Dans la nuit noire de son élimination européenne face à Porto, où Cristiano Ronaldo a semblé éteint, la Juventus a vu briller une nouvelle étoile : Federico Chiesa, qui paraît désormais incarner l'avenir de la «Vieille Dame». Officiellement, l'international italien de 23 ans est toujours un joueur de la Fiorentina, prêté pour deux saisons aux Bianconeri avec une obligation de rachat liée à quelques objectifs sportifs en voie d'être déjà atteints. Mais après quelques mois d'acclimatation, la recrue, arrivée à Turin dans les dernières heures du mercato de début de saison (pour une opération totale de quelque 60 millions euros sur plusieurs années), a gagné ses galons de «Juventino». Contre Porto, Chiesa, pour sa première campagne en C1, a tenu à bout de bras la Juve en marquant le but de l'espoir à l'aller chez les Dragons (défaite 2-1 en février), puis en signant un doublé synonyme de prolongation au retour, le 9 mars. Perclus de crampes, il est sorti au cours de la prolongation, assistant depuis le banc au but portugais éliminant la Juve (3-2 a.p.) dès les huitièmes de la C1 pour la seconde année de suite. Après cette déroute, la presse italienne n'a pas été tendre avec Cristiano Ronaldo, l'habituel sauveur, muet contre Porto. Mais elle a encensé le fils de l'ex-international italien Enrico Chiesa, devenu pour beaucoup l'un de ceux sur qui reconstruire la Juve. Doublé à San Siro Il convainc de plus en plus sur le terrain, avec son activité et ses buts, mais aussi en dehors, ayant été l'un des rares joueurs à venir répondre aux critiques devant les caméras le soir de l'élimination. «Chiesa n'a jamais été aussi épanoui qu'avec Andrea Pirlo : il peut devenir l'après-Ronaldo à la Juventus et être l'un des leaders de Mancini» avec l'équipe d'Italie, a estimé la Gazzetta dello Sport. Celui qui fréquente les pelouses de Serie A depuis l'âge de 18 ans (premier match en août 2016, précisément contre la Juventus avec la Viola) a pourtant mis quelques mois à trouver ses marques. Le n° 22 bianconero a d'abord été un peu timide au milieu des stars turinoises et un peu stéréotypé dans ses tentatives de débordement, à droite, puis à gauche, où l'a installé de plus en plus Pirlo. Mais son premier but (en Ligue des c hampions contre Kiev début décembre), puis une prestation quatre étoiles contre Milan (3-1 avec un doublé) début janvier à San Siro, ont clos la période d'acclimatation. Palmarès à écrire Installé à gauche, en pendant de Juan Cuadrado et Dejan Kulusevski à droite, il doit maintenant trouver une régularité. «Je l'ai voulu à la Juve car je connaissais ses qualités. Mais il peut encore progresser beaucoup, il n'a encore rien fait. C'est un prototype de grand champion, mais il doit grandir», assurait Andrea Pirlo après la belle soirée milanaise. Mais outre l'envie de revanche de Ronaldo, la Juve sait qu'elle peut maintenant aussi compter, dans son opération «remontada» en championnat, sur les buts de Chiesa (six en championnat, dix toutes compétitions confondues) et ses passes décisives (sept actuellement, à une longueur des meilleurs passeurs de Serie A, Hakan Calhanoglu, Duvan Zapata et Henrikh Mkhitaryan). «Le scudetto, j'y crois encore», a assuré «Fede» (la foi, en italien) après la sortie de route contre Porto, même si la Juve (3e) est encore loin (dix points) de l'Inter Milan (1er), avant d'accueillir Benevento dimanche (14h GMT) lors de la 28e journée. Venu à Turin pour ouvrir son palmarès, Chiesa a décroché son tout premier titre en janvier avec la Supercoupe d'Italie. Mais il ne compte évidemment pas s'en contenter : une finale de Coupe d'Italie l'attend en mai (contre l'Atalanta Bergame) avant un Euro avec l'Italie où, en l'absence probable de Nicolo Zaniolo (en phase de reprise avec l'AS Roma après une grave blessure à un genou), le couloir droit lui semble promis.