Défait 3-1 à l'aller, Liverpool espère garder un peu de magie dans son mythique stade d'Anfield, même sans supporters, pour empêcher ce soir l'enchanteur Zinédine Zidane de hisser son Real Madrid en demi-finales de Ligue des champions pour la quatrième fois en cinq participations. Anfield est-il toujours aussi redoutable sans le chœur de son bruyant «Kop» ? La série noire qu'a connue Liverpool à domicile en 2021 semble offrir une réponse claire avant cette seconde manche à huis clos, où le vainqueur de la C1 2019 défie l'équipe championne d'Europe les trois années précédentes (2016-2018). Avant ce choc, l'entraîneur des Reds Jürgen Klopp a rappelé le poids d'Anfield lors de la demi-finale de l'édition 2019, lorsque Liverpool, poussé par son public, avait renversé Barcelone au match retour (0-3, 4-0). «L'atmosphère du stade avait contribué pour 80% (du résultat). Cette fois, on n'aura pas ça, donc je ne sais pas si on pourra le refaire. Mais on va essayer. Au moins, Anfield est un vrai stade», a lancé Klopp, critiquant au passage l'enceinte provisoire du Real Madrid, qui évolue dans le petit stade Alfredo-Di-Stéfano en attendant la refonte du Santiago-Bernabeu. Anfield est peut-être un vrai stade, mais c'est une forteresse ouverte aux quatre vents depuis bien longtemps : l'Atlético Madrid était venu y chercher sa qualification en 8e de finale la saison dernière, et cette saison, l'Atalanta a surpris les Reds (0-2) en poule. Il a suffi que le modeste Burnley (0-1) vienne interrompre une série de 68 matchs de championnat sans défaite à Anfield pour que, soudain, ce terrain devienne maudit. Brighton, Manchester City, le voisin Everton, Chelsea et Fulham sont ensuite venus s'y imposer. Klopp fait polémique La série noire à domicile s'est arrêtée dimanche contre Aston Villa (2-1), premier succès des Reds chez eux en 2021. Mais dans une saison galère pourrie par les blessures où les Reds n'ont jamais semblé en mesure de conserver leur titre national, l'absence de la bouillante ambiance du «Kop» s'est cruellement faite sentir. Stratégie de communication ou franchise débordante, Klopp a d'ailleurs beaucoup insisté sur ces questions de stades lors du match aller, provoquant un début de polémique en Espagne lorsqu'il a qualifié de «terrain d'entraînement» le stade Alfredo-Di-Stéfano, petite enceinte champêtre édifiée parmi les installations du club à Valdebebas, dans la banlieue de Madrid, et où évolue en temps normal la réserve merengue. «Nul n'est plus pénalisé que le Real Madrid lui-même du fait de jouer à Valdebebas», a rebondi l'ancien joueur et directeur sportif du club, Jorge Valdano, dans une tribune publiée par le quotidien El Pais samedi. Et, même loin du Bernabeu, le Real Madrid a offert un récital collectif à l'aller, avec un doublé de Vinicius, permettant à Zidane de vaincre à nouveau Klopp, comme en finale de la Ligue des champions 2018 à Kiev (3-1). «Zidane rêve d'Anfield» «Florentino rempile... et Zidane rêve d'Anfield», a titré hier à sa une le quotidien sportif madrilène As mardi, alors que le président merengue vient d'être réélu sans opposition. Au sortir d'une semaine épique, entre le succès face à Liverpool et celui dans le clasico face au Barça (2-1), le sorcier Zidane est en passe de hisser à nouveau son équipe dans le dernier carré de la C1. Et pourtant, cette saison, le sort n'est pas en sa faveur : «Zizou», déjà privé de son capitaine Sergio Ramos (touché au mollet gauche et positif au Covid-19), de Raphaël Varane (Covid-19), de Dani Carvajal (cuisse droite) et de l'onéreuse recrue Eden Hazard (aine droite), va devoir bricoler un rideau défensif sans Lucas Vazquez (genou). «On est à la limite physiquement. Mais c'est le football», a dédramatisé Zidane. «On a envie de se battre, de continuer, et c'est ce que l'on va faire jusqu'à la fin. Et non sans difficultés...» A Anfield, Zidane pourra toutefois compter sur son mur Thibaut Courtois le gardien belge n'a perdu qu'une seule de ses neuf confrontations face à Liverpool dans sa carrière, et n'a jamais encaissé plus d'un but à Anfield... alors que les «Reds» ont besoin d'au moins deux unités pour arracher leur qualification.