Les Jeux de Tokyo terminés, Paris-2024 a repris le flambeau olympique, mais les regards se tournent aussi vers la prochaine grande compétition internationale, le Mondial-2022 au Qatar, avec une double thématique : l'incertitude Covid-19 et l'image dégradée qui colle à la peau de l'émirat. Quel sera l'état de la pandémie dans un peu plus d'un an, à l'approche de cette première Coupe du monde au Moyen-Orient ? Impossible d'y répondre, mais une certitude: contrairement aux JO de Tokyo, qui se sont déroulés sans public, les organisateurs qataris promettent des stades pleins. Il pourrait s'agir d'une première pour un événement sportif de cette ampleur dans l'ère du Covid-19 si les Jeux olympiques d'hiver de Pékin se déroulent aussi à huis clos, en février 2022, comme l'a suggéré un responsable du Comité international olympique (CIO). «Quoi qu'il arrive, je m'attends à ce que nous ayons des supporters, y compris des étrangers, dans les stades», affirme Danyel Reiche, professeur associé à l'université de Georgetown au Qatar. Ces derniers mois, le Qatar a déjà organisé plusieurs événements sportifs — certes de moindre importance, —argue-t-il. A son crédit, le petit émirat gazier a récemment servi de centre de vaccination pour les athlètes olympiques se rendant à Tokyo, et également accueilli l'équipe de réfugiés qui a participé à ces JO. Prenant date, le Qatar s'est déjà engagé, dans l'optique du Mondial-2022, à obtenir un million de doses pour les supporters non-vaccinés. À ce stade, le détail de ce programme n'est pas connu, mais des responsables de Qatar-2022 se sont rendus à Tokyo pendant les Jeux pour observer l'organisation sanitaire des épreuves. «Tokyo a été un succès partiel (...) avec peu d'opposition aux restrictions en vigueur parmi les personnes présentes», affirme Simon Chadwick, directeur du Centre sportif eurasien d'Emlyon Business School, l'école de commerce lyonnaise. «Le Qatar ferait bien de suivre et d'affiner ces procédures», avec une «grande différence bien sûr: la présence de spectateurs», ajoute-t-il. Droits des travailleurs À ce jour, le petit pays foisonne par ailleurs toujours de chantiers de construction. Et son dirigeant, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a reconnu que la pandémie avait causé un retard «très limité» pour certains projets d'infrastructure. «Les préparatifs (...) seront tous terminés dans les mois à venir», a-t-il toutefois souligné à propos d'un tournoi dont les responsables espèrent qu'il rapportera environ 20 milliards de dollars (17 M EUR environ) à l'économie du Qatar. La construction de ces stades et autres infrastructures est accompagnée de critiques récurrentes sur des violations des droits humains, à l'encontre des centaines de milliers d'ouvriers et travailleurs pauvres venus d'Afrique et d'Asie. Dans un geste de défiance, plusieurs sélections européennes ont affiché leur soutien aux droits humains avant les matchs de qualification pour la Coupe du monde, notamment la Norvège et l'Allemagne. Doha reconnaît que des efforts restent à faire mais se targue d'avancées sociales inédites dans la région du Golfe. «La vitesse du changement ne suffira pas à convaincre certains détracteurs», regrette M. Chadwick. En février, le Qatar a farouchement démenti les informations du quotidien britannique The Guardian chiffrant à plus de 6 500 le nombre de travailleurs migrants morts au Qatar depuis l'attribution en 2010 du Mondial.