Les habitants de Sidi Bennour au Maroc sont sortis, ce samedi, dans la rue pour dénoncer la «hogra» dont a été victime un jeune homme qui s'était immolé par le feu et est décédé plus tôt le matin, ont rapporté hier dimanche des médias locaux. Le prénommé K. Yassine, 26 ans, s'était immolé par le feu le 28 juillet dernier, pour protester contre la saisie de sa charrette et sa marchandise par les autorités locales, selon les mêmes sources. Des centaines de manifestants, habitants de Sidi Bennour, dont des jeunes, hommes et femmes, ont convergé vers le centre-ville. Citant un proche du défunt, les médias ont rapporté que Yassine qui subvenait aux besoins de sa famille, «est victime du manque d'emploi et du manque de médicaments». Au Maroc, les vendeurs à la sauvette sont souvent pris pour cible par les services de sécurité. Vers le 17 juillet, la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo documentant la saisie par les pouvoirs publics de la marchandise d'un vendeur ambulant a déclenché une vague de colère et de ressentiment parmi l'opinion publique au Maroc, où les militants sur les sites de réseaux sociaux ont exprimé leur rejet d'un tel comportement. Cet incident n'est pas nouveau au Maroc. Le 28 octobre 2016, un commerçant poissonnier Mohcine Fikri, avait été broyé dans une benne à ordures alors qu'il tentait de s'opposer à la saisie de sa marchandise par la police. Ce drame a été l'élément déclencheur du mouvement populaire du Rif (Hirak) qui concerne principalement la population rifaine d'Al Hoceïma, de Nador, de Berkane et de leurs régions. Raïssouni, 4e mois de grève de la faim Au plan des libertés et des droits de l'Homme, Soulaimane Raïssouni poursuit sa grève de la faim, depuis quatre mois, il risque de mourir s'il n'est pas transféré au plus vite à l'hôpital. Mais sa demande a été refusée. Le journaliste marocain Soulaimane Raïssouni, dont l'état de santé s'est gravement dégradé, poursuivait samedi sa grève de la faim entamée il y a plus de 120 jours, et sa demande à être transféré à l'hôpital a été refusée par l'administration pénitentiaire sous prétexte que les hôpitaux sont surchargés avec des patients atteints du Covid-19. Dans un tweet, Hadjer Raïssouni, journaliste également, a indiqué samedi, dans un tweet, que son oncle Soulaimane «n'a pas mis fin à sa grève de la faim et n'a pas encore été transféré à l'hôpital», l'administration pénitentiaire lui invoquant l'«absence de place au sein de l'hôpital Ibn-Rochd, submergé par les malades Covid-19». Soulaimane Raïssouni, récemment condamné à cinq ans de prison pour ses opinions acerbes à l'encontre du régime marocain, avait demandé la semaine passée, à être hospitalisé pour mettre fin à sa grève de la faim. «Il est d'accord pour suspendre sa grève de la faim mais son état de santé est tellement grave qu'il a besoin d'être hospitalisé», selon son avocat Me Miloud Kandil. Depuis plus de quatre mois, le journaliste refuse de s'alimenter pour protester contre une «grande injustice». Ces derniers jours, son état de santé s'est «détérioré» après un malaise : «Il avait perdu conscience, il était dans une situation hideuse. Je l'ai vu lundi, j'avais l'impression de parler avec un cadavre», avait souligné mardi dernier Me Kandil. Récemment, plus de 350 personnalités marocaines et étrangères ont appelé l'éditorialiste à mettre fin à sa grève de la faim. Après sa condamnation, plusieurs ONG dont le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF), ont appelé à sa libération «immédiate». R. I./APS