La rencontre organisée la semaine dernière par le ministre des Transports avec les investisseurs dans le secteur de l'aérien laisse présager une volonté d'accélérer le lancement de compagnies privées. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - C'est une rencontre singulière qui s'est tenue mercredi 28 juillet au siège du ministère des Transports. Pour la première fois dans l'histoire du secteur national de l'aérien, une réunion se tient en présence exclusive d'une dizaine d'opérateurs privés. Singulière également du fait de l'absence des compagnies nationale Air Algérie et Tassili Airlines qui sont en situation quasi-monopolistique depuis près de deux décennies. Côté officiel, Aïssa Bekkaï, le ministre des Transports, était en compagnie de Rédha Tir, le président du Conseil national économique, social et environnemental (Cnese). Selon des sources proches du département des transports, l'objectif de cette rencontre consistait à déterminer les difficultés des opérateurs privés, qui activent essentiellement dans le transport des personnels du secteur des hydrocarbures, ainsi que celles rencontrées par les nouveaux investisseurs. Notons que le secteur de l'aviation civile nationale n'a connu aucun développement depuis 2003 essentiellement à cause du scandale du groupe Khalifa. Une affaire qui a incité les pouvoirs publics à geler tout nouveau projet de compagnie aérienne privée. Pour les professionnels de l'aérien, les différentes restructurations du secteur des transports, notamment celle l'intégrant au sein d'un grand ministère des travaux publics et transport, ont été également un frein important à tout progrès. Un constat d'échec auquel il est nécessaire de rajouter le retard dans l'installation de l'Agence nationale de l'aviation civile, organisme indépendant qui est notamment chargé de faire appliquer la législation dans le domaine de la sûreté, de la sécurité et de surveillance du trafic aérien. Dès l'ouverture de la réunion, le ministre des Transports a expliqué que le choix d'encourager le développement de compagnies aériennes privées est une décision des plus hautes autorités du pays. Il a fait part de l'encouragement de l'investissement privé par la levée des obstacles administratifs et juridiques, la volonté de relance économique et de la création d'emplois ainsi que la suppression de la disparité public-privé. Mais c'est en écoutant les interventions des différents opérateurs que le ministre des Transports, qui a été nommé à la tête de ce département le 7 juillet, a pris conscience du marasme qui a conduit au blocage du développement du secteur de l'aérien ces dernières années. C'est le cas notamment de ce grand producteur de fruits et de légumes de la région de Biskra qui a décidé de créer sa propre compagnie de fret pour exporter sa production. Son objectif étant d'éviter de se retrouver dans l'obligation de faire appel à des compagnies étrangères et même à Air Algérie dont le service cargo est très peu développé. Cet investisseur a déposé sa demande en 2018 auprès de la Direction de l'aviation civile. Il a été sommé de renouveler son dossier à trois reprises mais n'a toujours pas obtenu l'autorisation de créer sa compagnie. Un autre opérateur a relevé que la réglementation accorde des autorisations pour louer des avions d'occasion mais qu'elle impose aux compagnies d'acheter des avions neufs. Une mesure qui est considérée comme une aberration par les professionnels du secteur de l'aérien. Un investisseur engagé dans la création d'une compagnie d'envergure continentale en partenariat avec un groupe leader dans le transport low-cost dans le cadre de la règle 51-49% a mis en avant les entraves mises en œuvre par la Direction de l'aviation civile. Il a notamment fait part de la volonté de participer au développement du projet de hub aérien africain annoncé par le président de la République dans une de ses interventions. Lors des débats, la question de la base de maintenance d'Air Algérie, qui a coûté 200 millions de dollars US à l'Etat algérien, a été évoquée. Ce centre, qui comprend des ingénieurs et des techniciens aux compétences reconnues, n'est utilisé qu'à 25% de ses capacités, faute d'une stratégie marketing adaptée. Air Algérie n'est pas parvenue à décrocher de contrat avec des compagnies étrangères pour assurer le suivi technique de leurs appareils. Actuellement, en Afrique, les pays leaders en la matière sont le Ghana et le Sénégal. Les participants ont noté la volonté du ministre des Transports d'aplanir les difficultés pour la relance de ce secteur. Aïssa Bekkaï a demandé à chaque opérateur de formuler des propositions pour lever les entraves bureaucratiques. T. H.