Le pass vaccinal, qui n'était, il y a quelques semaines, qu'au stade de la probabilité, est en passe de se transformer en projet. Le Comité scientifique y travaille. Si ces propositions sont validées, toute personne vaccinée recevra un document qui lui sera réclamé pour accéder aux espaces clos recevant le grand public. Un projet qui semble difficile à concrétiser non seulement au regard du taux de vaccination encore faible mais également des contraintes purement pratiques qu'il posera. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - L'idée semble faire son bonhomme de chemin au sein du Comité scientifique. La question de la mise en place d'un pass vaccinal est de plus en plus évoquée. Elle l'avait été une première fois par le Pr Ryad Mahyaoui, avant que le directeur des structures hospitalières n'affirme, mardi, qu'un projet était en cours d'élaboration. En quoi consiste-t-il ? Le Pr Lyès Rahal explique que le Comité scientifique s'attelle à proposer au ministère de la Santé un projet rendant obligatoire la détention d'un pass vaccinal pour pouvoir accéder à certaines structures accueillant le public, à l'instar des sites touristiques, des marchés, des centres commerciaux, des restaurants ou des hôtels. L'idée, dit-il, n'est pas d'imposer la vaccination à la population mais d'en protéger, explique-t-il, un grand nombre, affirmant qu'« on ne va pas imposer la vaccination, le vaccin est actuellement fortement recommandé mais pas obligatoire mais il est du devoir de l'Etat de protéger les citoyens. On aura alors deux types de citoyens : celui qui ne veut pas se faire vacciner, il est libre mais il ne peut pas fréquenter les espaces publics et mettre la vie des autres en danger ». Dans les pays européens ayant déjà instauré le pass sanitaire, ce dernier sert soit à apporter la preuve d'une vaccination anti-Covid-19, soit que la personne n'est pas porteuse du Covid-19 grâce aux résultats négatifs d'un test PCR ou antigénique, ou alors prouver que le concerné est guéri grâce à un test positif de plus de 15 jours et de moins de 6 mois. En pratique, comment cela pourra-t-il se passer en Algérie ? Le Pr Rahal explique que cela passera par un certificat contenant un code QR pouvant être lu à l'entrée de ces espaces. Concrètement, les vigiles à l'entrée des centres commerciaux, les salles de spectacles ou les hôtels devront exiger de toute personne ayant l'intention d'y entrer de brandir son certificat, de le lire via un téléphone pour s'assurer que la personne est bel et bien vaccinée ou pas. Si la lecture d'un code QR ne requiert pas une technologie révolutionnaire, puisque la majorité des téléphones sont actuellement dotés d'appareils photo permettant de lire lesdits codes, c'est toute l'organisation que cela requiert qui interpelle mais, surtout, la discipline qu'elle devra imposer. Lorsqu'on sait que le masque est aujourd'hui obligatoire et que ni les grandes surfaces ni les administrations recevant du public ne veillent à l'application d'une disposition pourtant réglementée par texte, il est légitime de se poser des questions sur la capacité des pouvoirs publics à imposer un pass sanitaire. Autre interrogation et pas des moindres : comment peut-on imposer un pass vaccinal alors que le rythme de la vaccination est encore loin d'atteindre les objectifs tracés ? Au dernier décompte, seuls 2,5 millions d'Algériens étaient vaccinés. Lorsqu'on sait que l'objectif est de vacciner au moins 20 millions de personnes, il apparaît clairement qu'il faudra encore plusieurs mois pour que la barre fixée par les pouvoirs publics soit atteinte. En annonçant la mise en place du pass vaccinal, les autorités sanitaires espèrent probablement donner un coup d'accélérateur à la campagne de vaccination et finir par convaincre les plus réticents. En apprenant qu'ils risqueraient de ne plus pouvoir accéder à plusieurs espaces, les moins convaincus finiront-ils par accepter de se faire vacciner ? Plusieurs pays européens avaient usé de cette parade pour pousser les moins jeunes vers les centres de vaccination en rendant obligataire le pass vaccinal à l'entrée des discothèques. Un argument qui a visiblement eu plus de poids que tous les discours rationnels et scientifiques... N. I.