Pas de grands chamboulements dans la composante de l'assemblée populaire nationale à l'issue des élections législatives anticipées de samedi dernier. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Les «analystes» et autres «observateurs» qui, écumant journellement les plateaux de télévision et les studios de radio, nous annonçant une future assemblée populaire nationale hétéroclite, se doivent de revoir leurs copies. Rien, absolument, rien de leurs prédictions ne se vérifie à la lumière des résultats préliminaires de ce scrutin proclamés, hier mardi, par le président de l'autorité nationale indépendante des élections. Un verdict qui ne fait que reconduire, à quelques nuances près, la configuration ayant prévalu lors de la huitième législature écourtée sur décision du chef de l'Etat, début mars dernier en prévision justement de ces élections législatives anticipées de samedi dernier. À l'exception de la «disparition» totale de Tajamoue Amel el Djazaïr qui n'a eu aucun siège parlementaire et du mouvement populaire algérien (MPA) qui n'a pas pris part à cette élection, la composante de la chambre basse du parlement n'a pas subi beaucoup de changements. Avec, notamment, le parti du front de libération nationale qui, même s'il est absent sur une vingtaine de wilayas, ce qui constitue une bien triste première, sauvegarde tout de même sa première place avec pas moins de 105 sièges et d'honorables scores réalisés à Djelfa, Alger et Béjaïa. Son alter ego, le rassemblement national démocratique (RND), en fait de même avec un score de 57 sièges. Deux partis pivots de la façade partisane du pouvoir qui ont, ainsi, maintenu leurs positions alors qu'ils ont été les cibles privilégiées du mouvement populaire du 22 février 2019 qui réclamait sans cesse leur renvoi au placard au même titre que tous les autres partis et organisations qui avaient accompagné le long règne du président de la république déchu. Un duo du pôle nationaliste auquel il faudra ajouter le Front el Moustakbal qui ne constitue dans les faits qu'une «variante» du FLN, son fondateur, et le gros de son organique se recrutant au sein du vieux Front du pouvoir et qui a plus que triplé son dernier groupe parlementaire constitué, désormais, de 48 députés. Il en est de même des partis islamistes, le MSP et El Binaa qui, à l'opposé de leurs pairs de mouvance, Islah, Nahda et Addala qui ont été laminés, se sont relativement distingués en renforçant respectivement de moitié et du triple leur présence à l'APN avec 64 sièges pour le premier et 40 pour le second. Les indépendants, la surprise Et alors qu'ils étaient donnés pour jouer les trouble-fêtes, les indépendants ont été, au final, 78 à se faire élire, relativement peu face à la floraison de leurs listes, plus de 800 et constituent, de ce fait, la seconde force parlementaire après le FLN. Une inflation de listes indépendantes en sus de celles de cette foultitude de micro-partis, plus d'une vingtaine, qui, au bout, a été bénéfique pour le quintet traditionnel, eux qui ont dû se heurter au seuil des 5% des suffrages exprimés dans chaque circonscription électorale pour prétendre prendre part à la répartition des sièges en jeu, comme l'exige la nouvelle loi portant régime électoral. Un seuil que le gros de ces indépendants et de ces petits partis n'ont pu atteindre, faisant le bonheur du FLN, du RND, du MSP, du Front el Moustakbal et d'El Binaa. Exemple concret, dans la wilaya de Djelfa, le FLN s'est vu attribuer la totalité des sièges en jeu, soit 13 avec seulement 8 017 voix exprimées sur un ensemble de 152 000 suffrages exprimés. Il en est de même à Mostaganem où le mouvement El Binaa s'est adjugé la totalité des sièges. Et ce, du fait que toutes les autres listes concurrentes, qu'elles soient partisanes ou indépendantes, n'ont pu atteindre le seuil des fameux 5% des suffrages exprimés pour postuler à l'opération de répartition des sièges en jeu. Ceci alors que le cas inverse a été signalé à Constantine où aucune des 52 listes électorales en course n'a pu atteindre ce minima. D'où le recours à l'article 198 de la loi électorale qui, en pareille situation, stipule que les 11 sièges en jeu se doivent d'être répartis à raison d'un siège pour chaque liste, et ce, en fonction du nombre de voix exprimées obtenues. Les raisons d'une reconduction de la configuration Et ces résultats étaient attendus pour trois raisons : en tout premier lieu le taux record d'abstention enregistré à l'occasion de cette élection, ensuite il y a le fait que ces partis disposent de bases sociales qui, si elles n'évoluent pas pour certains, font montre, a contrario, d'une discipline de fer quand il s'agit d'élections et ce, indépendamment des contextes politique, climatique ou autres considérations. Il y a, enfin, la faiblesse, voire l'indigence organique du gros des autres partis ayant pris part à ces élections et, cette fois-ci, l'inflation des listes indépendantes qui, au final, n'ont fait que leur bonheur, en éparpillant les voix avec, notamment, l'écueil des fameux 5% qui leur permet de rafler la mise sans gros efforts. Coudées franches pour le chef de l'Etat Ceci dit, et à la lumière de ces résultats préliminaires de ces élections et dans l'attente du verdict définitif du conseil constitutionnel qui aura à statuer, notamment sur les recours, qu'on annonce nombreux, le président de la république n'aura nullement de difficultés à nommer son premier ministre, et ce, conformément à l'article 103 de la constitution, certain de se constituer une majorité présidentielle avec le FLN, le RND et les indépendants avec la plus que probable adhésion à cette démarche du Front el Moustakbal et d'El Binaa. Des indépendants dont, dit-on, beaucoup de cadres partisans du FLN, du RND notamment, qui ne tarderaient pas à rentrer au bercail. M. K.