Zoubir Souissi, membre fondateur du Soir d'Algérie et un des doyens des journalistes algériens s'est éteint, hier matin, à l'âge de 78 ans à Alicante en Espagne après un ultime combat contre la maladie. Un autre pilier de la presse algérienne s'en va, laissant derrière lui une corporation en émoi et des amis sans voix, notamment ceux qui ont vécu avec lui l'aventure du lancement du premier journal de la presse indépendante. L'homme était un passionné d'information, exigeant, et également un amoureux de la littérature et c'est ce qui ressort à travers ses deux romans Les tribulations du Caméléon et La tête des orphelins sortis aux éditions Casbah respectivement en 2010 et en 2007. Zoubir Souissi qui a exercé en tant que reporter avant de devenir un talentueux chroniqueur, n'a quasiment pas connu d'autres métiers que celui de journaliste. Ayant appris la triste nouvelle, son ami de longue date, le journaliste chevronné Boubakeur Hamidechi évoque leur entrée dans le monde de la presse en même temps : «C'était en juillet-août 1966 au journal An-Nasr à l'époque, nous avions le même âge et nous constituons un binôme qui a duré près de 5 années en tant que reporters». Boubakeur Hamidechi précisa que le défunt était excellent dans le reportage et d'une grande culture «il était plus qu'un ami pour moi et même après son départ vers le quotidien El Moudjahid à la veille de l'arabisation du journal An-Nasr pour s'installer sur Alger, nous avions continué à nous voir de temps en temps et à nourrir cette amitié vieille de plus de 50 ans maintenant». En effet, le défunt avait entamé sa carrière journalistique en tant que collaborateur au bureau d'Alger-Républicain à Constantine avant de rejoindre le quotidien régional An-Nasr, édité à Constantine. Après l'arabisation de ce journal, Zoubir Souissi a rejoint l'équipe du quotidien national El Moudjahid au début des années 1970, puis la revue hebdomadaire Révolution africaine (Revaf) où il a occupé le poste de rédacteur en chef jusqu'en 1985, année au cours de laquelle il a rejoint l'Agence nationale Algérie Presse Service (APS). Avec l'ouverture du champ médiatique dans le début des années 90, il s'est lancé dans ce qui était appelé à l'époque «l'aventure intellectuelle» en fondant en 1990, en compagnie de quatre de ses amis journalistes, le premier journal de la presse indépendante Le Soir d'Algérie dont il a assuré la direction pendant une dizaine d'années. Pour Boubakeur Hamidechi, «j'ai perdu un frère avec lequel j'ai partagé plein d'expériences et beaucoup de similitudes dans le parcours jusqu'à nos retrouvailles au sein de l'équipe du Soir d'Algérie». Un moment d'émotion, puis le doyen de la presse constantinoise dira «la dernière fois que je l'ai eu au téléphone, c'était le 21 mars dernier où il m'a appelé vers 21h afin de s'enquérir sur ma santé, il avait des qualités humaines exceptionnelles». Pour sa part, son ami et co-fondateur du Soir d'Algérie, Maâmar Farah évoque l'humilité qui le caractérisait ainsi que son parcours exemplaire qu'on sentait, à travers ses reportages ainsi que leur première rencontre au bureau régional d'Annaba. «C'est une perte terrible pour moi qui reste seul maintenant après le départ de mes 4 amis avec lesquels j'ai partagé la plus belle et grande aventure, celle du lancement du journal». Zoubir Souissi faisait partie de cette génération de journalistes que caractérisaient un professionnalisme et une compétence admirable. L'ancien président du Conseil d'éthique et de déontologie de la presse est irremplaçable pour son compagnon toujours sous le choc, ne trouvant pas les mots justes pour décrire sa peine. «Sa disparition est pénible, c'est le grand vide pour moi aujourd'hui, car nous sommes restés en contact tout le temps et maintenant, il me laisse seul.» L'ensemble du collectif du journal était hier très peiné, même ceux qui ne l'ont pas connu. «Repose en paix, ton journal survivra». Ilhem Tir