Un puissant tremblement de terre, de magnitude 5,9 sur l'échelle ouverte de Richter, a frappé la région de Béjaïa, à 1h04, dans la matinée d'avant-hier jeudi. L'épicentre de la secousse tellurique a été localisé à 28 km au nord-est de Cap Carbon, selon un communiqué du Craag. Le séisme a été ressenti à travers plusieurs wilayas de l'est du pays et dans la région de l'Algérois, comme en témoignent de nombreux internautes sur les réseaux sociaux. Le même séisme a été également ressenti dans plusieurs pays du bassin méditerranéen, a-t-on appris. Il faut signaler qu'une première secousse de magnitude 4 degrés sur l'échelle de Richter a été enregistrée le mercredi à 20h38 à 30 km au nord-est de Cap Carbon. Pas moins de 15 répliques de magnitude variant entre 2,9 et 5,1 sur l'échelle de Richter ont été enregistrées après la puissante secousse de la matinée de jeudi au même épicentre localisé au nord-est de Cap Carbon, selon le Craag. Le violent séisme n'a, fort heureusement, pas fait de victimes, selon la Protection civile de Béjaïa. Le premier bilan de ce tremblement de terre fait état de 46 personnes blessées, admises au CHU de Béjaïa, dont 44 ont rejoint la matinée de jeudi leurs domiciles. La Protection civile parle de l'évacuation à la structure de santé de Béjaïa de 4 personnes pour blessures légères et 8 autres sous état de choc. Selon un responsable du CHU, les patients sont pour la majorité des blessés traumatisés, souffrant de plaies frontales au niveau des pieds pour certains, et pour d'autres, dans état de choc émotionnel. Un seul blessé polytraumatisé est enregistré au niveau du CHU. Il s'agit, selon la même source, d'un jeune qui s'est jeté du troisième étage d'un immeuble. S'agissant des dégâts matériels, le même bilan enregistre l'effondrement de trois vieilles bâtisses fort heureusement inhabitées, dans la haute-ville des fissures au niveau de trois bâtisses se trouvant à la cité Seghir, et d'autres dégâts observés sur une dalle d'une habitation à la rue Bouaouina de la même ville de Béjaïa. 17 établissements scolaires et le lycée El Hammadia ont été également durement touchés par le séisme, selon un bilan du département de l'éducation. La Direction de wilaya des affaires religieuses a décidé de son côté de procéder à la fermeture de cinq mosquées se trouvant au niveau de la ville de Béjaïa suite aux dégâts matériels occasionnés à ces lieux de culte par la forte secousse de jeudi. Prévue initialement pour ce dimanche, la reprise des cours universitaires a été reportée au 28 mars prochain par le conseil de direction de l'Université de Béjaïa. Une décision motivée, selon la même direction, par «les conséquences» du séisme qui a secoué la wilaya. De nombreuses salles de cours sont affectées par le tremblement de terre, a-t-on appris. Grosse panique parmi la population La puissante secousse qui a été ressentie à travers toutes les localités de la wilaya a provoqué une panique indescriptible parmi la population locale. Que ce soit à travers la région du Sahel ou la vallée de la Soummam, des familles habitant notamment des immeubles dans les grands centres urbains, ont préféré quitter leurs domiciles. Le même vent de panique s'est emparé de la population du chef-lieu de wilaya, où les familles ont précipitamment quitté leur domicile pour s'installer dans la rue en cette nuit d'horreur. Un climat de psychose s'est installé au niveau du chef-lieu de wilaya où de nombreuses familles n'ont regagné leurs habitations qu'au lever du jour, par peur d'autres secousses. Une commission du CTC à pied d'œuvre pour évaluer les dégâts Une cellule de crise a été aussitôt installée dans la matinée de jeudi par le wali pour évaluer les dégâts occasionnés par le séisme. Une commission du CTC, appuyée par près de 70 ingénieurs experts des différentes structures du CTC des wilayas de Tizi Ouzou et de Bouira est à pied d'œuvre dès la journée de jeudi pour procéder à l'expertise et au classement des habitations et autres infrastructures touchées par le séisme, pour permettre ensuite aux autorités concernées de procéder à une prise en charge des sinistrés, a-t-on appris. Cinq ministres au chevet des sinistrés Une délégation ministérielle s'est déplacée dans la matinée du jeudi à Béjaïa pour s'enquérir des conséquences du puissant tremblement de terre qui a secoué la cité des Hammadites. Accompagnée par le wali de Béjaïa, la délégation composée des ministres de l'Intérieur et des Collectivités locales, des Travaux publics et des Transports, de l'Habitat, de la Santé et de la Solidarité nationale a rendu visite aux blessés admis au CHU de Béjaïa. La délégation ministérielle a également visité les habitations et autres infrastructures gravement touchées par le séisme. Lors de sa visite à Béjaïa, la délégation ministérielle a réitéré l'engagement du gouvernement à prendre « les dispositions nécessaires pour venir en aide aux personnes touchées par le séisme et les assurer d'une totale solidarité de l'Etat algérien. Les autorités et les services techniques concernés sont chargés de faire un inventaire des dégâts occasionnés par le séisme. Le gouvernement suit les opérations étape par étape, et tout sera mis en œuvre pour une rapide prise en charge des sinistrés et permettre un retour à une vie normale dans la région dans les plus brefs délais », ont déclaré en substance les différents membres de la délégation ministérielle en déplacement à Béjaïa. La délégation ministérielle s'est rendue au niveau du lycée El Hammadia gravement touché par le séisme. Sur place, les membres du gouvernement ont instruit les responsables locaux pour mobiliser les moyens appropriés afin d'entamer rapidement les travaux de réfection nécessaires, à même de permettre une reprise des cours dans un délai ne dépassant pas une dizaine de jours aux élèves dans les salles de classe endommagées. Grosse colère de sinistrés devant la délégation officielle Certains sinistrés n'ont pas manqué de déverser leur colère devant la délégation ministérielle qui s'est déplacée dans la matinée pour s'enquérir de leur situation. « Ne croyez pas les responsables locaux, ce sont tous des menteurs ! », a lancé l'un des sinistrés s'adressant aux ministres en visite à Béjaïa. De son côté, le wali de Béjaïa s'est contenté de se défendre, en affirmant que des logements sont disponibles pour procéder au relogement de certaines familles durement affectées, mais ces logements sont dépourvus des commodités comme le gaz, l'électricité et l'eau notamment. En réponse à la déclaration du wali, une femme sinistrée depuis très longtemps à rétorqué : «Je suis prête à rejoindre ce logement même s'il n'y a que les murs.» La Protection civile sur les premières lignes du front Un hommage particulier est rendu aux éléments de la Protection civile de Béjaïa pour les efforts consentis durant ses sorties effectuées pour porter aide et assistance dans les opérations de secours aux personnes en danger. Les secouristes de la Protection civile sont intervenus dès la première secousse qui a durement ébranlé la région de Béjaïa, en procédant à l'évacuation des blessés vers la structure sanitaire de Béjaïa. Les mêmes éléments de la Protection civile ont effectué aussi plusieurs rondes de reconnaissance à travers de nombreux quartiers de la ville de Béjaïa. Outre l'installation de la cellule de crise et de suivi au niveau de la Wilaya sous la présidence du wali, il a été aussi procédé à l'activation du poste de commandement opérationnel au niveau de l'unité principale de la Protection civile du chef-lieu de wilaya pour la direction et l'organisation des opérations sous le commandement du Docs. Il a été aussi enregistré pour les besoins des secours, l'arrivée des détachements de premières interventions, à titre préventif, dépêchés par la Direction générale de la Protection civile à partir des wilayas de Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Tizi-Ouzou, Bouira, et de l'unité nationale du Hamiz, selon un communiqué de la Protection civile de Béjaïa. Il a été procédé pour les besoins des secours à l'affectation des éléments de renfort en compagnie des secouristes locaux au niveau de plusieurs secteurs du vieux bâti de l'ancienne ville, datant de l'ère coloniale. Des secteurs, faut-il le souligner, très vulnérables pour la surveillance et les dispositions de sécurité pour d'éventuelles interventions : les secteurs mis sous surveillance sont, selon le même communiqué de la Protection civile de Béjaïa, le lycée Ibn Sina, le Plateau Amimoune, le quartier Bab-el-Louz et la rue Ahmed-Ougana. Le Centre de coordination opérationnel (CCO) a reçu, depuis la première secousse de jeudi, 780 appels de citoyens en détresse. A. Kersani