Les provocations marocaines se poursuivent, lancées par les mêmes centres qui ont fini par mener à la rupture des relations entre Alger et Rabat et confirmant, si besoin est, le jeu dangereux auquel ils se livrent en direction de la Kabylie. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ces provocations sont encore le fait de l'ambassadeur du Maroc aux Nations-Unies. Au cours de la semaine écoulée, et lors d'une réunion organisée par le comité spécial chargé du dossier de la décolonisation des Caraïbes, Omar Hilal a de nouveau évoqué la Kabylie dans une réponse à l'ambassadeur algérien qui venait d'achever une intervention dans laquelle il rappelait que la question de la décolonisation du Sahara Occidental était inscrite depuis 1963 à l'ONU. «Il semble oublier que dans son propre pays, il y a des populations qui réclament le droit de pouvoir bénéficier de l'autodétermination», dit-il. Sa déclaration est suivie de propos plus graves puisqu'il réclame la présence du MAK aux réunions du comité spécial sur la décolonisation. Il faut savoir que Omar Hilal est un élément très important dans l'échiquier diplomatique mis en place par Mohammed VI pour la gestion du dossier du Sahara Occidental à l'échelle internationale. Comme Nacer Bourita, chef de la diplomatie marocaine (et tout le reste du personnel politique marocain d'ailleurs), il applique strictement les ordres en provenance du palais royal. Sa nouvelle intervention annule, écrase même la dernière sortie publique du chef du gouvernement marocain, Saâd-Eddine El Athmani, à travers laquelle il tentait de tempérer la première déclaration de Omar Hilal. En juillet dernier, et lors d'une réunion des non-alignés, il avait évoqué «le droit à l'autodétermination de la Kabylie» et distribué une carte d'Algérie amputée de ce territoire. Cette nouvelle provocation, grave, a été considérée par l'Algérie comme étant la goutte qui a fait déborder le vase et précipité la décision de rompre les relations avec ce pays animé d'intentions hostiles dévoilées au grand jour. Avant l'annonce de sa décision, Alger avait toutefois réclamé à Rabat de clarifier publiquement sa position, ce qui n'avait pas été fait. Quelques jours après l'annonce du Haut conseil de sécurité (HCS), le Premier ministre marocain est intervenu pour se désoler de la décision algérienne et «expliquer» qu'il s'agissait d'une «réaction verbale de Omar Hilal et non pas d'une décision politique». Ces «explications», il faut le dire, ont été livrées dans un contexte marqué par de grands shows savamment organisés aux frontières et sur les réseaux sociaux pour décrier la rupture des relations entre les deux pays. L'intervention du chef du gouvernement marocain en faisait-elle partie ? Très probablement puisque Omar Hilal, beaucoup plus puissant que lui dans la hiérarchie «makhzenienne», est à son tour intervenu pour rétablir la situation à son origine. Pour apporter aussi cette confirmation qu'Alger attendait. Elle clarifie de ce fait les intentions du Maroc à l'égard de la Kabylie et confirme, si besoin en est, tout ce que dit Alger au sujet des manipulations en direction de cette région. Très loquace depuis l'émission d'un mandat d'arrêt à son encontre, le responsable du MAK n'a, de son côté, jamais nié toutes les accusations portées à son encontre au sujet de ses accointances avec le Maroc. Dans ce contexte très tendu, Ferhat Mehenni a même pris position avec Rabat puisque, déclarait-il dernièrement, «l'Algérie s'en est prise à son organisation et allumé le feu en Kabylie, après l'annonce du soutien marocain au MAK». Ces propos semblent toutefois avoir très peu d'effets dans la région concernée où le MAK, classé organisation terroriste, se trouve désormais totalement isolé. A. C.