La deuxième édition des Rencontres internationales du cinéma d'Oran (RIC) se tient jusqu'au 31 décembre sur nos écrans. Diffusés virtuellement en raison de la situation sanitaire, les films participants nous viennent des quatre continents. Placée sous le signe de «Corps en mouvement», «en hommage à tous les soulèvements de l'année 2019», cette deuxième édition d'un festival indépendant misant sur une programmation dense et de qualité se déroule depuis samedi dernier sur la plateforme numérique des RIC. 17 films ont été sélectionnés par la jeune équipe organisatrice, dont une majorité de documentaires et de courts-métrages. Quatre d'entre eux sont sous-titrés en arabe algérien. Argentine, France, Chili, Algérie, Liban, Sahara Occidental, Pérou, Espagne, Italie, Palestine... autant de regards différents mais convergeant vers une relecture cinématographique, éthique et politique du réel. La bande-annonce conçue par Walid Sahraoui donne un aperçu de l'esprit de cette session 2020 : l'idée du mouvement, avec toutes ses ramifications et ses déclinaisons est le dénominateur commun entre ces œuvres. Les RIC se sont donc ouvertes samedi soir avec le court-métrage argentin Caparazones (Coquilles) d'Eduardo Elli qui met en scène le petit Tobias âgé de six ans, qui se voit impliqué malgré lui dans une tentative de putsch militaire alors que l'Argentine vient tout juste de sortir de la dictature des généraux. Le court-métrage est suivi par le documentaire franco-algérien À Mansourah, tu nous as séparés de Dorothée-Myriam Kellou. Cette fille d'émigré revient avec son père dans son village natal, lequel fut, comme beaucoup d'autres, le théâtre d'un épisode atroce de la guerre de libération : les camps de regroupement. Le récit autour de cette blessure collective, d'autant plus présente qu'elle a irrémédiablement bouleversé les structures sociales des régions touchées, se croise avec celui de la cinéaste, venue pour la première fois en visite dans son pays d'origine. La soirée du samedi se clôture avec le court-métrage documentaire péruvien Minka de la memoria de Luis Cintora qui revient en quatre minutes sur le combat de l'Association des parents des personnes enlevées, détenues et disparues du Pérou. On voit ainsi un groupe de femmes âgées organiser une «minka» (un travail communautaire) sur un immense terrain réputé pour avoir englouti des centaines de corps de civils exécutés et enterrés dans des fosses communes durant la dictature militaire. Les Rencontres internationales du cinéma d'Oran se poursuivent jusqu'au 30 décembre ave au programme de ce soir : le court-métrage italien d'animation Framed de Marco Jemolo ; le documentaire Récits du bord des rives de Pauline Laurent Jaballah (France) ; le court-métrage Sweet Dicomfort of Missed Connections du Libanais Hussein Ibrahim ; 3 Stolen Cameras un film collectif réalisé entre la Suède et le Sahara Occidental... À souligner que les séances commencent à 17h30 chaque jour et que les films restent disponibles sur la plateforme des RIC durant 24 heures. Initiées par le collectif Portavoz et l'association Nouveau regard, les Rencontres cinématographiques d'Oran s'inscrivent dans une philosophie de proximité et d'ouverture des accès à l'art aux couches les plus exclues et marginalisées de la société, tout en favorisant la création «de nouveaux espaces d'échanges interculturels». S. H.