La liste des mécontents dans le secteur de la santé s'allonge. L'Association des établissements hospitaliers privés dénonce l'exclusion du secteur privé du système de santé. Son président évoque une « logique de déni ». En tenant hier sa première assemblée générale, l'association interpelle les pouvoirs publics pour une réelle intégration des structures privées dans les politiques publiques. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Après plusieurs tentatives infructueuses, l'Association des établissements hospitaliers privés a fini par voir le jour. Sa première assemblée générale s'est tenue hier à Alger, l'occasion pour son président de lancer un appel pour une véritable intégration des établissements privés dans le système de santé. Son président considère que les dossiers en suspens sont nombreux, à l'image de la contractualisation, le conventionnement, le système de tarification et la nouvelle loi sanitaire. Pour le Dr Zatout Salah, les établissements privés évoluent actuellement « dans un environnement totalement paradoxal : d'un côté, notre secteur répond à un besoin réel, exprimé par les patients qui ont de plus en plus recours aux EPH, de l'autre, des autorités sanitaires qui semblent ignorer notre existence ». Il parle de « logique de déni » dans un pays qui dispose pourtant de plus de 250 établissements hospitaliers privés, plus de 7 000 lits d'hospitalisation et qui effectuent plus de 50 000 interventions chirurgicales chaque année alors que plus de la moitié des médecins spécialistes exercent dans le privé, l'essentiel des moyens de diagnostic se trouve dans le secteur du privé, notamment l'imagerie. Ce que déplore le président de l'association, c'est également un cadre juridique » aujourd'hui totalement dépassé » qui ne permet plus d'optimiser la contribution des établissements privés dans le système sanitaire. Il en veut pour preuve une loi sanitaire qui évoque un système de santé articulé autour des établissements de santé publics et privés mais qui a, dit-il, « vite montré ses limites en déclarant que la mission de service public confiée aux structures privées l'était à titre temporaire et occasionnel », puisque, estime le Dr Zatout, « le secteur privé est déclaré partenaire mais rien n'est fait pour l'intégrer ou lui permettre d'intégrer réellement les programmes et les plans nationaux de santé ». C'est tout simplement d'exclusion que se plaignent les gestionnaires des établissements privés et de leur totale absence de la carte sanitaire. Pourtant, ajoute le président de l'association, « le système de santé publique a de plus en plus de difficultés à faire face à la demande croissante de la population en matière de soins et cette situation ira en s'aggravant ». C'est dans ce contexte qu'est intervenue l'assemblée générale de l'association née en 2018 et dont la création émane « du besoin et de la détermination à mettre en commun les connaissances et les activités et de mutualiser concrètement les revendications ». Il s'agit surtout de fédérer les différents acteurs de structures qui « jusque-là fonctionnaient dans un contexte nationale sans coordination, très souvent livrées à elles-mêmes, dispersées, incohérentes dans leurs démarches », alors que « les problèmes récurrents auxquels sont confrontés ces établissements imposent concertation et approche globale ». À l'issue de cette assemblée, plusieurs commissions ont été installées pour ouvrir le débat sur les questions liées à la contractualisation, la tarification, la problématique de l'approvisionnement des cliniques privées mais également celles liées à l'éthique. N. I.