La perte de contrôle en matière de gestion de l'oxygène médicinal a débuté durant la seconde semaine de juillet, au moment de l'explosion du variant Delta. C'est à cette période que les gaziers ont commencé à constater l'augmentation des demandes des établissements hospitaliers. Les autorités ont donc décidé de mutualiser les moyens de l'ensemble des producteurs pour assurer la livraison quotidienne de 420 000 litres d'oxygène médicinal à l'ensemble des structures hospitalières du pays. Le 12 juillet, un «Comité de veille et de suivi de la disponibilité de l'oxygène médical» a été créé au ministère de l'Industrie pharmaceutique. Cette structure a été chargée de diriger la production des gaziers vers les hôpitaux. En outre, il a été demandé aux entreprises de ne plus tenir compte des engagements contractuels qui les liaient aux structures de santé publique et aux DSP. En réalité, ce comité a travaillé sur la base d'informations fournies par les opérateurs. Sauf que certains gaziers ont «surdimensionné» leurs capacités de production et de transport. Une fois en action, et face à la très forte demande des hôpitaux, ces opérateurs se sont montrés incapables de répondre à leurs engagements. Cela a accentué encore plus la pression sur les autres entreprises qui ont dû intervenir en urgence pour alimenter les hôpitaux. Cette désorganisation a, en partie, participé à amplifier les retards de livraison d'oxygène vers les hôpitaux. Mercredi 28 juillet, les autorités tentent de rectifier le tir. Les principaux producteurs et les représentants des ministères de la Santé, de l'Industrie pharmaceutique, de l'Intérieur, de l'Energie et de la Défense nationale sont convoqués au Palais du gouvernement pour une réunion de crise. Les walis d'Alger, de Jijel, d'Oran et de Ouargla ont assisté à la rencontre par visioconférence. Après l'annonce de la dissolution du «Comité de veille et de suivi de la disponibilité de l'oxygène médical», la décision a été prise d'instaurer un plan d'urgence basé sur un découpage géographique du territoire national : Est, Centre, Sud, Ouest. L'objectif étant d'assurer la livraison des hôpitaux à travers les sites de production les plus proches. La coordination pour chaque région étant assurée par les quatre walis. Ainsi, chaque région est désormais alimentée par un ou plusieurs producteurs. Le Centre a droit à quotidiennement à 160 000 litres d'oxygène et le Sud à 65 000 litres, quantités qui seront assurées par Linde Gas, Calgaz Algérie et Sidal. Pour ce qui est de l'Ouest et de l'Est, ces régions seront alimentées respectivement par les sidérurgistes Tosyali et par AQS qui puisent dans l'excédent de leurs stocks d'oxygène. Reste maintenant à savoir si ce nouveau programme permettra de faire face à la très forte demande en cette période d'augmentation des cas de Covid-19. La question se pose avec acuité pour l'Ouest et l'Est, régions où de nombreux hôpitaux sont confrontés à un manque d'oxygène. T. H.