Fier mais discret, avec une modestie à la hauteur de son talent, il présente au public le travail d'une vie consacrée à la sculpture, à la peinture, à la transmission, et la somme de nombreuses rencontres et collaborations avec des figures de l'art. Lui, c'est Ali Boukhalfa, plasticien, enseignant et fervent défenseur de l'esprit créatif et de la fantaisie de l'artiste qui a longtemps évolué en dehors des cercles conventionnels. Après une quarantaine d'années de carrière en tant que sculpteur, artiste-peintre et enseignant, Ali Boukhalfa pose ses toiles à la galerie d'art Diwaniya Art Gallery à la faveur de l'exposition «Jusur», une énième passerelle avec la jeune génération qui revient sur différentes étapes de l'évolution du travail de l'artiste. Animé par l'idée de montrer la diversité du patrimoine culturel algérien dans des œuvres contemporaines et d'intégrer les arts dans une dynamique d'urbanisation, il synthétise également ce que M'hamed Issiakhem (1928-1985) et Jean Dubuffet (1901-1985) avait de mieux à transmettre aux jeunes étudiants. Doué pour le dessin depuis son enfance, encouragé par ses professeurs à intégrer l'Ecole nationale des Beaux-Arts, Ali Boukhalfa, natif d'Alger en 1948, a rejoint les bancs de cet établissement dirigé à l'époque par Bachir Yelles, choisissant de rejoindre l'atelier de M'hamed Issiakhem qui rivalisait avec celui de Choukri Mesli. Il y explore sa passion pour la sculpture et en sort avec un diplôme et le surnom de «Phidias», célèbre sculpteur grec de l'Antiquité. Pour parfaire ses études, il va intégrer l'Ecole des Beaux-Arts à Paris et fait le choix de se spécialiser en sculpture en monuments dans la classe du célèbre César Baldaccini. Etudiant fauché soutenu par quelques amis, il se retrouve, par un heureux hasard, embauché en 1973 par le célèbre sculpteur et artiste-peintre français Jean Dubuffet qui découvre progressivement ses talents. Trois ans dans les ateliers de Jean Dubuffet Dans ces ateliers installés dans un ancien lieu de fabrication d'armement à Paris et entouré de théâtres et autres ateliers d'artistes, Ali Boukhalfa découvre l'intérêt de Jean Dubuffet pour le patrimoine algérien, lui qui a séjourné pendant deux ans à El Ménéa non loin de Ghardaïa, et apprend à travailler la résine, procédé révolutionnaire dans les années 1970, avec d'anciens ouvriers de l'industrie aéronautique. Ali Boukhalfa, qui dit «être né sous une bonne étoile», devient le bras droit de Jean Dubuffet pour qui il réalise d'importantes collections dont l'Arbre de la Chase Manhattan Bank de New York aux Etats-Unis, réalisé en résine, ou l'aménagement de jardins publics aux Pays-Bas.