D'abord, une pensée pour la mouche qui a piqué Tabbou. Elle doit être dans un état de désorientation et de détresse extrême ! Mais qu'est-ce qu'il lui a pris, à l'ancien faxé du FFS pour interdire l'accès du cimetière à Lazhari Bouzid, président du Conseil national des droits de l'Homme venu se recueillir à la mémoire de Ali Yahia Abdenour que l'on enterrait ce jour-là ? Pour l'en expulser brutalement, tout en l'aspergeant de bordées de postillons et de projections microbiennes, ce qui n'est jamais bon en ces temps de remontée de la courbe de la Covid-19 en Algérie. Qui a le droit de s'ériger en gardien des cimetières ? En chef-parkingueur autoproclamé de la dernière ou avant-dernière demeure des morts, gourdin à la bouche et insultes dans les yeux ? S'est-il pratiqué tel comportement à l'enterrement de feu Aït-Ahmed ? A-t-on assisté à un tel apartheid funéraire à la mise en terre du docteur Fekhar ? Qui délivre cette autorité de filtrer à sa guise et à ses humeurs instables et psychopathiques l'hommage aux morts ? Sûrement pas la famille de l'historique et acharné centenaire des droits de l'Homme. Ses tout proches se sont déclarés « indignés et outrés » par le comportement de Tabbou et les libertés qu'il a prises au détriment de ce moment intense, unique. Moment qui appartient d'abord et avant tout à la famille du défunt, parce que dernier au revoir. Non ! Il a fallu le douanier Tabbou posté aux portillons du cimetière à fouiller du regard qui pouvait entrer et qui ne pouvait pas. Un scanner ignoble dans la maison du dernier repos ! Mais un moment instructif, aussi. Même si cette instruction se fait, hélas, au détriment mémoriel d'un défunt et de son droit au repos éternel et au départ apaisé. Oui ! Cet esclandre au cimetière signe au centimètre près la dimension de ce « leader autoproclamé » du Hirak. Point besoin de décamètre pour en prendre la mesure. Juste un microscope pour espérer repérer quelque atome d'intelligence, ou particule de raison. Etrange sensation tout de même. À ces funérailles, il n'est pas sûr que ce soit l'immense avocat que l'on enterrait, tant il est atemporel. Il est, par contre, et désormais assuré, acté et enregistré dans toutes les mémoires qu'en ce 26 avril, c'est irrémédiablement Karim Tabbou que l'on ensevelissait dans les limbes d'une Histoire où il a tenté vainement de s'introduire par effraction. Humainement, de cette humanité dont lui n'a pas su faire preuve à l'enterrement de Ali Yahia Abdenour, on pourra toujours lui rendre un dernier... service. En inscrivant sur sa pierre tombale politique « Ci-gît le parkingueur inconnu des cimetières ». Mokhtar Benzaki