peur» Cela ne l'a pas empêché, avant la rencontre face aux Warriors, tout sourire, d'étreindre son ancien coéquipier Stephen Curry, avec lequel il a glané ses deux titres de champion en 2017 et 2018. Un triplé leur tendait les bras l'année suivante, mais face aux Toronto Raptors, lui et le shooteur Klay Thompson (rupture d'un ligament croisé du genou gauche) se sont effondrés en finale. Rêve brisé... Sur quoi Durant, qui a débuté sa carrière au Thunder d'Oklahoma City avec lequel il fut désigné MVP en 2014, a décidé de partir à Brooklyn, le microcosme de la NBA s'interrogeant sur sa capacité à se relever d'une si grave blessure. Un an et demi plus tard, en ayant fait le choix de ne pas précipiter son retour, il est en train de gagner ce pari. Contre son ancien club de Golden State, l'ailier filiforme (2,08 m) a commencé fort en rentrant ses trois premières tentatives. Tir derrière l'arc, dunk après un premier pas très rapide, shoot à mi-distance tout en contrôle malgré une faute qui a transformé l'action à trois points. Toute la panoplie retrouvée de «KD» en somme, comme l'avait constaté son ancien entraîneur Steve Kerr, en l'observant durant la présaison, avant même ce match : «Cela fait peur pour le reste de la ligue... Il a l'air exactement comme avant». «Package incroyable» «Il ressemble à Kevin, il joue comme Kevin, mais je ne veux pas commencer à avoir trop d'attentes, tant qu'il n'a pas accumulé quelques matchs, à en enchaîner trois en quatre soirs. Je ne veux pas que les gens pensent qu'il va être extraordinaire tous les soirs», a pour sa part tempéré son nouveau coach Steve Nash, saluant «son travail acharné et sa détermination». Vendredi, Durant est encore monté d'un cran sur le parquet de Boston, un des rivaux des Nets dans la conférence Est. Si Kyrie Irving a pris un malin plaisir à martyriser son ex-équipe (37 pts), c'est lui qui a changé le cours du match en réussissant 16 de ses 29 points (à 9/16 aux tirs) dans le troisième quart-temps. Et de grimper au 5e rang des joueurs les plus prolifiques de l'histoire de la ligue lors de rencontres disputées le jour de Noël (299 pts en 10 participations). De quoi un peu plus bluffer son monde, dont son ancien coéquipier Andre Iguodala (Miami) qui s'est fendu d'un oxymore résumant le sentiment général : «Glacial comme l'enfer». «C'est toujours impressionnant à regarder après toutes ces années. Son habileté, sa mobilité, sa stature athlétique; c'est un package incroyable», a déclaré Nash, admiratif à l'issue de la nouvelle démonstration de Durant. Celui-ci, pendant ce temps, usait d'un nouveau monosyllabe pour répondre à un journaliste. «Non», il n'est pas surpris que les automatismes soient si rapidement au point avec Irving.