Mourad Meziane, le Directeur technique national (DTN) de boxe depuis plus d'une décennie, a décidé de se retirer de son poste, car, il estime, qu'il ne peut pas travailler avec l'actuel président de la Fédération algérienne de boxe. Pour quelles raisons ? Réponses dans cet entretien. Le Soir d'Algérie : Vous n'êtes plus le DTN de boxe, pourquoi ? Mourad Meziane : Je me suis retiré de ce poste pour la simple raison que je n'ai pas accepté que le nouveau président de la fédération s'immisce dans le volet technique. Il est arrivé avec un esprit frondeur en croyant représenter la boxe à lui tout seul, et je ne pouvais pas supporter son ingérence dans mon travail. J'avais déjà eu des problèmes avec l'ancien ministre des Sports, M. Bernaoui qui m'avait relevé de mes fonctions, sans aucune raison, puis j'avais été réhabilité et avait entamé la préparation de l'EN, puisque nous avions réussi à qualifier 8 boxeurs pour les Jeux olympiques de Tokyo. Justement, leur participation a été un fiasco avec zéro médaille, comment l'expliquez-vous ? Personnellement, je ne me suis pas déplacé à Tokyo pour les JO et si les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes, c'est à cause de l'ingérence du président de la fédération. Pourtant, nos athlètes se sont bien préparés en Hongrie, en Turquie, en Ouzbékistan et en Ukraine. Je considère que sur le plan technique et tactique, nos boxeurs ont été bons. Mais ils n'ont pas dépassé le premier tour ? D'abord, le tirage au sort leur a été très défavorable puisqu'ils se sont retrouvés, dès le premier tour, à affronter des anciens médaillés mondiaux et olympiques. Ensuite, sur le plan tactique, on devait faire un travail d'analyses alors que nos athlètes séjournaient en Russie. Je devais me déplacer là-bas pour effectuer ce travail d'analyses des forces et des faiblesses de tous nos potentiels adversaires, mais le président de la fédération s'est opposé à mon voyage. Ensuite, à la veille du départ pour Tokyo, il a écrit au MJS pour lui demander de remplacer le DTN par un entraîneur. Alors, il enlève le premier responsable technique pour le remplacer par un entraîneur et le pire c'est que ce dernier n'a pas pu accompagner les boxeurs parce qu'il n'avait pas d'accréditation ministérielle. Ce qui fait que nos pugilistes se sont rendus aux JO diminués avant même le début de la compétition, surtout sur le plan psychologique. Regrettez-vous d'avoir été empêché de conduire nos boxeurs aux JO ? Oui, parce que j'ai deux olympiades à mon actif et je connais la difficulté de participer à ce tournoi. Je pensais vraiment faire part de mes compétences et de mon expérience. Et quand j'évoque l'ingérence, la goutte qui a fait déborder le vase, c'est le 22 juillet dernier quand le tirage au sort des JO a été effectué. J'ai été sollicité par la Radio nationale, Chaîne 3 pour donner mon avis sur nos chances, et j'ai répondu aux questions du journaliste. En rentrant à la fédération, le président m'adresse un questionnaire et me reproche de m'être exprimé face à la presse sans le consulter auparavant et en ajoutant que c'était-là un dernier avertissement. Alors, j'ai décidé de me retirer sur le champ. Et maintenant ? J'ai pris mon congé et j'attends la fin du mois de septembre pour voir comment vont évoluer les événements et il se pourrait même que je change de fédération, car il m'est impossible de travailler avec l'actuel président. Vous envisagez d'intégrer une fédération d'un sport de combat ? Oui, cela semble absurde car je totalise 23 ans de présence au sein de la fédération de boxe et j'occupe la DTN depuis 2009. Mohamed Flissi nous a déclaré que la préparation n'a pas été à la hauteur, qu'en dites-vous ? Le vrai problème, c'est que la pandémie a été mal gérée. Flissi ainsi que les autres sont restés sept mois sans boxer à cause du confinement. C'est une interruption trop longue pour espérer un bon résultat. Pour conclure ? Je suis déçu par rapport aux JO car on avait des chances d'obtenir des médailles, que ce soit pour les garçons ou pour les filles, mais les problèmes au niveau de la fédération ont été dévastateurs. Le mandat de 2017 à 2021 a été catastrophique alors que cette génération de pugilistes méritait au moins une médaille. Propos recueillis par Hassan Boukacem