Les temps changent ! Ce qui a disparu pendant quelques années revient à la mode. La menthe qui embaumait les balcons aux côtés du basilic reprend sa place. La volonté d'avoir des plantes aromatiques fraîches nécessaires au bon plat est de mise. En plus, le printemps est la période où l'envie d'être jardinier se ravive. « Avec le jasmin, la menthe fait partie des senteurs qui ont marqué mon enfance. Je me souviens que dans la cour de la maison de mon grand-père, il y avait plein de pots qui décoraient les lieux, en même temps, ma mamy y piochait pour planter des herbes aromatiques pour parfumer et relever ses plats », raconte Hadjila, cadre dans une entreprise publique. « Je raconte ce petit souvenir parce qu'il a été le déclencheur pour garnir mon balcon d'un petit garde-manger. Dès que j'ai eu mon appartement AADL, j'ai commencé à acheter des petits pots pour les placer sur mon balcon. Je voulais absolument avoir de la menthe, du thym et du basilic frais bien de chez moi. Avec le temps, je prends de plus en plus de plaisir à en prendre soin.» Hadjila ne s'est pas arrêtée en si bon chemin, elle en a fait des adeptes. « Avec mes amies, je parle très souvent de mes plantes. Outre ces herbes aromatiques, je possède des pots de géranium et quelques plantes d'impatience. Elles sont très populaires et très faciles à faire pousser. Maintenant, la plupart de mes copines ont aussi adopté ce genre de jardinage .» L'une d'elles est allée encore plus loin. Souhila, retraitée, raconte : « Hadjila m'a incitée à développer plus de plantes aromatisées. J'ai un balcon beaucoup plus grand que le sien. Et avec les conseils que j'ai pu trouver sur internet, j'ai développé une multitude de variétés. Je n'ai plus aucun besoin d'en acheter. Par exemple pour les grillades, j'ai du basilic, persil, ciboulette, qui, en plus, a la particularité de faire fuir les pucerons, la coriandre ou l'estragon. Pour les salades, j'ai du thym, romarin, cerfeuil, origan, aneth qui est aussi valable pour le poisson. Et pour les tisanes, j'ai la menthe, verveine, sauge ou la citronnelle. Vous voyez, une véritable pharmacie. Cela me procure une véritable fierté et cela occupe également mes journées. Je suis aussi contente d'avoir un balcon aux senteurs et odeurs de la Méditerranée .» Et si on parlait légumes... À part les plantes aromatisées, il y a des habitants qui ont sauté le pas pour planter des légumes. « Dans mon balcon, j'ai compartimenté l'espace. Il y a les roses, du géranium et quelques autres fleurs, dans un autre coin, j'ai tout ce qui est plantes aromatiques indispensables pour mon bien-être et celui de mes plats. Et depuis peu, je me suis lancée dans la culture des tomates cerises. J'ai été étonnée de constater que cela pouvait être cultivé dans un pot. En plus, c'est vraiment très facile. C'est grâce aux conseils d'un agriculteur très présent sur les réseaux sociaux que je me suis lancée dans la plantation de ces petites tomates très sucrées. Et j'en suis très contente », relève Nawel, femme au foyer. Elle ajoute : « Mon mari, au départ, ne croyait pas vraiment à mes histoires de plantes. Et puis, à force de persévérance, je voulais à tout prix présenter une salade avec mes propres légumes et ma belle menthe.» Nawel ne peut s'arrêter de donner des conseils autour de sa plante « miracle » : « C'est très facile d'en cultiver ! Il suffit de couper une branche, la mettre dans un verre d'eau, et dès qu'elle fait des racines, la planter dans un pot de fleurs. La tomate cerise est facile à préparer et la récolte est souvent abondante. Elle est l'un des fruits/légumes les plus faciles à cultiver car elle pousse rapidement. Ce qui est bien, c'est qu'elle se cultive aussi bien en terre qu'en pot sur balcon ou terrasse et peut être récoltée tout au long de l'été. » Les balcons parfumés contre le béton Tous ces amoureux des plantes ont seulement une petite difficulté ! Celle de trouver du bon terreau. « Vous imaginez, nous sommes dans la Mitidja, et nous sommes arrivés à une époque où il est devenu difficile de trouver de la bonne terre pour ses plantes. Nous devons en commander à gauche et à droite et demander pour nous en procurer », relève Djamel, un amoureux invétéré des plantes, rencontré au Jardin d'Essai. « Je suis ici parce que la plupart de mes amis viennent en chercher dans ce jardin. Il représente une sorte de rempart. Le groupe d'amis auquel j'appartiens est composé essentiellement de passionnés qui font face à l'avancée du béton », résume Djamel, ce jeune cadre dans une entreprise privée. En effet, pour entretenir le basilic et la menthe, il faut du bon terreau, une condition pas si facile à remplir dans un environnement ravagé par le béton, qui laisse de moins en moins de place à la verdure. La quête de la terre fertile est ainsi devenue un vrai casse-tête pour ces planteurs, qui quémandent pour cela l'aide des membres de leurs familles. Les fleuristes et les pépiniéristes sont à la rescousse. « Nous nous organisons pour proposer à nos clients du terreau à bon prix. Il y a aussi des conseils que nous donnons pour le compostage qui permet d'enrichir la terre. Il faut aussi qu'ils fassent la différence entre le terreau et les engrais. C'est tout un monde où il faut être bien conseillé et orienté », souligne Rachid, jeune pépiniériste. Et en termes de conseils, il y a de plus en plus de youtubeurs et d'influenceurs spécialisés qui investissent les réseaux sociaux pour encourager le retour des belles plantes sur les balcons. Un retour vivement apprécié par tous les badauds ! Sarah Raymouche