Le procès de l'universitaire Saïd Djabelkhir s'ouvre aujourd'hui au tribunal de Sidi-M'hamed. L'islamologue est poursuivi pour «dénigrement du dogme ou des préceptes de l'Islam». Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Spécialiste du soufisme et initiateur du Cercle des lumières pour une pensée libre (CLPL), Djabelkhir comparaît aujourd'hui devant le tribunal de Sidi-M'hamed. Saïd Djabelkhir a fait l'objet d'une plainte déposée par Abderrezak Bouidjra, un professeur à l'Université de Sidi-Bel-Abbès, suite à quatre publications diffusées sur les réseaux sociaux jugées «attentatoires» à l'Islam, selon le plaignant. La procédure a été engagée sur la base de l'article 144 bis 2 du code pénal. «Est puni d'un emprisonnement de trois ans à cinq ans, et d'une amende de cinquante mille à cent mille dinars, ou l'une de ces deux peines seulement, quiconque offense le Prophète et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l'Islam, que ce soit par voie d'écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen», précise cet article. Invité de l'émission «LSA direct», Saïd Djabelkhir a affirmé ne pas connaître Abderrezak Bouidjra et s'est dit étonné de ne pas avoir été convoqué par le magistrat instructeur. L'islamologue a également dénoncé cette procédure et la teneur même de l'article 144 bis 2. «Le problème, c'est que l'article n'est pas explicite. On parle sur quelle base, quelle norme : malékite, achârite ou soufie (qui sont les normes de base dans le discours religieux en Algérie), ou soufie, salafiste ou wahhabite ? C'est ce qui n'est pas clair dans cette loi. Je cite notamment les citations de l'Emir Abdelkader dans son livre El Mawakif, qui contreviennent directement alors au contenu de cette loi», a précisé Saïd Djabelkhir. Pour lui, cette affaire vise à criminaliser «la pensée libre et le débat». Notons que cette affaire a donné lieu à une vague de solidarité en faveur de Saïd Djabelkhir. T. H.