«La crise de la farine » réside en fait dans la perturbation des circuits de distribution et pas dans la pénurie de la farine. Selon les données de la tutelle, « les minoteries bénéficient d'importantes quantités de blé tendre, estimées à 317 000 quintaux, destinées à produire 24 000 quintaux de farine. Sur cette quantité, 5 100 quintaux sont dirigés en permanence vers les boulangeries et 432 moulins à travers le territoire national sont en production». Leila Zaimi - Alger (Le Soir) - La farine est disponible en quantité suffisante au niveau des minoteries publiques et privées. En plus, le problème du stock sera réglé, donc, pas de pénurie de cette matière essentielle, au moins pour les 5 prochains mois. Par contre, c'est le réseau de distribution de la farine qui connaît, depuis des semaines, des perturbations. En effet, certains boulangers ne s'approvisionnent pas auprès des minoteries, mais préfèrent se ravitailler chez les distributeurs et les commerçants grossistes. La raison ? C'est surtout pour ne pas facturer leurs achats, mais pas uniquement. Les commerçants de gros offrent beaucoup d'avantages aux boulangers, notamment en matière de paiement. Ce sont les explications de Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca). Profitant de cette occasion, notre interlocuteur rappelle et pointe du doigt la politique de la subvention actuelle. Celle-ci doit changer, d'après lui. La subvention, dit-il, doit être dans l'intérêt des citoyens en premier lieu, pas des grands industriels qui en profitent pour s'enrichir. Boulenouar précisera que son association n'appelle pas à la suppression de la politique de subvention introduite par l'Etat pour aider le simple citoyen, mais de la réviser. Dans ce contexte, il indique que «si nous ne réglons pas ce problème, les pénuries de farine, de lait et d'autres aliments se répéteront chaque année. L'expérience le montre bien». D'autre part, le porte-parole des commerçants et artisans s'interroge sur la production actuelle du blé en Algérie et la politique d'importation. «Pourquoi sommes-nous toujours un pays importateur des céréales alors que nous avons les moyens nécessaires pour assurer la demande locale et aller même vers l'exportation ? C'était le cas, il y a des années. C'était l'Algérie qui alimentait l'Europe en céréales», a-t-il soutenu. Amer Omar, président de la commission nationale des boulangers au sein de l'Anca : «nous devons réorganiser le secteur » Le porte-parole des commerçants boulangers au sein de l'Anca assure, lui aussi, qu'actuellement, la farine est disponible au niveau des minoteries par rapport au mois passé. «Il y a trois semaines environ, nous avons enregistré une baisse de production de la farine. Beaucoup d'employés partent en congé. C'est pour cela que la production a été perturbée. Mais après les instructions du ministère du Commerce, la production semble se réguler», explique-t-il au Soir d'Algérie. Et d'enchaîner : «Oui, la farine est disponible, mais pas en grande quantité. Les moulins ne vendent plus en grande quantité comme avant. Beaucoup de boulangers doivent s'inscrire sur les listes et attendre leur tour. Du coup, les boulangers se trouvent obligés de diminuer leur production journalière, ce qui engendre une pénurie de pain». Les boulangers préfèrent s'approvisionner auprès des grossistes et pas des moulins, pourquoi ? Notre interlocuteur répond : «Les boulangers évitent la facturation parce que la marge bénéficiaire est très faible, notamment avec les prix de la farine qui ont augmenté. Parce que les autres ingrédients de préparation du pain flambent. Ajoutez à cela la pénurie d'eau.» Pour le représentant des boulangers, «les boulangers sont en crise. C'est pour cela que certains agissent illégalement». La crise de la farine est une opportunité, selon le membre de l'Anca pour réorganiser et régler les problèmes du secteur. Il dévoile que son association a fourni un dossier à la tutelle portant sur les points essentiels à revoir. Entre autres, la proposition d'une étude technique sur le prix du pain. «Nous voudrions que le pain se vende uniquement au niveau des boulangeries et pas n'importe où. C'est-à-dire sur le trottoir ou en alimentation générale.» L'«objectif majeur est d'organiser le secteur et faire sortir les boulangeries de la crise qu'elles traversent depuis des années» conclut-il. L. Z.