Le nombre des contaminations au coronavirus et des cas sévères continue d'augmenter, provoquant une pression sur les structures de santé. Confronté à un flux grandissant des malades, les hôpitaux font face en même temps à une crise d'oxygène, consécutive, selon les spécialistes, à la hausse de la demande sur le produit en raison de la multiplication des malades nécessitant une assistance respiratoire, insuffisance d'obus et de cuves d'oxygène et des difficultés d'approvisionner tous les hôpitaux en même temps. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les cris de détresse en provenance des hôpitaux où le personnel signale un manque d'oxygène se multiplient ces derniers jours, créant une grande pression sur ce produit. De nombreux cas de décès sont provoqués, selon des médecins et des témoins, par l'indisponibilité du produit et les perturbations en matière d'approvisionnement des hôpitaux. Pourquoi alors une telle crise ? S'agit-il de l'insuffisance de la production ? De manque de moyens logistiques et de difficultés de distribution du produit ? Les spécialistes évoquent trois raisons à l'origine de cette crise de l'oxygène. Il s'agit d'abord de l'explosion du nombre de cas de contamination et de malades nécessitant une assistance respiratoire, de la saturation au niveau des services Covid, ce qui a provoqué une explosion de la consommation. Certains intervenants affirment, en effet, que les besoins du pays en approvisionnement d'oxygène se sont multipliés par six. Le besoin, explique-t-on encore, est d'autant plus important que les hôpitaux ont tous besoin en même temps de quantités importantes d'oxygène. Il faut souligner que, selon des médecins, chaque malade sous assistance respiratoire nécessite 20 litres d'oxygène par jour. À ce problème s'ajoute la faible capacité de stockage au niveau des structures de santé. Selon des déclarations médiatiques du Pr Bekkat Berkani, président de l'Ordre des médecins, l'Algérie ne manque pas d'oxygène, mais de vecteurs d'oxygène. «Nous ne disposons pas d'assez d'obus et de cuves d'oxygène, c'est-à-dire toute la logistique à mettre à la disposition des malades graves», a-t-il expliqué. La troisième raison avancée pour justifier la tension sur l'oxygène est que la logistique, de transport notamment, ne suit pas, au moment où certains praticiens parlent d'un « manque terrible » de ce produit vital pour sauver des malades. Concernant la production de cette matière, les autorités affirment que le problème ne se pose pas de ce côté. «Il ne s'agit pas seulement de produire de l'oxygène, mais aussi de le transporter dans un pays continent», a souligné ce jeudi le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, en annonçant que les ministères de l'Industrie et de l'Industrie pharmaceutique ont réquisitionné l'ensemble des moyens de production et de transport de l'oxygène liquide, qui seront désormais coordonnés par une cellule au niveau du Premier ministère pour pouvoir acheminer l'oxygène vers toutes les structures hospitalières. Selon lui, l'Algérie produit actuellement près de 450 000 litres par jour d'oxygène liquide, soit le triple de la production moyenne en 2020 ; ce qui permet de prendre en charge des dizaines de milliers de malades. Or, le pays n'est pas dans une situation qui exige la prise en charge d'autant de malades. K. A.