Sous les youyous des dizaines de femmes présentent au cimetière, les obsèques du célèbre avocat et militant des droits de l'Homme ont été un fort moment d'émotion. L'avocat Ali-Yahia Abdennour a été enterré, hier, au cimetière de Ben Aknoun (Alger). En présence d'une foule nombreuse, celui qui incarne, à lui, seul, le combat pour la dignité humaine, rejoint les éternels et accède au panthéon des immortels. De plusieurs régions du pays, de plusieurs obédiences politiques, allant des démocrates aux islamistes, en passant par certaines figures, anciennes et actuelles du pouvoir, des artistes, des militants de toutes les générations..., ils ont tenu à rendre un dernier hommage à Me Ali-Yahia qui a su, même mort, imposer le respect de la diversité. Sa sagesse légendaire aura pris le dessus sur les mésententes. Drapé des emblèmes national et amazigh, les obsèques de Dda Abdennour étaient aussi une forme de combat et de lutte. C'est sous les cris, entre autres de "Algérie libre et démocratique" que la foule nombreuse de militants, de personnalités et de citoyens a accompagné le défunt à sa dernière demeure. Sous les youyous des dizaines de femmes présentent au cimetière, les obsèques du célèbre avocat et militant des droits de l'homme ont été un fort moment d'émotion. L'ultime hommage au défunt était aussi un moment de reconnaissance et de gratitude à l'homme qu'il était. Sous les applaudissements des présents, Dda Abdennour Ali-Yahia rejoint ainsi l'histoire d'un pays dont il a écrit les meilleures pages. Des délégations des FFS, du RCD, du PT, du PST, du MDS, d'anciens militants de ces formations, des militants associatifs, des membres des ligues de défense des droits de l'homme, des figures du mouvement populaire..., se sont donné rendez-vous, hier, pour un dernier hommage à Me Ali-Yahia. Issad Rebrab, Ahmed-Taleb Ibrahimi, Sid-Ahmed Ghezali, Bouzid Lazhari, Ahmed Rachedi..., des avocats du barreau de Tizi Ouzou, d'Alger, de Béjaïa, ont également tenu à être présents à l'enterrement. Mustapha Bouhadef, militant de la démocratie, a estimé qu'il est "agréablement surpris par la présence d'autant de personnes à l'enterrement du défunt". Pour M. Bouhadef, Me Ali-Yahia "mérite plus que tout ce que lui a été rendu comme hommage", car, a-t-il précisé, "nous savons comme il s'était démené dans la défense de toutes les opinions des gens qu'il a eu à défendre". "Il a anobli le métier d'avocat qu'il a exercé", a ajouté M. Bouhadef. Djelloul Djoudi, responsable au sein du PT, a souligné qu'on vient "de perdre un grand militant qui a tout donné pour la justice et la démocratie". "Il a milité durant les moments les plus difficiles sans pour autant renoncer". Djelloul Djoudi a ajouté que "les Algériens vont se souvenir de celui qui a consacré toute sa vie pour le combat démocratique". Mohand-Tahar Yala, militaire à la retraite, a rappelé que le défunt "était un militant de toutes les causes justes", de ce fait, a-t-il ajouté, "sa vie de militant parle pour lui". "Son nom restera lié à l'histoire du pays", a ajouté M. Yala. Nacer Haddad, militant politique, a souligné, quant à lui, que le défunt mérite le titre de personnalité du siècle. "Un siècle de combat d'abord contre le colonialisme, ensuite contre la dictature". Youcef Habib, ancien militant de l'Académie berbère, a affirmé que le défunt "a toujours été au service de l'humain", qualifiant Me Ali-Yahia "de révolutionnaire" dont le nom restera gravé dans la mémoire de tout un chacun. Saïd Khelil, ancien détenu politique, a fait remarquer que le défunt "est accompagné à sa dernière demeure par plusieurs générations de militants". "Des militants anticolonialistes, aux militants berbéristes, en passant par ceux de la démocratie politique, tout ce beau monde a fait un bout de chemin avec le défunt. Il est le symbole de la lutte pour les droits de l'homme", a ajouté Saïd Khelil.