Serait-ce le début de la fin de la mafia du sport ? Le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports Abderrazak Sebgag serait-il «missionné» pour assainir un secteur gangrené par les scandales induits par la mauvaise gestion et la cooptation ? En peu de temps, deux mois exactement, et depuis sa prise de fonctions en remplacement de Sid-Ali Khaldi, le nouveau locataire du bâtiment de la place du 1er-Mai (Alger) semble prendre le taureau par les cornes et s'attaque frontalement aux problèmes dont souffre le secteur du sport et de la jeunesse en Algérie. Il faut dire que cette «œuvre» de salubrité publique a été facilitée par la succession des échecs de nos sportifs dans les compétitions planétaires majeures, à l'exemple des JO de Tokyo durant lesquels l'Algérie n'a récolté que les désillusions, suscitant une levée de boucliers de tous les «viviers silencieux» du MSN, mais pas seulement. Les performances de nos handicapés aux Paralympiques de Tokyo qui ont pris fin hier ont été suffisantes pour enfoncer davantage les fossoyeurs du sport national qui, contrairement aux sportifs qui souffrent de déficiences physiques, sensorielles ou intellectuelles mais du manque de soutien matériel et moral, bénéficiaient de largesses des pouvoirs publics et des mass media réunis. Le mauvais traitement et l'accueil calamiteux de nos handisports qui étaient de retour de Japon ornés de médailles, titres et records, a choqué. Encore plus que les déceptions générées par les athlètes normaux lors des précédentes manifestations sportives. A telle enseigne que la tutelle s'est sentie dans l'obligation de réagir. Hier, le nouveau patron de la jeunesse et des sports s'est présenté devant les journalistes venus lui rappeler la triste réalité du sport et des sportifs. Sans verser dans la fatalité, M. Sebgag a exprimé son dégoût et a annoncé des sanctions à l'encontre d'une dizaine de fédérations sportives dont la gestion n'a pas été des plus «académiques». Labane aux «arrêts», Mecherara relevé de ses fonctions ! Ainsi, le ministère de la Jeunesse et des Sports a décidé de porter les affaires de mauvaise gestion et de dilapidations des moyens destinés au sport et les sportifs à d'autres fins devant les tribunaux. Douze fédérations seraient concernées par ce passage aux aveux devant la justice. Il semble bien que des personnalités sportives relevant des instances fédérales et du COA soient impliquées dans les dossiers que le MJS présentera aux juges. Des cadres du département ministériel de la jeunesse et des sports figurent également parmi les personnes que la justice sollicitera comme témoins ou prévenus. Parmi les décisions immédiates prononcées par le département du ministre Abderrazak Sebkak, la suspension à titre provisoire de la Fédération algérienne de handball, Habib Labane. Le MJS invoque l'implication du patron de la FAHB dans une affaire de mauvaise gestion. Dans un autre registre, Mohamed Mecherara, conseiller particulier du président de la FAF a été démis de ses fonctions au sein de la commission mixte MJS-FAF chargée de débattre de la question du professionnalisme dans le football. L'ancien président de la LNF sera remplacé par un cadre du ministère, apprend-on. Appel au calme Assurant que «ce qui a été détruit en 50 ans ne peut être restauré en deux mois», M. Sebgag interpellera certaines personnalités du sport à faire preuve de maîtrise de soi lorsqu'elles ont à faire des déclarations, citant nommément le sélectionneur national de judo, Amar Benyekhlef, et l'ancien ministre des Sports, Raouf-Salim Bernaoui. «Ces déclarations perturbent notre démarche», fera savoir le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports. Dans son réquisitoire, M. Sebgag s'est dit «surpris» de la décision de son prédécesseur à tenir coûte que coûte les assemblées générales électives à quelques mois seulement d'une manifestation planétaire importante comme les JO. Une opération de renouvellement qui, selon lui, a dilué les responsabilités des échecs de nos sportifs à Tokyo, les nouveaux présidents se déclarant non-responsables alors que les vrais responsables ne sont plus, pour la majorité, en poste. Parmi les autres actions que Sebgag compte opérer sur son secteur, et sur le plan juridique, il annoncera que son département tranchera le nouveau décret sur le cumul des fonctions, contenu dans l'article 13/05, avant la fin de ce mois de septembre. Il indiquera que ce décret pourrait connaître quelques «modifications» dans son contenu laquelle sont en mesure de garantir les droits des uns et des autres. Evoquant l'avenir, M. Sebgag se montrera optimiste quant à la tenue, dans les délais, des JM d'Oran signalant toutefois que des retards dans la réalisation de quelques infrastructures. Il reviendra sur la gestion de la pandémie dans le secteur des sports et reconnaîtra que la «situation a été mal gérée» estimant, toutefois, «que cela (la pandémie, ndlr) ne justifie pas tout». L'actualité sportive marquée par de nombreuses affaires dans lequel le sportif fut la principale victime a également fait réagir le ministre qui, concernant le traitement des sportifs, a promis une égalité entre tous athlètes et dirigeants, handicapés compris. Il répondra à la question relative aux relations de son département avec le Comité national sportif olympique en disant qu'elles sont «excellentes». Evoquant la relation avec la FAF, M. Sebgag a affiché son optimisme sur le devenir de l'activité footballistique en Algérie invitant, d'autre part, la fédération à œuvrer pour l'organisation des assemblées générales des ligues, entre autres la LFP. Le ministre a conclu son intervention en renouvelant l'engagement de l'Etat dans l'accompagnement du sport et des sportifs, insistant sur le fait que les pouvoirs publics sont là pour contrôler l'argent du sport sans oublier d'avouer que le progrès dans ce secteur passe par une meilleure organisation en optant pour un schéma moins bureaucratisé, plus souple et plus efficace. M. B. Reprise des compétitions sportives et retour du public dans les arènes Les précisions de Abderrazak Sebgag Interpellé sur la question de la reprise des manifestations sportives en Algérie, le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports a souligné qu'il attend le «feu vert» des autorités supérieures du pays. «Nous avons alerté les autorités supérieures pour la réouverture des installations sportives et la reprise des manifestations sportives, le Premier ministère notamment, et nous attendons sa réponse qui ne saurait tarder», a confié M. Sebgag qui a indiqué que cette reprise pourrait se faire en présence du public à condition que les fans soient vaccinés. Il est à rappeler qu'une large campagne de vaccination est menée au sein des structures et des associations sportives, notamment parmi les personnels (joueurs, entraîneurs et dirigeants) des clubs de la L1. M. B.