La hausse du nombre de contaminations au Covid-19, mais surtout la pression ressentie à nouveau dans les structures de santé ne laissent plus de place au doute : l'Algérie entre de plain-pied dans la troisième vague. Les différents acteurs du système de santé ont été les premiers à tirer la sonnette d'alarme. Le premier responsable du secteur ne cache plus son inquiétude. Le gouvernement, pour sa part, réagit en étendant le couvre-feu à 10 nouvelles wilayas jusque-là non concernées. Il n'est pas exclu que d'autres mesures soient prises en fonction des données épidémiologiques de chaque wilaya. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La courbe des contaminations confirmées au Covid-19 poursuit son évolution vers la hausse. La barre des 300 cas quotidiens est en passe d'être franchie. De nombreux chefs de service, chargés de la prise en charge du Covid, sont sortis de leur silence ce week-end, décrivant des services très sollicités, notamment en réanimation. Leur inquiétude est partagée par le ministre de la Santé qui, s'exprimant jeudi dernier, a évoqué cette troisième vague en affirmant que « nous ne la souhaitons pas, mais nous l'attendons. Il y a une forte possibilité. Nous sommes prêts, nous avons pris toutes les dispositions ». Avant d'ajouter que « pour terminer, je préfère dire qu'il y aura une troisième vague pour que les citoyens veillent au respect des mesures de prévention ». Dix-neuf wilayas confinées La situation épidémiologique est assez inquiétante pour pousser le gouvernement à prendre une première mesure depuis la tenue de la réunion d'évaluation entre le président de la République et les membres du Comité scientifique. Les services du Premier ministère ont en effet annoncé que, désormais, dix-neuf wilayas seront soumises au couvre-feu de minuit à 4 heures. Depuis hier, Adrar, Laghouat, Batna, Béjaïa, Blida, Tébessa, Tizi-Ouzou, Alger, Jijel, Sétif, Sidi-Bel-Abbes, Constantine, M'sila, Ouargla, Oran, Boumerdès, El-Oued, Tipasa et Touggourt sont concernées. Une mesure prise non pas pour une durée de quinze, mais de 21 jours. Elle est motivée par la situation épidémiologique dans ces wilayas. Le Premier ministère assure qu'elle « s'inscrit dans l'objectif de préserver la santé des citoyens et à les prémunir contre tout risque de propagation du coronavirus (Covid-19), et soutenue par la démarche basée sur la prudence, la progressivité et la flexibilité, ces mesures visent à aménager le dispositif actuel de protection et de prévention au regard de l'évolution de la situation épidémiologique ». Seules les enquêtes épidémiologiques sont en mesure de jauger l'évolution de l'épidémie. Force est de constater qu'elles ne sont pas effectuées à la bonne cadence. Quelle autre riposte face à une pandémie qui avance ? Le respect des gestes barrières demeure l'unique rempart contre une contamination au Covid-19. Mais là encore, il faudra attendre pour voir comment l'exécutif pourra traduire sur le terrain les récentes orientations du président de la République qui demandait plus de rigueur dans l'application des textes déjà en vigueur en la matière. Une vaccination au ralenti Beaucoup de spécialistes assurent que la vaccination constitue également une réponse à la situation épidémiologique. Pour que cette dernière soit efficace, c'est une cadence soutenue qui est nécessaire. C'est loin d'être le cas. Si le ministre de la Santé assurait jeudi que la vaccination « n'est pas l'unique solution », c'est justement parce que le taux actuel de vaccination est loin d'avoir atteint le niveau espéré qui puisse permettre un début d'immunité collective. D'ailleurs, le Professeur Benbouzid s'est gardé d'avancer un taux lorsqu'il a été interrogé au sujet de la cadence de la vaccination, se contentant de répondre que ce taux était lié au nombre de doses réceptionnées et reconnaissant que ce nombre restait insuffisant, comparativement avec les besoins de l'Algérie. Le ministre de la Santé a évoqué les difficultés rencontrées dans le processus d'acquisition du vaccin contre le Covid-19, assurant que « malgré tous les efforts qu'on a fournis et dans certains cas, nous avons même versé un certain taux de coût de vaccin, nous sommes toujours dans l'attente de sa réception ». Il ajoute que l'Algérie n'est pas la seule à vivre cette situation puisque, dit-il, même les pays producteurs du vaccin enregistrent un manque pour vacciner leurs propres citoyens. Au cours de cette même sortie, le ministre de la Santé faisait savoir que « dans deux jours, les quantités de vaccin devront arriver et seront distribuées au niveau des hôpitaux et des centres de vaccination », annonçant d'importants arrivages pour le mois de mai, sans pour autant donner plus de précisions. L'Instiut Pasteur d'Algérie annonçait, hier, photos à l'appui, la réception de vaccins russes et chinois sans communiquer sur leur quantité. L'Algérie avait débloqué la somme de plus de 12 milliards de dinars pour l'achat du vaccin anti-Covid-19, mais s'est vite aperçue que l'acquisition des vaccins dans ce contexte n'était pas une question de moyens. N. I.