La galerie d'art des éditions El Bayazin située à la Résidence Petit-Hydra au quartier de Hydra, sur les hauteurs d'Alger, est la première halte de Ifru Nomade. En effet, comme l'avait expliqué la galeriste Amel Bara Kasmi, qui gérait la galerie d'art Ifru Design de Télémly à Alger, «l'esprit de Ifru Design a muté pour se transformer en Ifru Nomade, pour sillonner tout le territoire algérien, partager avec le public de l'art en organisant des expos dans des places publiques, des usines, et même dans des forêts ; l'art est partout, il est en nous». La jeune artiste Ismahane Mezouar est la première de cette belle «caravane artistique». Son expo a pour titre «Abécédaire de l'âme» (toute une philosophie !). Ismahane Mezouar est une artiste-peintre plasticienne indépendante, de Tlemcen, ville du hawzi, où elle a vu le jour en 1989. Très tôt, dès l'âge de quatre ans, elle fut encouragée par une mère réalisatrice de tableaux qui assistait ses premiers pas de dessinatrice en herbe sur papier. En 1997, elle rejoint l'association multiculturelle dirigée à l'époque par le regretté chanteur et producteur Rachid Baba Ahmed. L'année suivante, elle présenta ses premières réalisations (et rêves) artistiques. Elle poursuit aussi ses recherches artistiques, un peu, en autodidacte. Fin 2012, Ismahane Mezouar rejoint à Tlemcen l'annexe régionale de l'école des beaux-arts d'Oran, pour une formation de trois années prolongées d'une année d'études à l'école-mère d'Oran où elle obtient un certificat d'études artistiques générales. Après une formation supplémentaire en arts plastiques, elle obtient le diplôme national d'études des Beaux-Arts. La jeune artiste a, notamment, participé à différents salons d'arts plastiques, à travers le pays. Depuis 2014, elle s'occupe particulièrement de la gestion et la restauration d'œuvres d'art et de pièces antiques au magasin d'antiquités des Bemrah. «Je ne peins pas ce que je vois mais je peins tout ce qui se penche sur la misère humaine, comme cela me vient, comme on dit, à rebrousse-spectre, hors d'une copie-mémoire. C'est l'école de l'objet, cet objet coupé en fragments jetés modestement à la marge... Je ne sais par quel moyen j'y arrive. Peut-être grâce à deux tonalités principales du fragment, le bleu et le vert. Mais l'énergie du ton m'emporte et m'inspire, élément adventice, qui de loin en loin tire vers le gris-roi : simple témoin de l'éternelle Lumière», explique-t- elle au sujet de son art et de son style artistique. «Ainsi dans ses œuvres, l'effet de chute est diffus. Une sorte de descente sans gîte dans des profondeurs insoupçonnées de l'être et du monde. Une dispute sans fin entre les ombres. Une bataille des surfaces éperdue et un cloaque opaque à distances inégalées. Quand dans l'entrechoc natif des teintes, les tons se laissent perler et sourdre comme une source, se dévoile l'espace d'un filet du jour... Avec lui, naissent et s'ordonnent les strates d'une mémoire ancienne avec l'expérience dolosive des pigments», est-il écrit à son sujet «la galeriste nomade». L'expo «Abécédaire de l'âme» d'Ismahane Mezouar à la galerie d'El Bayazin est ouverte jusqu'au 29 juin 2021. Kader B.