Contre toute attente, la candidature du président de la Fédération algérienne de football (FAF), Kheireddine Zetchi, au poste de membre du conseil de la FIFA (ex-bureau exécutif) a été rejetée, avant-hier soir, par la commission de contrôle de l'instance internationale pour des motifs «absurdes». Selon certains médias, ce rejet est justifié par la suspension de Zetchi en 2016 par la FAF, au niveau local, lorsqu'il était président du Paradou AC (Ligue 1 algérienne). La même source précise que cette décision disproportionnée a été prise suite à «une suspension disciplinaire de six mois, dont trois avec sursis», qui lui a été infligée pour avoir critiqué ouvertement le président de la Ligue de football professionnel de l'époque. Une affaire qui remonte, pour rappel, au temps de l'ancienne FAF, présidée par Mohamed Raouraoua, et la LFP que dirigeait Mahfoud Kerbadj. Avec le rejet de la candidature de Zetchi sur proposition du comité de gouvernance de la CAF, il faut bien le préciser, trois candidats devraient être retenus pour les deux sièges libérés en fin de mandat de quatre ans par le Tunisien Tarek Bouchamaoui et l'Egyptien Hani Abo Rida, qui sont le Marocain Fawzi Lekdjaâ, l'Equato-Guinéen Gustavo Ndong et Abo Rida, ce dernier visant sa propre succession. La candidature de Zetchi semblait pour certains brusque et irréfléchie, pourtant il y avait quelques motifs d'espoir après une campagne menée auprès des 53 fédérations. Il y a aussi ce qu'a réussi le président de la FAF durant son mandat, comme la victoire à la CAN-2019 ou encore l'organisation du CHAN-2022. Seulement voilà, les performances et autres palmarès ne suffisent pas dans un milieu aussi austère où les places valent cher. Les élections du Conseil de la FIFA se dérouleront en marge de l'assemblée générale élective (AGE) de la CAF, le 12 mars 2021 à Rabat (Maroc). Un scénario monté de toutes pièces Kheireddine Zetchi (55 ans), qui a voulu éviter le conseil exécutif de la CAF et ses rouages, voit ainsi les jeux de coulisses de la confédération se retourner contre lui, notamment après sa prise de position et son mécontentement affiché dans la gestion de la Confédération africaine de football, sous l'ère de l'ex-président malgache Ahmad Ahmad, qui a été, pour rappel, épinglé par la FIFA dans des affaires de corruption. Candidat à un poste très disputé de représentant nord-africain au Conseil de la FIFA, Zetchi savait que sa mission n'allait pas être aisée, mais pas au point de voir son dossier saboté de cette façon. En effet, selon une source autorisée, la candidature de Zetchi aurait été écartée à cause d'une autre sanction à son encontre, qui enfreindrait le code d'éthique de la FIFA, critère éliminatoire selon la commission de contrôle dont est membre influent Fawzi Lekjaâ. Cette commission a considéré comme facteur aggravant l'absence «non justifiée» de Zetchi du comité d'organisation du CHAN-2018 qui a eu lieu au Maroc. Le président de la FAF s'était effectivement retiré du comité en question suite à un différend avec les Marocains, ainsi qu'avec le défunt secrétaire général de la CAF, l'Egyptien Amr Fahmy, dans l'affaire du rejet de la candidature du vice-président de la FAF, Bachir Ould Zmirli, à un poste au comité exécutif de la CAF en 2018. Selon la même source, des dirigeants et autres détracteurs de Zetchi en Algérie sont allés dépoussiérer récemment certains dossiers pour les transmettre à la commission de contrôle de la FIFA et les mettre entre les mains de Lekjaâ, afin d'affaiblir la candidature algérienne. A ne rien comprendre ! Outre l'affaiblissement diplomatique sportif algérien en Afrique et l'absence de soutien de la part de l'ancien bureau fédéral, c'est le football algérien qui continue d'encaisser les coups. La FAF introduira un recours Ce qui est sûr pour l'instant, c'est que le président de la FAF va contester son inéligibilité à travers un recours, qu'il compte introduire au niveau du Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne (Suisse), «dans l'objectif d'être réhabilité», soulignent nos sources. Car, même si la dernière sanction invoquée est réelle, elle semble totalement arbitraire pour rejeter la candidature algérienne. «J'ai rempli le formulaire de bonne foi. Aujourd'hui, je ne voudrai pas donner plus de détails, car je veux user de mon droit de recours. Après la décision finale, je vais donner plus d'éclaircissements sur ce dossier», a indiqué Kheireddine Zetchi, hier dans une vidéo diffusée sur le site de la FAF. Il faut avouer qu'un grand travail de lobbying a été effectué ces derniers jours au sein de la CAF, là où l'actuelle direction de la FAF n'a pas fait le poids devant des personnes chevronnées aux jeux de coulisses et autres intermédiaires locaux. Sinon, comment expliquer cet acharnement sur l'Algérie, alors que bien d'autres candidats et des membres des différentes instances de la CAF et de la FIFA traînent des dossiers de corruption et autres affaires, qui salissent bien plus l'image du sport et de l'éthique. L'ex-président de la CAF, Ahmad Ahmad, en sait quelque chose.