Tension n Alors que les responsables des Coopératives de céréales et de légumes secs (Ccls) affirment avoir distribué les mêmes quotas de blé que d'habitude aux minotiers, ces derniers ne sont pas en mesure de répondre à la demande des boulangers. Le président de l'Association des boulangers de la wilaya de Relizane, Djeloul Zerkaoui, a précisé que depuis un certain temps, des boulangers ont été obligés de recourir aux dépositaires pour surmonter cette crise. A Blida, Oran, M'sila, Relizane, ils sont nombreux à vivre cette période de tension qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Quelle est l'origine de cette crise et à quel niveau se situe la faille ? «Le pain manquait depuis quelques jours, la farine aussi... Les 10 minoteries privées de notre localité sont en crise et les minotiers craignent le pire», déclare M. Zerkaoui. Conséquence immédiate : le prix de la farine a été revu à la hausse. Si le prix de la levure est soumis à la loi de l'offre et de la demande, le prix de la farine panifiable, subventionnée par l'Etat, est en revanche fixé officiellement à 2 000 DA le quintal. Or, ce prix n'est pas respecté et, de l'avis de notre interlocuteur, en temps de crise, les boulangers sont contraints de payer le quintal jusqu'à 2 200 DA sans compter les frais de transport une fois le produit sorti de l'usine, aussi bien chez les minotiers que chez les grossistes. Le représentant des boulangers ira jusqu'à accuser certains minotiers qui profitent de cette situation pour augmenter le tarif de ce produit, mettant ainsi les boulangers devant le fait accompli. «C'est à prendre ou à laisser !» Pis encore, il fustige certains minotiers qui ne déclarent pas la facture réelle livrée aux boulangers. Et ce n'est pas tout. La pénurie a ouvert la voie à tous types de pratiques spéculatives... Notre interlocuteur ne manque pas de dénoncer les revendeurs de ce produit de première nécessité, destiné exclusivement à la fabrication du pain. «Chacun y va de son prix !», note-t-il. A Oran, nous avons appris que les boulangers ont été obligés de payer le quintal jusqu'à 2 400 DA. Certains minotiers ont profité de cette crise pour écouler d'importantes quantités de blé tendre à l'état brut, réduisant ainsi leur production au détriment de la demande des boulangers qui devient de plus en plus forte. Face à cette pénurie stratégique découlant d'une mauvaise gestion en matière de distribution de blé ou alors d'un déficit au niveau du contrôle dans la filière, beaucoup de commerçants ne s'en sortent plus. «Certains boulangers ont même fait faillite et d'autres ont baissé rideau», indique M. Zerkaoui. «Ce sont plus d'une cinquantaine de boulangers qui ont baissé rideau à Relizane. Certaines communes, telles que Kelaâ, Meryama, Bendaoud, sont sans boulanger... Les habitants de ces localités sont contraints de parcourir des kilomètres pour acheter leur pain», révèle-t-il. Joint par téléphone, Abdelkader Gharbi, président de l'Association des boulangers de la wilaya de Mascara, précise qu'il n'y a pas eu de pénurie. Les boulangers s'approvisionnent essentiellement au niveau de la minoterie Eriad. Cette crise est due, selon lui, essentiellement à des perturbations engendrées par des dérèglements dans l'approvisionnement, notamment les jours fériés : l'Aïd, le 1er Novembre, périodes durant lesquelles la coopérative ne les approvisionne pas.