Le Forum sur l'investissement agricole et agroalimentaire, tenu lundi au Centre international des conférences, a permis de voir dans une certaine mesure où on en est avec la fameuse feuille de route dont s'est doté le secteur de l'agriculture, révélée en grande pompe l'année dernière, afin de participer à garantir la sécurité alimentaire du pays et contribuer à réduire la facture des importations, entre autres objectifs. À l'ouverture du Forum, tenu lundi donc, le Premier ministre a rappelé en expliquant que le gouvernement a élaboré un plan pour moderniser l'agriculture et atteindre un certain nombre d'objectifs urgents, notamment la rationalisation des dépenses publiques et la réduction de la facture d'importation. Un plan pour moderniser l'agriculture et qui se décline en plusieurs actions programmées entre l'année dernière et 2024, comme révélé dans Le Soir d'Algérie du 23 août 2020 et où il était fait état des huit axes de développement sur lesquels repose le programme quinquennal 2020-2024 pour l'agriculture. En effet, le développement de la production agricole à travers l'extension des superficies irriguées, l'accroissement de la production et de la productivité, l'exploitation rationnelle du foncier agricole, le développement agricole et rural dans les zones de montagne, la préservation, le développement et la valorisation du patrimoine forestier, le développement agricole et rural dans les zones steppiques et agropastorales, le développement et la valorisation dans les territoires sahariens, l'intégration de la connaissance et la numérisation dans les programmes de développement, constituent les huit axes sur lesquels est fondée la feuille de route dont s'est doté le secteur l'agriculture. Des axes qui se déclinent dans cette feuille de route selon une structuration en deux parties : un programme prioritaire pour une réalisation à très court terme, et un programme d'actions à caractère continu à moyen terme. Malheureusement, il se trouve que le plan connaît quelques couacs, indépendamment de l'impact de la pandémie, tel c'est le cas pour le foncier agricole, avec comme objectif la rationalisation de l'exploitation des terres. Il était dit dans la fameuse feuille de route que la partie à réaliser en priorité, à partir du deuxième semestre de l'année dernière et celui de cette année, concerne le développement de l'agriculture saharienne, l'extension des superficies à potentiel avéré, le développement des cultures industrielles dans le Sud (maïs, soja, betterave sucrière...) et la création et la mise en action effective de l'Office national de développement de l'agriculture industrielle en terres sahariennes (Odas). Selon le ministre de l'Agriculture, Abdelhamid Hemdani, qui s'exprimait lors du Forum tenu lundi, l'Odas a attribué jusque-là 136 000 hectares au profit des opérateurs, en précisant que ces surfaces mises à la disposition des investisseurs font partie des 500 000 hectares non exploités récupérés par l'Etat. Tout en indiquant que le secteur agricole dispose de plus d'un million d'hectares exploitables, le ministre a mis l'accent sur la nécessité d'adopter une agriculture «intelligente», le problème d'espace ne se posant pas. Entre autres objectifs déclarés, il s'agira pour la filière transformation des produits agricoles d'assurer au moins 50% de nos besoins. Une perspective pas évidente à atteindre dans l'immédiat si l'on se fie aux propos mêmes du ministre de l'Agriculture, Abdelhamid Hemdani, qui a soulevé les difficultés auxquelles font face les potentiels petits investisseurs en agriculture pour le financement de leurs projets. Ils seraient plus d'un million dans ce cas alors que les questions de ce genre étaient censées être prises en charge prioritairement dans le plan quinquennal à travers notamment les mesures arrêtées pour le développement des zones de montagne par des actions permettant l'amélioration des conditions de vie des populations et le renforcement des actions de désenclavement par l'ouverture et l'aménagement de pistes agricoles, la mobilisation de la ressource en eau, la plantation arboricole et la création de petites unités d'élevage, notamment à destination des jeunes. Des ratés, donc, dans le dispositif mis en branle à partir de la deuxième moitié de l'année dernière malgré les aléas générés par la crise sanitaire. Azedine Maktour