Toute une variété de plantes est proposée le jour du souk hebdomadaire (samedi) aux habitants d'Arzew et des environs, dont bon nombre ne viennent pas seulement pour les emplettes en fruits et légumes et autre «marché aux puces». Des plantes pour ornementer son balcon et son intérieur, ou son jardin, pour ceux qui disposent d'une maison individuelle. Gitane, géranium, misère, primevère, bégonia, chrysanthème, pétunia, lilas, fougère, pothos, gueule de loup, jasmin, galant de nuit (mesk el lil), rosier, mais aussi différentes plantes grasses, rampantes ou grimpantes, sans oublier les cactus…et autres arbustes décoratifs. La tendance au «vert» prend, chaque semaine, de plus de plus d'ampleur. Et les deux «vendeurs de plantes» - en fait des pépiniéristes - attitrés de ce souk, Senouci, de Aïn Tedeles (wilaya de Mostaganem), et Boubakeur, d'Oran, qui ont, au tout début, ramené 2 ou 3 variétés de plantes, ont fini par se plier à cette tendance et à enrichir leur offre par un parterre florissant pour satisfaire une clientèle de plus en plus nombreuse. Interrogé, Boubakeur reconnaît que «ça marche bien», comparativement à d'autres souks, tels que celui de Gdyel, par exemple, même s'il reste nostalgique de «souk Larabaâ» de Maraval, à Oran (souk qui n'existe plus). «A souk Larabaâ, ça marchait très bien, il y avait des connaisseurs. Ici, les gens commencent à découvrir les plantes…avec les voyages, les films, les documentaires, et même en voyant les tout premiers clients, ils découvrent la culture des plantes», explique-t-il. Une «culture» aux deux sens du terme ! Si avec les quelques «connaisseurs», la discussion tourne autour des origines de la plante, de son feuillage, caduc ou persistant, de son appellation scientifique, etc., avec les novices du végétal, nos deux pépiniéristes conseillent et… enseignent: «Comment s'appelle cette plante ?», «Plante d'intérieur ou d'extérieur ?», «Quand arroser?», «Comment rempoter ?», «Quel type de sol convient à ce type de plante ?», «Fertilisant et insecticide pucerons à utiliser ?», toute une culture ! Certains reviennent, la semaine d'après, se «plaindre» d'une plante qui s'est éteinte ou qui perd ses feuilles ou dont les fleurs se sont fanées…comme en consultation. Et, re-conseils : «Intervalle d'arrosage», «Emplacement plein soleil ou mi-ombre, à l'abri des courants d'air», «Elaguer, pincer», etc. Nos deux pépiniéristes proposent aussi du terreau «fait maison». «Je confectionne moi-même ce terreau et il est naturel. Il ne contient pas d'engrais chimiques», affirme Senouci. Un des clients, rencontré à plusieurs reprises chez ces pépiniéristes, avoue : «Je n'avais pas cette culture des plantes, mais depuis que j'ai acheté ma première plante, je suis devenu accro. Chaque semaine, j'en achète !» Un autre confie, de son côté, que cette passion subite pour les plantes l'occupe et lui procure beaucoup de plaisir. «Dès que je rentre du boulot, je vais au balcon pour voir comment vont mes plantes. J'en ai une bonne dizaine, j'enlève les mauvaises herbes, les feuilles mortes, j'arrose quand il faut et quand je vois une plante qui se développe, qui commence à bourgeonner, c'est la joie ! J'attendais avec impatience le printemps pour voir ce que ça allait donner». D'autres nous ont déclaré qu'ils partagent cette passion avec leurs épouses et leurs enfants. En fait, parmi la clientèle de nos deux pépiniéristes, les femmes tiennent la palme… Elles sont nettement plus nombreuses. Et, évidemment, quand la femme aime, l'époux aime aussi, comme c'est le cas d'Amine. «Je n'avais aucun penchant pour les plantes, mais depuis que je me suis marié, l'été passé, ma femme a ramené quelques plantes qu'elle avait chez ses parents, et depuis «le vice est rentré». «Mon balcon et mes fenêtres sont remplis de pots de différentes plantes et mon salon ressemble à un jardin», révèle-t-il fièrement. En fait, à combien revient cette tendance au vert aux amoureux des plantes ? Ça peut aller de 50 DA pour une petite pousse plantée dans un gobelet en plastique, telle la misère, à 200 ou 250 DA pour une plante fleurie en pot, tels le géranium ou la primevère, et jusqu'à 600 ou 750 DA pour une variété plus demandée tels le jasmin ou le galant de nuit. Par contre, certaines espèces ne sont pas disponibles, tel le croton, par exemple, «parce qu'elles coûtent assez cher», expliquent nos deux pépiniéristes. Quoi qu'il en soit, le marché des plantes à Arzew est en «pousse» et cette tendance «verdoyante» et «florissante» dénote un certain attrait pour le naturel, les fleurs en plastique n'étant plus de mise, et, pourrait-on dire, une prise de conscience des bienfaits du végétal tant sur le plan esthétique qu'environnemental.