L'Italie, brillante contre la Turquie (3-0) en ouverture de l'Euro vendredi soir, a fait forte impression et s'invite parmi les favoris aux yeux de certains, malgré la grande prudence de son sélectionneur : trois raisons pour y croire. L'envie de se racheter Depuis trois ans, c'est le moteur de l'Italie reprise en main par Roberto Mancini : redresser la Nazionale, tombée au plus bas en novembre 2017 en ratant la qualification pour le Mondial russe après une défaite lors des barrages décisifs face à la Suède (1-0, 0-0). Une première depuis 60 ans. En succédant au pâle Gian Piero Ventura, Mancini a changé beaucoup de choses : les joueurs mais surtout le jeu, rompant avec la tradition défensive des Azzurri pour en faire une équipe joueuse, offensive et surtout continuant à presser et à attaquer même quand elle mène, comme contre la Turquie. «La défaite contre la Suède est restée en nous, on ne pourra jamais l'oublier», rappelait jeudi le capitaine italien Giorgio Chiellini, qui était sur la pelouse lors de ce revers ayant traumatisé une génération de supporters dans la Péninsule. «Mais on a réussi à transformer la déception en enthousiasme et en envie de bien faire», avait-il expliqué. Dans le groupe de Mancini, il partage cette envie de «se refaire» avec huit autres joueurs ayant aussi participé aux barrages de 2017, outre Daniele De Rossi, l'ex-international qui a intégré l'encadrement. Pas de star mais une équipe Pas de Francesco Totti, Alessandro Del Piero ou Andrea Pirlo : la star c'est bien l'équipe dans cette Italie renaissante, mélange d'expérience (Bonucci, Chiellini, Immobile), de cadres (Verratti, Jorginho, Donnarumma, Insigne) et de nouveaux venus qui ont apporté de l'air frais et se sont parfaitement intégrés (Barella, Bastoni, Locatelli, Chiesa...). Dans cette équipe plurielle, la hiérarchie est assez fluctuante et chaque joueur sait qu'il peut avoir son jour de gloire, comme Domenico Berardi, impliqué sur les trois buts contre la Turquie. L'ailier de Sassuolo, pas le plus connu des titulaires vendredi, est l'un des plus décisifs des derniers mois avec cinq buts lors de ses sept dernières apparitions en azzurro. «Notre secret, c'est le groupe. Il n'y a pas de titulaires : ceux qui jouent savent ce qu'ils doivent faire et on se met au service les uns des autres», confirme Lorenzo Insigne. L'attaquant de Naples y voit d'abord le «mérite» de Mancini. Lequel a imposé un système de jeu propre, comme dans un club, qui réussit même mieux à certains joueurs qu'avec leur équipe habituelle, comme Federico Bernardeschi, à qui il a maintenu sa confiance en dépit d'une saison fantomatique à la Juventus. Une sacrée série Au-delà des méformes ou des blessures (Zaniolo, Sensi ou Pellegrini pour l'Euro), cette Italie a trouvé une ligne directrice dans le jeu qui lui garantit une belle régularité dans les résultats. Elle reste sur 28 matchs consécutifs sans défaite (23 victoires, 5 nuls) depuis son revers contre le Portugal (0-1) en septembre 2018. Mancini, s'il termine le premier tour de l'Euro invaincu, peut rejoindre dans l'histoire le recordman italien en la matière : Vittorio Pozzo (30 rencontres sans défaite entre 1935 et 1939). Autre série en cours : neuf matchs de suite sans prendre de buts (avec 28 marqués pour neuf victoires), après la nouvelle «clean sheet» contre la Turquie. Certes, l'Italie a affronté peu de ténors ces derniers temps et cela reste des statistiques. Mais elles nourrissent un espoir grandissant dans la Péninsule où certains n'hésitent désormais plus à la citer parmi les favoris de l'Euro, alors que peu osaient le faire jusqu'ici. Ces espoirs, Roberto Mancini s'est chargé de les calmer dans un sourire : «Il reste seulement six matchs (jusqu'au titre, ndlr)... ça me semble un peu long, il y a des équipes vraiment fortes.» Avec le soutien de Leonardo Bonucci, un ancien qui n'a pas oublié le traumatisme de 2017 : «Ce n'est que la première étape d'un long parcours, donc pieds sur terre et beaucoup d'humilité...»