Si elles semblent emballer les partis de l'ex-Allégeance, d'éventuelles élections législatives anticipées n'intéressent pas tellement des partis qui s'en tiennent encore à un processus constituant, qui permettrait de redonner la parole au peuple à l'occasion d'élections générales réellement transparentes. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Après avoir été mise entre parenthèses pour cause de la maladie et de la longue convalescence du chef de l'Etat qui se poursuit encore en Allemagne, la perspective de la tenue d'élections législatives anticipées a été relancée à la faveur de la sortie de Abdelmadjid Tebboune il y a exactement deux semaines. Evoquant la voie politique tracée pour le pays et qu'il avait annoncée lors de la campagne électorale pour la présidentielle de décembre 2019, le chef de l'Etat a indiqué avoir enjoint à la présidence de la République de coordonner avec la commission chargée de l'élaboration du projet de révision de la loi organique relative au régime électoral, afin que le document en question soit prêt «dans les meilleurs délais, soit dans 10 à 15 jours», en vue de «lancer le processus post-Constitution». «Engouement» chez l'ex-Allégeance Par processus post-Constitution, Tebboune voulait parler d'abord d'élections législatives anticipées, une démarche qui ne semble intéresser que l'ex-Allégeance principalement. Comme au sein du parti du Front de libération nationale où on accorde une importance capitale à cette échéance électorale qui sera l'occasion pour le vieux Front du pouvoir de prouver sa vitalité, lui qui a constitué la cible principale du mouvement populaire du 22 février 2019 qui réclame tout simplement sa mise à l'écart, au même titre que ses pairs parmi les «souteneurs» du pouvoir. D'ailleurs, le chargé de la communication du parti tient à préciser que la date de la tenue du onzième congrès du Front est justement tributaire de «l'évolution de la situation sanitaire du pays et surtout de l'agenda politique». «On ne peut pas se mettre sur le onzième congrès alors que des élections législatives et locales pourraient intervenir entre-temps», soutient Mohammed Ammari qui précise que «tous les efforts sont actuellement concentrés sur la restructuration du parti en vue de se préparer à ces joutes électorales, à l'occasion desquelles le FLN doit conserver son leadership et faire taire les mauvaises langues qui réclament sa mise au placard». Prudence chez les islamistes Le même engouement est perceptible parmi la mouvance islamiste, dont des acteurs clés à l'image du MSP et du FJD amorcent, depuis quelque temps, un divorce en douceur avec les partisans d'une transition démocratique à l'effet de s'inscrire dans le processus constitutionnel. Certes, le MSP invite le pouvoir à adopter le «dialogue et le consensus national pour réunir les conditions nécessaires en vue de la relance d'un processus électoral transparent et équitable» comme l'a souligné son bureau national il y a quelques jours, mais faut-il se remémorer la disponibilité affichée par Abderezzak Makri lors de sa dernière conférence de presse à prendre le train du processus politique du chef de l'Etat. Aussi, au sein du FJD, les préparatifs vont bon train pour ces éventuelles élections législatives anticipées. Le vice-président du parti nous l'avoue, lui qui parle d'une large opération de restructuration du Front, en vue des prochaines échéances électorales. Un «échauffement» qui, cependant, précise Lakhdar Benkhellaf, «ne signifie pas une participation à ces éventuelles législatives anticipées, le dernier mot, ajoutera-t-il, revenant au conseil consultatif national du parti qui tranchera selon les développements intervenus d'ici là». «Pas à l'ordre du jour» pour les démocrates Une «disponibilité» qui n'est pas de mise parmi l'autre camp, celui qui s'en tient encore et toujours au processus constituant. Ainsi, au Rassemblement pour la culture et la démocratie, on affirme clairement que ces élections «ne sont nullement à l'ordre du jour. Nous nous en tenons encore à un processus constituant qui permettra de redonner la parole au peuple, avec tout ce que cela suppose comme refonte de l'architecture institutionnelle», affirme le chargé de la communication au sein du parti progressiste. Pour Athmane Mazouz, «rien ne pourra nous détourner de cet objectif du mouvement populaire du 22 février», ajoutant que le RCD s'inscrit résolument, «en dehors de l'agenda du pouvoir», non sans préciser qu'en dépit de toutes les entraves, le parti connaît une «intense vie organique, avec une opération de structuration et de suivi régulier des structures de base du parti». La même «indifférence» est de mise chez le Front des forces socialistes. Le coordinateur de l'instance présidentielle du vieux Front de l'opposition est catégorique quand il affirme que «les élections ne sont pas à l'ordre du jour du parti». Et à Hakim Bellahcel de nous renvoyer à la déclaration du premier secrétaire national du parti il y a à peine une semaine, quand il déclarait que les élections législatives et locales anticipées auxquelles le chef de l'Etat vient de réitérer son appel, ne constituent nullement des «priorités» pour le doyen des partis de l'opposition. Car, pour Youcef Aouchiche, la priorité au FFS est de «consacrer le changement radical, démocratique et pacifique dans le pays et l'édification d'un Etat et des institutions démocratiques. Nous objectons d'arriver à un consensus le plus large possible autour d'une plateforme et d'une feuille de route, à même de protéger l'Algérie des sérieuses menaces qui la guettent et qui menacent jusqu'à la pérennité de son Etat», a-t-il dit devant les élus locaux du Front la semaine écoulée. M. K.