Lancement aujourd'hui samedi de la campagne de vaccination anti-Covid-19 à partir de Blida. Les premières doses du vaccin russe Spoutnik V ont été livrées hier à l'Algérie, lui permettant d'entamer in extremis sa campagne deux jours avant la fin de l'échéance officiellement retenue. Sur le terrain, la confusion règne. Les professionnels de la santé n'ont été destinataires ni d'un calendrier clairement défini ni d'échéancier. Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Attendu depuis plusieurs semaines déjà, le vaccin anti-Covid-19 a finalement été livré à l'Algérie hier en fin de journée, soit onze mois, jour pour jour, après l'admission du premier patient atteint de Covid-19 au niveau de l'EPH de Boufarik. Il s'agit d'une partie des 500 000 doses du vaccin russe Spoutnik V que l'Algérie avait commandées. Le reste arrivera «plus tard». Ce matin, la campagne de vaccination sera officiellement lancée à partir de Blida, premier foyer de l'épidémie de coronavirus. Au-delà de la symbolique, la problématique de l'organisation de la campagne de vaccination reste entièrement posée. Et pour cause, sur le terrain, les professionnels de la santé ne savent ni par qui commencer la vaccination ni sur quel échéancier cette dernière s'étalera. Sur le terrain depuis le début de l'épidémie, le Dr Mohamed Yousfi déplore un énième cafouillage en matière de communication. Le président de la Société algérienne d'infectiologie note avec «satisfaction» l'arrivée des premières doses de vaccin, rappelant que peu de pays du même niveau que le nôtre avait réussi à entamer la vaccination, mais se montre très critique en ce qui concerne les conditions dans lesquelles la campagne est entamée. Egalement chef de service des maladies infectieuses au sein de l'EPH de Boufarik qui avait reçu les tout premiers cas de Covid-19, le Dr Yousfi déplore que les professionnels de la santé soient au même niveau d'information que le commun des citoyens. «On note un gros problème au niveau de la communication. En tant que spécialistes, on était déjà perturbés par des contradictions émanant des différents responsables du secteur de la santé, et là encore, les professionnels de la santé prennent connaissance du début de la campagne vaccinale comme le reste des citoyens», regrette notre interlocuteur. Il ajoute qu'«il n'y a aucun calendrier ni échéancier : combien de doses sont-elles arrivées ? Comment les vaccins vont arriver au niveau des structures ? Qui sera vacciné en premier ? On connaît les catégories qui sont prioritaires, mais dans quel ordre cela se fera-t-il ? C'est vrai qu'il y a une circulaire qui a clarifié en théorie les conditions dans lesquelles doit se dérouler la vaccination, mais sur le terrain, il n'y a rien». Le Dr Mohamed Yousfi estime que pour pouvoir informer le citoyen, les professionnels de la santé doivent avoir l'information en temps réel, expliquant qu'«il n'y a pas de problème à dire que certaines choses ne sont pas finalisées et que le calendrier risque de connaître des chamboulements. Cela s'est passé même en Europe, en raison des retards de livraison des vaccins. Tout le monde sait qu'il y a une course effrénée au vaccin». Jeudi, c'est le ministre de la Communication qui annonçait que la réception de cette première cargaison du vaccin se fera au niveau de l'aéroport militaire de Boufarik, et que la campagne de vaccination débutera «symboliquement» aujourd'hui à partir de Blida en présence du Premier ministre, ajoutant que cela concernera en premier les personnels du corps médical, les personnes âgées, les malades chroniques avant d'être élargie aux différentes catégories de la société. Le porte-parole du gouvernement ajoutera que «d'autres cargaisons du vaccin anti-Covid-19 arriveront de Chine, d'Inde et d'autres pays», sans donner de précisions sur la quantité de doses reçues ni quand les prochaines seront réceptionnées. N. I.