L'Algérie produit actuellement près de 430 000 litres par jour d'oxygène liquide, soit le triple de la production moyenne de 2020, selon les données du ministère de l'Industrie pharmaceutique. Le ministère de l'Industrie pharmaceutique s'attelle à mobiliser l'ensemble des moyens nationaux de production et de logistique pour assurer une disponibilité continue de l'oxygène médical au niveau des établissements hospitaliers. Le ministre du secteur, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, a jugé utile d'installer un comité de veille et de suivi de la disponibilité de l'oxygène médical et l'approvisionnement des établissements hospitaliers, en coordination avec les secteurs concernés. Ce comité a été mis en place à l'issue d'une réunion tenue lundi dernier et consacrée à l'élaboration d'un plan d'action en matière de production, de mutualisation des moyens et de disponibilité de l'oxygène médical pour l'approvisionnement des établissements hospitaliers, en riposte à la pandémie de la Covid-19. La réunion a regroupé des cadres du secteur, ceux du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et du ministère de la Santé, ainsi que les représentants des cinq producteurs d'oxygène médical actuellement opérationnels en l'occurrence, Linde Gas, Calgaz, Sidal, Ryanox et Aures Gaz. Ces sociétés ont été réquisitionnées afin de pouvoir satisfaire la demande de toutes les structures hospitalières. Pour Lotfi Benbahmed, il ne s'agit pas seulement de produire de l'oxygène, mais aussi de le transporter dans un "pays continent". Ainsi, les producteurs sont tenus d'optimiser les délais d'analyse de l'oxygène en collaboration avec l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, d'identifier un itinéraire de distribution de l'oxygène précis et définitif par chaque opérateur, d'externaliser la commercialisation des bouteilles d'oxygène des sites de production pour permettre une meilleure organisation logistique afin d'approvisionner les établissements de santé. Les producteurs ont été instruits, lors de cette réunion, à l'effet de redoubler d'effort et d'assurer une mobilisation continue de leurs unités de production et de leurs équipes pour répondre à la forte demande en oxygène médicale. De manière plus précise, Benbahmed a demandé à l'ensemble des producteurs d'assurer une meilleure coordination avec la cellule de crise installée au Premier ministère en communiquant les quantités d'oxygène produites et livrées J et J-1, le planning de distribution à J+1, le recensement des besoins réels de chaque établissement de santé livré ainsi que la cartographie de leur clientèle. L'Algérie produit actuellement, faut-il le souligner, près de 430 000 litres par jour d'oxygène liquide, soit le triple de la production moyenne en 2020, a fait savoir le ministre. Cette quantité représente près de 400 millions de litres d'oxygène gazeux. Ce qui permet de prendre en charge des dizaines de milliers de malades, a-t-il affirmé. Le ministre a annoncé, également, une hausse prochaine de la production d'oxygène liquide avec l'entrée en activité de nouveaux intervenants qui "ont quasiment fini leurs installations et qui devraient être opérationnels dans les semaines à venir". Par ailleurs, il a été convenu d'augmenter la capacité de production d'oxygène médical à travers l'apport de l'oxygène industriel après validation des services compétents de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques pour un usage médical. L'apport de l'oxygène industriel L'entreprise Tosyali vient de donner l'exemple puisqu'elle a volontairement et bénévolement annoncé une augmentation de la capacité de production de 50 000 litres d'oxygène/jour à 100 000 litres/jour. Soit une hausse de 50% de ses capacités. Selon Alep Touissi, membre du conseil d'administration de l'aciérie algéro-turque, implantée à Bethioua, l'usine s'est lancée déjà dans la fabrication de ce produit depuis plusieurs jours. "La direction de l'usine a, dans ce cadre, ratifié une convention avec le ministère de la Santé et l'unité alimentera environ 34 hôpitaux répartis un peu partout dans le territoire du pays notamment ceux d'Oran". La société de production d'oxygène liquide, Linde Gas Algérie, lui a emboîté le pas en procédant à une augmentation des quantités produites, face à la hausse des cas de Covid-19 observée durant ces derniers jours. "Dans cette situation historiquement inédite, Linde Gas Algérie, en tant qu'opérateur économique, a mobilisé la plénitude de ses ressources humaines et matérielles pour satisfaire la demande croissante des établissements sanitaires en oxygène médical, en faisant preuve d'une grande prudence et en prenant toutes les mesures nécessaires afin de répondre à leurs attentes. Toutes ces actions sont accomplies conformément à la réglementation et suivant les directives et recommandations de sécurité dans le but d'assurer nos livraisons conformément à la législation en vigueur", a indiqué un responsable de cette entreprise. Le secteur privé s'est lui aussi impliqué dans cette vaste opération de mobilisation de quantités d'oxygène. Calgaz, une société privée productrice de gaz industriel, a été réquisitionnée par le Premier ministère. "Notre entreprise a été réquisitionnée par le Premier ministère dès la veille de l'Aïd pour les quantités d'oxygène et le transport", souligne Mme Benabdeslam, une responsable de cette société. Selon elle, Calgaz produit jusqu'à 140 000 litres d'oxygène liquéfié/jour à partir de ses deux unités à Laghouat et à Ouargla. Toutes ces quantités produites sont distribuées à des partenaires comme Sidal, Linde Gaz, la cellule de veille au Premier ministère et aux hôpitaux, relève Mme Benabdeslam. L'entreprise, considérée comme l'un des leaders sur le marché national, dispose également d'une grande flotte de camions située à Ouargla, des citernes qui font la distribution de l'oxygène liquide et l'azote liquide. "Nous avons cette capacité d'aller à une production de 150 000 litres mais à cause des grandes chaleurs enregistrées à Ouargla, nous avons par précaution diminué à 140 000 litres", explique notre interlocutrice. L'autre décision prise par la tutelle a trait à la mutualisation des moyens logistiques de transport de l'oxygène médical pour assurer un approvisionnement continu et améliorer les délais de livraison des différentes structures hospitalières. Le ministère a mis l'accent en outre sur la nécessité d'établir une cartographie comprenant l'implantation des sites hospitaliers utilisateurs, mentionnant la capacité de leurs cuves ainsi que les lieux d'implantation des producteurs à l'échelle nationale. Une plateforme informatique (application) dédiée au suivi continu de la disponibilité de l'oxygène médical au niveau des établissements hospitaliers est en cours de finalisation par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales qui a invité les opérateurs ainsi que le ministère de l'Industrie pharmaceutique à participer à sa finalisation.