La candidature du président de la Fédération algérienne de football (FAF) Kheïreddine Zetchi, aux élections du Conseil de la Fédération internationale (Fifa), le 12 mars prochain au Maroc, n'a pas été validée par le département juridique de l'instance internationale. Deux motifs ont été invoqués pour justifier ce rejet, l'un et l'autre n'ont aucun rapport direct. Et pour cause ! Mardi soir, une source fédérale expliquait que la Fifa a été destinataire (par qui ?) d'un document dans lequel est mentionnée la sanction de Kheireddine Zetchi quand il présidait aux destinées du Paradou. Cette affaire remonte à février 2016 quand, suite à une demande introduite par le PAC, alors en Ligue 2, d'accueillir l'ASO Chlef au stade du 20-Août (Alger) à laquelle la LFP, alors présidée par Mahfoud Kerbadj, n'a pas donné suite confirmant la tenue de ladite rencontre au stade Omar-Benrabah de Dar-el-Beida. A la fin de cette joute remportée par les Pacistes, le président de la formation du quartier de Hydra a répondu aux médias ironiquement en dédiant la victoire à... «Mahfoud Kerbadj et ses amis». Aussitôt dit, aussitôt convié par Hamid Haddadj, alors président de la CD/LFP à une audition à la suite de laquelle, le président du PAC a été suspendu pour «six mois dont trois mois avec sursis» en raison de ses déclarations. La sanction a fait tache d'huile sans qu'elle ait servi, toutefois, à bloquer la candidature de Kheireddine Zetchi à la présidence de la FAF. A l'époque, des observateurs avaient attribué la sanction infligée à Zetchi à l'intention des dirigeants en poste à la Fédération de dissuader le patron de l'Académie du PAC à se présenter aux élections programmées un an plus tard. Sur le document qui circule sur les réseaux sociaux, la Fifa cite cette sanction de la LFP mais en présente une seconde. Bien que le rédacteur du communiqué annonçant la disqualification de Zetchi ne donne pas de détails sur les deux sanctions, il n'en demeure pas moins que les raisons non avouées sont connues de tous. Deux versions, une précision Pour la seconde version, apparue sur le document «top secret» mais qui est parvenue à certains maîtres-chanteurs de la Toile, il est question d'une «altercation» que Zetchi a eu avec le président déchu de la CAF, le bien nommé Ahmad Ahmad. Cette bisbille s'est déroulée deux ans plus tard, précisément au mois de février 2018, en marge du CHAN abrité par le Maroc. Fou furieux du rejet de la candidature du membre du BF/FAF, Bachir Ould Zemirli, au titre de membre du Comex de la Confédération africaine, le président de la FAF est allé faire entendre sa colère dans un face-à-face chaud bouillant avec le président malgache de la CAF. Et pour mieux exprimer son dégoût, Kheireddine Zetchi a annoncé sa démission du Comité d'organisation du CHAN-2018. La CAF, qui avait motivé son rejet de la candidature de Bachir Ould Zemirli par le fait que le dossier ait été déposé «hors délais», a sanctionné Zetchi sans jamais publier la nature et la durée de la suspension de l'Algérien. Trois ans plus tard, presque jour pour jour, la Commission juridique Fifa est saisie par le Sud-Africain Raymond Hack, le président de la Commission de discipline de la CAF, pour contester la candidature de Kheireddine Zetchi au Conseil de l'instance faîtière. Un document qui a mis du temps pour être trouvé, la dernière communication de la Confédération africaine, à propos de la validation des candidatures à toutes les élections (présidence CAF, membres de Comex/CAF et Conseil de la Fifa) remonte au 7 janvier et les «recherches» sur les candidats «en sursis» comme Motsepe et Yahya ont été jugées «infructueuses» alors que celle de Zetchi a abouti à la découverte de cette double sanction, locale et continentale. Une véritable intrigue qui pousse le président de la FAF à mettre en doute les «assertions» du jury disciplinaire de la CAF et de son président sud-africain Raymond Hack également membre du statut du joueur, auteur de la «révélation» faite au Comité de gouvernance et de contrôle de la Fifa présidé par le juge indien Mukul Mudgal et dont l'un de ses membres n'est autre que Fawzi Lekdjaâ, le président de la FRMF qui postule pour le même poste que Zetchi au Conseil de la Fifa. D'ailleurs, Kheireddine Zetchi entend contester son inéligibilité à travers un recours, qu'il compte introduire au niveau du Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne (Suisse), «dans l'objectif d'être réhabilité», affirme une source fédérale. Hier, le président de la FAF a fait une déclaration à la TVWEB de la Fédération dans laquelle il apporte des précisions sur le sujet. Et promet de tout déballer si son dossier n'obtient pas une deuxième chance. La main de Lekdjaâ Pour la précision, M. Zetchi, qui confirme avoir reçu la notification de la part de la Fifa, révèle que le Comité de contrôle de la Fifa lui reproche de ne pas avoir mentionné sur le questionnaire de candidature lesdites sanctions « une sur le plan local, la seconde sur le plan africain », note-t-il. Ce à quoi, le patron de la Fédération algérienne de football apporte un démenti. « J'ai rempli le formulaire de bonne foi. Aujourd'hui, je ne voudrais pas donner plus de détails parce que je vais user de mon droit de recours. Après la décision finale, je pourrais donner plus d'éclaircissements sur ce dossier», a fait savoir Zetchi. Des éclaircissements qui porteraient sur l'implication de certaines parties hostiles à la candidature de Kheireddine Zetchi au poste de membre du Conseil de la Fifa. Ces parties seraient-elles algériennes ? Ou alors s'agit-il de concurrents directs à cette élection ? Pour la première catégorie, des pistes ont été citées mais il serait hasardeux d'impliquer une personne, ou un clan, en particulier, tellement Zetchi, comme tout dirigeant, fait l'objet d'une opposition permanente sur le plan national de la part de ses concurrents ou de simples jaloux. Pour la main de l'étranger, celle de Fawzi Lekdjaâ ne serait pas à écarter tellement le boss de la Fédération royale marocaine n'a jamais caché ses ambitions par rapport aux postes exécutifs à tous les niveaux (Unaf, Uafa, CAF, Fifa) et surtout son hostilité aux Algériens. En 2017, il a bien été derrière le délogement de Mohamed Raouraoua de son statut de membre au Comex de la Confédération. Mais le Marocain n'est pas seul, n'agit pas en solo. Hier, un document audio «circulait» sur les réseaux sociaux et dans lequel la voix du président de la FTF, Wadii Jarii, est reconnue. Jarii discutant avec un membre sortant du Conseil de la Fifa et non moins candidat au même statut pour le prochain mandat, en l'occurrence l'Egyptien Hani Abo Rida qui affichait son hostilité à la candidature de Zetchi. Evoquant le problème de terrain d'entraînement que la FAF n'aurait pas réservé à l'équipe tunisienne des U17 lors du tournoi de l'UNAF qui a vu la qualification des jeunots algériens, le responsable de la FTF prédira que «si Zetchi venait à obtenir 5 voix» dans ladite élection du Conseil de la Fifa, il disparaîtra de la scène (sic). Bien sûr, une telle versatilité s'explique et Zetchi, comme tous les précédents candidats algériens aux postes exécutifs ou techniques dans les instances internationale, continentale et régionale, connaît les tenants et aboutissants. Il n'en demeure pas moins que, pour l'Algérie, les plus vils coups bas ont pour auteurs d'autres Algériens... M. B.