En progrès par rapport à la saison passée, Manchester United semble encore un peu juste pour disputer le titre à son impressionnant voisin, City, qu'il ira défier chez lui cet après-midi (17h30) lors de la 28e journée de Premier League. Les Red Devils ont semblé un moment en mesure de contester l'ascendant tactique, technique et psychologique du leader. Il y a huit journées, ils étaient en tête avec deux points d'avance sur leur voisin, qui comptait un match en moins. Depuis, les hommes d'Ole Gunnar Solskjaer sont au ralenti, avec deux victoires pour cinq nuls et une défaite humiliante à domicile contre la lanterne rouge Sheffield United. Ils accusent désormais un lourd retard de 14 points sur la tête. Le vice-président du club, Ed Woodward, a eu beau clamer en milieu de semaine que les progrès réalisés par Ole (Gunnar Solskjaer, l'entraîneur) et les joueurs cette saison étaient «évidents» et le rendaient «optimiste», United n'a pas encore la stature pour concurrencer City ni même Liverpool dans une saison «normale» pour les Reds. Certes, il a dix points de plus que la saison dernière au même stade et pointe à la deuxième place au lieu de la cinquième, mais la marche reste bien trop haute pour l'heure. Faible face aux forts L'une des principales raisons qui empêchent d'imaginer Man United conquérir son premier titre depuis 2012 tient à sa faiblesse dans les matchs contre les rivaux directs. Dans un mini-championnat avec City, Liverpool, Leicester, Chelsea, Tottenham et Arsenal, il arriverait bon dernier avec six points en huit matchs disputés et aucune victoire. Peut-être échaudé par le 6-1 encaissé face aux Spurs à Old Trafford dès la troisième journée, il a surtout livré des prestations très frileuses, à l'image du 0-0 récent à Chelsea. Les propos du coach norvégien, qui n'avait eu de cesse de désamorcer tout rêve de titre, même lorsque son équipe était tout en haut du classement, n'ont pas été bien reçus par des supporters qui ne veulent entendre parler de rien d'autre. Ce qui pourrait passer pour de la lucidité a été vu comme un manque criant d'ambition. «Si vous n'avez pas la foi dans le fait que vous pouvez (gagner le titre), il y a de bonnes chances que ça n'arrive pas», avait pesté sur les plateaux télé l'ancienne gloire Roy Keane. «Quand on joue pour Man United et qu'on est tout près du sommet, on doit croire qu'on est capable de gagner le championnat. Sinon, quel est l'intérêt d'être à Man United ? Autant aller dans une équipe de milieu de tableau», avait-il poursuivi. Un effectif encore insuffisant Avec la série décevante en cours, et notamment les trois derniers matches, des 0-0 insipides, certains ont pointé du doigt la gestion de l'effectif par Solskjaer et son absence de rotation à certains postes. Harry Maguire est ainsi le seul joueur de champ de Premier League à avoir disputé toutes les minutes et des joueurs comme Bruno Fernandes ou Marcus Rashford, qui ont joué plus de 90% du temps depuis le début de la saison, semblent tirer la langue. La blessure de Paul Pogba contre Everton au début du mois, alors qu'il avait retrouvé son meilleur niveau pour la première fois depuis bien longtemps, a aussi été très préjudiciable pour les Red Devils. Qualitativement, le onze titulaire de Manchester United devrait pouvoir battre n'importe qui, mais son effectif n'est pas encore tout à fait assez étoffé pour tenir 38 journées (sans compter les coupes nationales ou européennes). Une victoire contre City ne changerait rien à ce constat et pas grand-chose à la course au titre. Mais United va devoir faire preuve de davantage d'audace s'il veut au moins prendre date pour l'avenir.